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Ce Que Nous Devons Aux Juifs

 

Par Guy Millière

11 septembre 2010,

http://www.drzz.info/article-ce-que-nous-devons-aux-juifs-par-guy-milliere-56752868.html

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Alors que se fête le nouvel an juif, comme une façon de souhaiter une bonne année 5771 à tous mes lecteurs juifs, et comme une façon d’expliquer aux autres quelques-unes de mes positions essentielles, je dirai ici que j’ai conscience, à chaque instant, de ce que l’humanité doit à la culture et au peuple juif, et que j’ai cette conscience depuis longtemps.  

J’en suis venu à m’intéresser à la culture juive par la découverte de l’antisémitisme et des ignominies auxquelles il avait conduit. De Primo Levi et Elie Wiesel, je suis passé à la lecture des œuvres de Léon Poliakov. Les œuvres de Léon Poliakov m’ont conduit à tenter de déchiffrer ce que détestaient les antisémites, et j’ai trouvé des éléments importants chez Winston Churchill qui, dans « The World Crisis », l’ouvrage qu’il a consacré à la Première Guerre Mondiale, parle de la Loi, et de ce que « nous devons aux Juifs » : « un système d’éthique qui, même s’il était entièrement séparé du supranaturel, serait incomparablement le bien le plus précieux de l’humanité, plus précieux que les fruits de toute la sagesse pris ensemble ».

Winston Churchill m’a conduit à relire Léo Strauss, chez qui j’ai appris la philosophie du Droit, et à découvrir l’un de ses livres, « La persécution et l’art d’écrire », où il est beaucoup question de Moïse Maïmonide.  

La découverte de la pensée de Moïse Maïmonide m’a conduit vers la pensée juive : « La philosophie du judaïsme » de Julius Guttman, puis des textes de Mordecai Kaplan, Abraham Joshua Heschel, Joseph Soloveitchik.  

Sachant que mes lecteurs ne pourront pas tous consacrer des années à l’étude, si je devais ne leur conseiller qu’un seul livre aux fins de comprendre, je leur conseillerais, cela dit, le volumineux mais passionnant ouvrage d’un auteur qui, comme moi, n’est pas juif : Paul Johnson. L’ouvrage s’appelle « A History of the Jews ». Il existe en édition française, je crois, mais je l’ai lu, et le relis en anglais. C’est l’ouvrage d’un historien. C’est un ouvrage lumineux, passionnant, impeccable en termes d’érudition, et c’est un livre imprégné vis-à-vis du peuple juif, du seul amour qui vaille à mes yeux : un amour lucide et pleinement fondé.  

Je ne puis faire mieux que citer Paul Johnson, qui va dans le même sens que Winston Churchill : « Le judaïsme explique que l’être humain doit être traité avec respect et dignité, et on lui doit l’émergence de ces idées en  tant que principes ». Puis : « Toutes les grandes découvertes de l’intelligence semblent évidentes une fois qu’elles sont révélées, mais il faut un génie tout particulier pour les formuler pour la première fois. Le peuple juif est porteur de ce génie ».

 

« Nous lui devons l’idée d’égalité devant la loi, divine et humaine, l’idée du caractère sacré de la vie, de l’individualité de la conscience et donc de la rédemption personnelle, de la paix en tant qu’idéal abstrait, et de l’amour en tant que fondement de la justice, mais aussi la plupart des autres éléments qui constituent le dispositif éthique fondamental de l’être humain. Sans les Juifs, le monde serait un endroit bien plus vide ».   

Je parlerai de ce qui m’attache à Israël dans un autre texte. Mais d’une même façon que je suis un ami indéfectible d’Israël, parce que je connais l’histoire d’Israël, je tenais à dire en ce moment précis, qu’en un temps trouble où l’antisémitisme remonte de divers côtés, j’entends plus que jamais être un ami fidèle du peuple juif : parce que je connais l’histoire du peuple juif. Et parce que je sais ce que tous les hommes aspirant à vivre dignement, partout sur terre, doivent au peuple juif.   

 

Je sais qu’il faut être très vigilant.  

Je sais aussi, et je tiens à l’écrire, que les ennemis du peuple juif ne peuvent triompher, car ce qu’ils haïssent au travers de leur haine des Juifs est ce qui constitue cela précisément : « le dispositif éthique fondamental de l’esprit humain ».  

Je sais que sans ce dispositif, l’esprit humain se perd, et, avec lui, l’humanité elle-même.