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Donald Trump, (bien)
vu d'Israël
Par Ivan
Rioufol, chroniqueur
Le Figaro le 6 novembre 2017
Les Français, très majoritairement, n’aiment pas Donald
Trump.
Mais les Israéliens, en tout cas, ne partagent
pas cet unanimisme. Or leur lucidité concernant la lutte contre le
totalitarisme islamique, leur ennemi déclaré et mortel, invite à se demander si
l’opinion française ne se laisse pas endormir par l’anti-trumpisme moutonnier
des médias.
Rencontré samedi soir à Jérusalem, le
philosophe Michaël Bar-Zvi, confirme cette constatation que le
visiteur peut faire à l’écoute de la rue israélienne : « Trump considère
que le réel danger c’est l’Iran et il a raison ».
En tout cas, son discours du 21 mai à Riyad
(Arabie saoudite), qui enjoignait aux Etats musulmans de vaincre
« l’extrémisme islamiste » alimenté par l’Iran, n’est pas pour rien
dans le coup de force du prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben
Salman.
Le soir même où j’interrogeais Bar-Zvi, au
cours d’un dîner organisé par le KKL, association juive de soutien au
développement environnemental et économique d’Israël, le fils du roi Salman
passait un grand coup de balai anti-corruption et anti-fondamentalisme dans les
rangs les plus proches du pouvoir.
Walid Ben Talal, notamment propriétaire du
George V à Paris, fait partie de personnalités arrêtées. L’intention du prince
héritier est de rompre avec les Wahhabites et leur pression religieuse.
« Nous n’allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder
d’idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant ». Ce
jeune dirigeant de 32 ans, appelé à succéder à son père malade, vient déjà
d’autoriser les femmes à conduire. II semble vouloir aller vite dans les
réformes.
En fait, Trump partage avec les Israéliens un
réalisme qui effraie la vieille Europe.
Le rejet que suscite le président américain
dans les médias n’est pas très éloigné de celui que rencontre l’Etat hébreu et
son sionisme. La perspective de défendre une patrie quitte à passer par la
guerre est une issue inacceptable pour les esprits déjà soumis à l’idéologie de
la table rase. Comme le rappelait Jean-François
Revel, « l’idéologie n’étant pas tirée des faits, elle ne se sent
jamais réfutée par eux ».
En France, la « parole libérée »
n’est saluée que lorsqu’il s’agit d’accabler l’Occident.
Le Monde a consacré un dossier à « un
antisémitisme du quotidien », sans que les mots islam, musulman, Coran, ne
soient prononcés une seule fois.
Les bourreaux d’Ilan Halimi, dont la stèle
a été profanée, y sont encore décrits comme des « jeunes de
Bagneux ».
Les Israéliens n’ont pas ces pudeurs, que Trump
ne partage pas non plus.
Le sentiment de sécurité que j’ai pu éprouver
ces derniers jours dans le désert du Néguev comme dans la vieille ville de
Jérusalem est à la mesure de la force mentale et de la détermination collective
qui habitent cette nation.
La France malade doit-elle tirer un trait sur
son passé, sa culture, sa fierté, sa puissance, son dynamisme, pour plaire à
ceux qui lui intiment de baisser les yeux, de courber l’échine, de s’excuser
d’être encore là ?
En Israël, des tomates poussent dans le désert
et la voiture autonome de demain est testée dans un centre de recherche de
Jérusalem.
L’intention du prince saoudien, encouragé par
Trump, est d’enfreindre l’interdit de faire des affaires avec les Juifs. En
France les chiens aboient, en Israël la caravane passe.