www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
Ils ont du sang sur
les mains
Par Guy Millière pour www.Dreuz.info
25 mars 2012
Il est d’autres sujets dont j’entends traiter dans les jours
à venir. La déstabilisation de l’Afrique subsaharienne en raison des armes
venues des arsenaux du régime Kadhafi, l’approfondissement de l’hiver islamique
en Egypte, la poursuite du lent effondrement de la zone euro ou la captation
par décret de divers pouvoirs par Obama.
Pour l’heure, le dégoût et la révolte que je ressens sont
trop profonds. La tuerie de Toulouse continue à m’empêcher de dormir et de
penser vraiment à autre chose. Après avoir délibérément égaré les esprits en
évoquant la piste de l’extrême droite, la bien pensance ambiante vient nous
répéter sans cesse les vertus de l’islam et, puisqu’elle doit traiter du cas de
l’infâme déjection appelée jusque voici quelques jours Mohamed Merah, vient
repeindre celui-ci sous les traits d’un « fou », d’un jeune homme égaré, d’un «
loup solitaire » quelquefois. La bien pensance vient nous dire aussi qu’il
n’était pas possible d’arrêter Merah avant qu’il ait assassiné, et ajouter que
nous sommes dans un Etat de droit qui respecte la présomption d’innocence.
Allons…
Est-il si difficile désormais de dire que Merah a été un
assassin raciste dont la conduite a été digne de celle des pires SS pendant la
Deuxième Guerre Mondiale ? Est-il difficile de dire que Merah a été un
antisémite de la pire espèce ? Ne pourrait-on, au moins, respecter le deuil des
familles de ses victimes ? Ne pourrait-on dire que si les assassinats de
soldats ont été lâches et ignobles, l’assassinat d’un rabbin et de trois
enfants simplement parce qu’ils sont juifs, dans une école, est un acte d’une
ignominie absolue et l’incarnation du mal à son plus haut degré d’intensité ?
Ne pourrait-on dire que cela suffit ? C’est à vomir. On fait quasiment un héros
d’un non être qui souillerait la fosse commune dans laquelle on pourrait
envisager de le jeter, et on convoque des psychologues et des psychiatres pour
gloser sur son cas.
Quant à la présomption d’innocence, précisément : il
faudrait en parler à tous ceux qu’on a emprisonnés à tort ou sur la base de
l’intime conviction d’un juge façon Fabrice Burgot.
Pour l’état de Droit : un pays qui mérite infiniment
davantage cette appellation que la France aujourd’hui, les Etats-Unis, avait
placé Merah sur la liste des personnes indésirables et dangereuses. La justice
américaine savait que Merah avait été formé au djihad, avait eu des activités
terroristes en Afghanistan, y avait été emprisonné et s’était évadé grâce aux talibans,
elle avait transmis les informations aux services français : et on voudrait
nous faire croire que les services français en question ont vraiment cru que
Merah était en Afghanistan pour faire du tourisme ? De qui se moque-t-on ?
Pour le « loup solitaire » : on sait que le frère aîné de
Merah, Abdelkader, organisait des filières de passage de combattants
djihadistes vers le Proche-Orient, et on voudrait nous inciter à imaginer que
lui, le petit frère, se débrouillait par ses propres moyens ? Des moyens qui
lui permettaient de louer plusieurs voitures en même temps et de se procurer
tout un arsenal. De qui se moque-t-on encore ? Merah aurait dû être arrêté il y
a longtemps, les chefs de mise en examen existaient : il y a eu bien pire que
du laxisme. Nicolas Sarkozy vient de faire des propositions destinées à
permettre de s’occuper sérieusement de ceux qui font du « tourisme » là où
Merah a prétendu en faire, ce qui est bien, mais vient vraiment très tard.
Merah n’aurait pas dû pouvoir commettre quinze crimes de droit commun et être
encore en liberté. Dans plusieurs Etats américains, au bout de trois crimes,
c’est la perpétuité réelle. Des gens en France sont en prison pour des motifs
infimes, et des Merah sont en liberté, car, ne nous y trompons pas, il y en a
d’autres. Et ne nous y trompons pas non plus, il y aura d’autres morts.
Nous sommes dans un pays où la justice est dévoyée, où la
police est, souvent, dévoyée aussi. Nous sommes dans un pays où les politiciens
imprégnés de dignité se font rares et n’ont aucune chance de gagner les
élections. Nous sommes dans un pays où des innocents sont incarcérés, et des
criminels en liberté. Nous sommes dans un pays où la parole n’est plus libre et
se trouve confisquée par une nomenklatura totalitaire qui a sa propre novlangue
et ses propres réflexes pavloviens. Nous sommes dans un pays où le mensonge se
fait omniprésent, et où bientôt il n’y aura plus que les bulletins météo qui
donneront des informations à peu près exactes.
