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UN APPEL POUR LA DÉMOCRATIE AU MOYEN ORIENT

 

Devant la Fondation Américaine pour la Démocratie, le 6 novembre 2003, le président Bush a fait un discours considéré comme très important sur le plan de la stratégie à long terme, par la plupart des médias anglosaxons. Beaucoup de commentateurs arabes l'ont apprécié. Ce discours est passé inaperçu en France…On peut le lire en anglais dans son intégralité au site: www.whitehouse.gov/news/releases/2003/11/20031106-2.html

Le même jour le président Bush a signé le budget de 87,5 milliards $ pour la reconstruction de deux pays libérés, l'Irak et l'Afghanistan. Nous allons examiner ici les principaux passages du discours concernant le Moyen Orient.

"La liberté doit être l'horizon de tous les pays"…"Pendant 60 ans l'Occident a excusé et a accepté l'absence de liberté au Moyen Orient et ceci n'a pas renforcé notre sécurité, et en fin de compte la stabilité du monde ne peut être obtenue au prix de la liberté"

 

G. Bush ne croit pas que les pays du Moyen Orient soient condamnés à l'autocratie, tout individu désirant être libre naturellement et étant capable de le devenir. Il faut seulement enclencher le processus de la démocratie et l'apprentissage se fera en cheminant dans cette voie. G Bush ne croit pas que l'Islam mène fatalement au despotisme et pour lui, plus de la moitié des musulmans du monde vivent dans des régimes se situant à un certain stade de la démocratie et où les citoyens bénéficient de la liberté d'opinion et d'entreprise. "Une religion qui demande aux croyants de rendre compte sur le plan moral ne peut être fermée aux droits et aux obligations de la démocratie".

Certes, dans de nombreux pays arabes et musulmans le vent de la liberté n'a pas encore soufflé, ce qui expliquerait leur régression économique, sociale et culturelle. Des régimes autoritaires laïcs ou théocratiques qui ont saisi l'Islam en otage pour assouvir leur soif de pouvoir et des dictatures rétrogrades sont encore en place, opprimant le peuple et l'appauvrissant sur tous les plans. Ces pays sont sur une "voie lisse et directe vers une impasse". "Les gouvernements de ces pays doivent regarder la réalité de leur situation en face, au lieu de rechercher des excuses en blâmant autrui". Les peuples de ces pays méritent mieux et devraient devenir "actifs", au lieu de rester des "victimes passives".

On commence à sentir des indices de "changement vers la démocratie" au Maroc, à Bahrein, à Oman, au Qatar, au Koweit, en Jordanie et même au Yémen où existe un système politique multiparti.

"Les leaders qui sèment la haine et encouragent la violence comme en Palestine ne sont pas de vrais leaders et ne mèneront leur peuple nulle part". L'Egypte et l'Arabie devraient faire des efforts pour se réformer dans la voie de la démocratie, bien que celle-ci ne soit pas parfaite. L'évolution des pays arabes ne doit pas forcément singer l'Occident, chaque pays devant trouver le chemin de la dignité et de la justice qui lui est propre, selon ses propres références culturelles.

Mais on ne peut pas faire l'économie de principes essentiels: limiter le pouvoir de l'état et de l'armée, un gouvernement qui répond aux vœux de son peuple et non à ceux d'une élite ou d'une minorité, protéger les droits des hommes et des femmes, créer des institutions et des médias indépendants et responsables, préserver la liberté d'entreprendre, de croire et de penser…

En Irak et en Afghanistan, G Bush déclare que les Etats-Unis ont jeté les bases de deux démocraties qui prévaudront, malgré les forces déployées pour revenir à un passé obscur, car "tout échec renforcerait la terreur dans le monde entier".

"Aussi longtemps que le Moyen Orient restera une place où la liberté sera bridée, la stagnation et le ressentiment prévaudront et la violence sera prête à être exportée. Avec la dissémination des armes de destruction, notre pays et les pays amis ne seront pas en sécurité. Accepter le statu quo dans ces conditions, c'est de l'inconscience. En conséquence les Etats-Unis ont adopté une politique nouvelle, une stratégie pour le progrès et la liberté au Moyen Orient. Cette stratégie nécessite la même détermination, la même énergie, le même idéalisme que nous avons montré dans notre passé et nous gagnerons, car la liberté est le sens de l'histoire"

 

On peut reprocher peut-être à cette profession de foi en faveur de la démocratie, l'absence d'un énoncé des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. Mais G Bush a bien précisé qu'il s'agissait de décennies d'efforts. On ne peut donc préjuger des moyens dès maintenant. En tout cas, depuis la libération de l'Afghanistan et de l'Irak, non seulement le ton est donné, mais le coup d'envoi est bien lancé dans une direction précise qui est aujourd'hui entérinée par un texte politique et le déblocage de fonds conséquents.

L'accouchement de la démocratie en pays d'Islam se fera sans doute dans la douleur, car les populations de ces pays ont peu goûté aux méthodes de "respiration" des idées et du questionnement ou de "méditation" sur le libre arbitre (sauf les soufis qui sont de plus en plus persécutés en pays arabe).

G Bush, et avec lui l'Amérique, ont beaucoup de courage pour s'engouffrer dans cette voie considérée par l'Europe, et notamment par la France, comme périlleuse, voire inopportune. Encore faut-il qu'ils démentent les propos tenus à un moment par Ben Laden "L'Occident ne pourra pas gagner la guerre que nous lui infligeons, car il ne veut plus se battre". L'Amérique sera-t-elle intimidée par les "body bags"?

 

Le discours de G Bush de 7 pages est en quelque sorte une réponse à celui de 8 pages de Mathatir Mohamed, ex premier ministre de Malaisie, qui lui, n'a pas fait appel aux sentiments nobles des Musulmans, mais les a rameutés dans un "jihad particulier" contre l'Occident et contre "les Juifs qui domineraient cet Occident".

Ce qui peut paraître curieux dans le discours de G Bush, c'est qu'à aucun moment il n'ait mentionné la seule vraie démocratie du Moyen Orient… Tant qu'on cherchera à "apaiser" les arabo-musulmans de peur de leurs réactions négatives, c'est que la démocratie dans ces pays là est encore une chimère.

Ceci étant, inversement, on ne peut espérer la paix dans cette région que lorsque tous ces pays autoritaires évolueront vers la liberté d'expression et la démocratie, sans faire appel à Allah, en toute occasion, mais à leur propre conscience et à leur propre énergie.

Pour rester digne et ne pas se sentir constamment humilié, il faut commencer par se poser des questions, écarter toute haine et toute passion exagérée, accepter l'autre avec ses convictions, même s'il habite une petite parcelle de ce qui est "revendiqué" comme terre d'Islam.

 

Commentaires de Bertus – 12 novembre 2003 – www.nuitdorient.com

 

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