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L’Islam, l’Islamisme et les Aveugles

 

Par Claude Berger, Auteur de « Pourquoi l’antisémitisme », « en finir avec le salariat », « Itinéraire d’un juif du siècle » (Aux Editions de Paris)

10/06/17

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Il faut désormais s’habituer à vivre sous la menace permanente d’attentats islamistes réputés « imprévisibles », tel est l’aveu d’impuissance que délivrent les dirigeants du monde occidental face aux attentats récents qui ont endeuillé la Grande Bretagne, la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Australie, l’Iran , l’Egypte, l’Afghanistan …

Impuissance, incompréhension et aveuglement face au profil des terroristes assassins qui, pour une bonne part, sont classés dans la case des « déséquilibrés » agissant sans lien direct avec le terrorisme organisé de Daesh ou d’Al-Kaeda.  C‘est ignorer gravement qu’il n’y a pas de frontière hermétique entre l’islam ordinaire dit « modéré » et l’islamisme  violent, tout comme il n’y a pas de frontière hermétique entre le terrorisme islamiste commandité et le terrorisme islamiste spontané. Cette ignorance, cet oubli témoigne d’une déficience sévère dans l’analyse des cultures de la part des politiques qui, obéissant au seul credo de la soumission au marché libre et concurrentiel du travail, prônent un modèle   multiculturel  sans garde-fous. 

De ce point de vue, nos sociétés sont inconscientes d’elles-mêmes. C’est une histoire qui remonte à la Révolution française lorsqu’elle adopte dans le même élan les droits de l’homme, l’interdiction des corporations  et la suprématie du libre marché du travail réduit à une marchandise concurrentielle sans tenir compte de la culture des postulants, fût-elle mortifère.  La même erreur sera reconduite par Marx qui, tout en s’insurgeant contre le système du marché du travail, réduira la culture, chrétienne et plus particulièrement juive  à une position et à une idéologie de classe. De nos jours, cette même inconscience, de droite ou de gauche, oubliera ainsi que les migrants dits « économiques » sont aussi des migrants culturels. Le triste exemple d’un évènement survenu en 2015 est là pour nous le rappeler : sur une embarcation chargée de cent douze migrants et menaçant de sombrer, une quinzaine de musulmans jettent douze chrétiens surpris en train de prier, à la mer.

L’assassinat de Sarah Halimi, violentée et défenestrée malgré ses cris et la présence policière dans son immeuble et le silence médiatique qui a suivi, est là pour nous rappeler l’aveuglement toujours actuel face à cet islamisme spontané dont les acteurs sont  qualifiés de « déséquilibrés ». Encore heureux lorsqu’ils ne sont pas excusés comme victimes de « l’islamophobie » ou de la misère économique.

Il est grand temps de poser la question de l’Islam de façon objective, temps de reconquérir « les territoires perdus de la République » en démantelant les contre–cultures qui s’y sont développées. On ne saurait oublier de ce point de vue qu’avant de devenir compatible avec la République, l’Eglise inquisitoriale dut subir la contrainte révolutionnaire et la lutte anticléricale, admettre la Réforme puis, après la seconde guerre mondiale, faire un travail sur elle-même pour se démarquer d’un antijudaïsme ayant pu alimenter l’antisémitisme exterminateur.

L’islam repose également sur un dogme clivant : Mahomet est le Prophète et ne pas y croire rejette du côté des mécréants. S’ensuit l’obligation de conquérir l’univers. Mais le schéma parental et sexuel sous-jacent sous le modèle du Prophète resté sans analyse, implique une oppression des femmes et une pulsion de mort dirigée contre les Juifs, les apostats  et les chrétiens. Pulsion qui trouve sa jouissance dans la mort des mécréants. Soumettre la volonté de spiritualité et de morale affichée dans l’islam à l’instar des autres religions mais contredite par la violence, à une mise sur le divan est une nécessité. Introduire la critique de cette violence conquérante dans les lieux d’éducation est un devoir.

D’autant que les matrices culturelles qui façonnent les individus hors des textes, ne façonnent pas qu’un islam rituel susceptible de se radicaliser, elles façonnent un islam culturel qui lui aussi se radicalise. Les tueurs de la plupart des différents attentats récents n’étaient nullement experts en commentaire coranique. Cet islamisme culturel opère sur le sol français, il est dans l’air que respirent nos jeunes, il est dans la haine de la culture française. Il se diffuse dès le plus jeune âge peu ou prou dans ce qui se transmet par l’inconscient culturel.

Le recours à la laïcité comme barrière défensive érigée contre l’islamisme ne suffit plus. Il y a lieu aujourd’hui d’assumer ce choc des cultures en faisant appel à la critique historique et à la psychanalyse pour démonter ce qui dans l’islam pousse à la violence. 

La mondialisation du marché du travail et du salariat avec la liberté de circulation des femmes qu’elle suppose signifie pour l’islam la perte de son hégémonie culturelle, d’où sa réaction violente, une réaction qui n’en est qu’à son début. 

En 1948, le mouvement palestinien dirigé  par le mufti Husseini, qui fut deux ans  en poste à Berlin près de  son ami Hitler, s’ancrait dans le refus du  fait juif et d’un Etat juif sans même songer à faire son propre Etat sur la partie qui lui était dévolue, ce qui a déclenché l’expulsion et l’exil des Juifs des pays arabo-musulmans, un exil refoulé.  C’était la naissance de l’islamisme. 

Aujourd’hui, celui-ci s’en prend aux chrétiens, aux coptes, au monde occidental, aux musulmans modérés qui en sont aussi les victimes. Il y a lieu désormais de mener ce choc des cultures sans se contenter de mesures militaires ou policières qui ne concernent que l’islamisme commandité et qui délaissent  l’islamisme spontané qui s’engendre au cœur des cités.