Dans les années 1940, il fallait écouter Radio Londres pour
pouvoir disposer d’une approche non falsifiée des faits : aujourd’hui, on peut
lire dreuz, Jss News, Europe-Israël, quelques autres sites, ou bien la presse
anglaise, canadienne, américaine, israélienne. C’est insupportable. Le plus
terrible est que ceux qui falsifient l’information ne savent pas toujours ce
qu’ils font et ont bonne conscience. Les politiciens indignes ont bonne
conscience aussi, tout comme tous ceux qui nous conduisent vers le gouffre. Les
staliniens sous Staline, les nazis sous Hitler avaient bonne conscience aussi.
Le totalitarisme qui monte en Europe est plus dangereux que les totalitarismes
durs : c’est un totalitarisme spongieux, sirupeux, anesthésiant. J’avais parlé
à son sujet autrefois de la stratégie qui permet la cuisson du homard,
stratégie dont avait traité aussi Michel Gurfinkiel. Pour cuire le homard, il
faut le plonger dans l’eau tiède et faire chauffer lentement : le homard
s’endort dans la tiédeur, perd ses capacités de défense, et finit complètement
cuit. La cuisson en France est en cours. La population n’est pas encore
complètement cuite, mais cela vient. Des gens zélés s’y emploient. J’aimerais
penser que ce n’est pas irrémédiable, mais je pense, en fait, que c’est
irrémédiable.
Un pays où on laisse des Mohamed Merah en liberté malgré des
éléments accablants est un pays fichu. Un pays où on peut tuer des enfants
juifs dans une école et ne plus y penser trois jours après (car qui en parle
encore ?) est un pays fichu. Un pays où on peut psychologiser le cas d’un
assassin d’enfants juifs et mentir sur le parcours djihadiste de l’assassin est
un pays fichu. Un pays où des journalistes par dizaines ne trouvent rien de
mieux à faire, juste après le pire acte antisémite commis sur son sol depuis
des décennies (depuis le temps de Pétain, je pense, et les assassinats de
Sebastien Sellam et d’Ilan Halimi auraient dû déjà susciter une réaction), que
de se pencher sur l’assassin, musulman, en s’inquiétant des risques de «
stigmatisation » de la communauté musulmane est un pays fichu. Quand,
exactement, des enfants musulmans ont-ils été assassinés par un fanatique non
musulman dans la cour d’une école française ? Quelqu’un peut-il me donner une
date ?
Un pays où on veut faire croire qu’il y a un « islam de
France » qui n’est pas du tout, vraiment pas du tout, celui qui se trouve dans
l’ensemble du monde musulman et qui n’est pas du tout touché par l’islamisme
qui monte (et qui est sans doute censé s’arrêter aux frontières de la France,
comme autrefois le nuage de Tchernobyl), est un pays fichu. Un pays où des gens
prétendant penser font comme s’ils ne voyaient pas l’antisémitisme musulman,
pas non plus de quels venins se pétrit la haine d’Israël, ou de quels matériaux
frelatés et djihadistes est faite la « cause palestinienne » et qui, tout en
oubliant vite l’assassinat d’enfants juifs en France oublient plus vite encore
l’assassinat d’enfants juifs au Proche-Orient, est un pays qui a perdu tout
sens moral.
L’assassin de trois soldats, d’un rabbin et de trois enfants
juifs est une déjection qui s’est appelée Mohamed Merah. Mais Mohamed Merah
n’est pas le seul assassin. Il a, en France, des milliers de complices.
Certains sont journalistes, d’autres juges ou policiers, d’autres encore
politiciens. Et si j’ajoutais à la liste les assassins du reste de l’Europe
telle la hideuse et antisémite Catherine Ashton, la liste se ferait plus
longue. Si j’ajoutais les assassins du monde musulman où, si quelques esprits
éclairés existent, s’épand aujourd’hui la plus immonde pathologie collective
qu’ait connu l’humanité depuis le Troisième Reich, la liste serait bien plus
longue encore.
Il est d’autres sujets dont j’entends traiter, disais-je.
Mais le dégoût et la révolte que je ressens présentement sont trop profonds,
oui. Et quand j’allume la télévision, j’ai l’impression de vivre un cauchemar.
Les gens qui parlent sont très propres sur eux et parfois souriants. Ils ne
savent pas toujours ce qu’ils font, mais je ne peux m’empêcher de le voir : ils
ont du sang sur les mains. Leurs mots sont lourds de cadavres suppliciés
d’innocents qui n’ont pas encore été tués, mais le seront sans doute demain.
Hélas.