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CONDI AU CAIRE, UN APPEL À LA DÉMOCRATIE DU COEUR DU MONDE ARABE
Éditorial de Opinion
Journal, Wall Street Journal du 22/6/05
Traduit par Albert
Soued, www.chez.com/soued pour www.nuitdorient.com
"Le
gouvernement égyptien doit remplir la promesse faite à son peuple et au monde
entier, de donner à ses citoyens la liberté de choisir. Les élections
égyptiennes du président et du Parlement doivent répondre aux normes d'objectivité
qui définissent toute élection libre" , propos tenus par Condoleeza Rice ce lundi
à l'Université Américaine du Caire.
Depuis que le
président Bush a fixé sa politique de promouvoir la démocratie au Moyen Orient,
il a été constamment vilipendé pour sa soit-disant hypocrisie. Pourquoi
préconiser la démocratie pour l'Irak ou le Liban, et non pas pour des alliés
autocratiques tels que l'Egypte et l'Arabie Saoudite? demandent les voix
critiques. En disant cela, ils veulent insinuer qu'à travers l'alibi de la
démocratie, les Etats-Unis poursuivent d'étroits intérêts, en particulier
l'approvisionnement régulier en pétrole.
Bien, assez parlé de
ce point de vue. Ce lundi, la Secrétaire d'état Condoleeza Rice est allée au
Caire puis à Riyad et, sur un ton feutré a livré un message brutal. L'Amérique
a changé de politique et ne recherchera plus "la stabilité au détriment de la démocratie".
À partir de
maintenant, les Etats-Unis feront attention quand des Egyptiens qui protestent
pacifiquement sont brutalisés par les hommes de main des Moukhabarat ou si des
citoyens saoudiens sont jetés en prison pour avoir pacifiquement adressé une
pétition au gouvernement. Et l'avenir des deux pays comme alliés des Etats-Unis
réside dans le sérieux de leur futur engagement envers une réforme
démocratique.
"Il
est temps d'abandonner les excuses pour éviter d'entreprendre le dur labeur de
la démocratie" a dit
Mme Rice. "Il
y a ceux qui disent que la démocratie leur est imposée. En fait c'est le
contraire qui est vrai, car on n'impose jamais la démocratie. C'est la tyrannie
qu'on impose". Mme Rice
a aussi rencontré des opposants politiques au président Hosni Moubarak. Son
discours nous a paru comme étant le plus important depuis longtemps, venant
d'un Secrétaire d'état, et les réactions des pays visités le prouvent.
Partageant la tribune avec elle, le Ministre des Affaires Etrangères égyptien
Ahmed Aboul Gheith a rejeté son appel à des élections libres et transparentes
comme n'étant pas un problème, comme l'a fait aussi le ministre Saoudien Saoud
al Fayçal lors d'une conférence de presse à Riyad le même jour. Il a dit "Le tapage autour de la
réforme politique n'a réellement aucun sens".
Il est difficile de
dire si la nonchalance de MM Gheith et Fayçal est composée ou s'ils n'ont pas encore
compris. Quelque soit le cas, tous les deux feraient mieux de prendre au
sérieux le nouvel engagement de l'administration Bush! L'économie égyptienne
est garantie par une aide américaine de 1,8 milliard $ l'an, alors que son
armée est approvisionnée par des armes américaines les plus sophistiquées (1).
Cela ne peut pas continuer si le régime Moubarak cherche à tricher ou à saboter
les élections présidentielles de septembre prochain.
Et on ne peut pas
imaginer que la politique indulgente de l'Administration américaine à l'égard
de la Maison des al Saoud puisse se poursuivre indéfiniment. Dans son discours
la Secrétaire Rice a posé des repères auxquels l'Administration s'est liée au
même titre qu'elle lie les Saoudiens, et auxquels l'opposition ne manqueront
pas de la lier, ainsi que Mr G W Bush.
Cependant, ailleurs
dans la région, les propos de Mme Rice ont été mieux appréciés. Hier à
Beyrouth, un explosif sous le siège de sa voiture a tué Georges Haoui, le chef
du parti communiste libanais. C'est le second assassinat d'un éminent homme
politique anti-syrien, ce mois-ci, et cela s'est produit le jour de
l'inauguration du nouveau parlement anti-syrien au Liban. Quel que soit le
commanditaire de l'assassinat de Mr Haoui – et au Liban on soupçonne les agents
syriens ou leur alliés locaux – il est clair que celui-ci sent la menace d'un
gouvernement librement élu sur sa main-mise sur le pouvoir au Liban. Le défi
aujourd'hui est de maintenir cette dynamique en faveur de la réforme. Les
élections parlementaires libanaises signifieront peu si les hommes politiques
se sentent constamment physiquement menacés. La France et les Etats-Unis, qui
ont obligé les troupes syriennes à se retirer du Liban en avril, devraient
faire le maximum de pression sur Damas pour s'assurer que tous ses agents ont
été retirés et pour encourager le fantoche du régime syrien, le président
libanais Emile Lahoud, à démissionner.
En Arabie Saoudite
on peut augmenter le volume –jusqu'ici assez bas --- de notre diplomatie
publique pour attire l'attention sur la situation désespérée des activistes en
faveur de la démocratie. Ainsi en Egypte, les Etats-Unis pourraient aussi
reconsidérer leur politique de non-pourparlers avec le parti interdit des
Frères Musulmans. Il est vrai que ce parti a été un terrain de recrutement des
terroristes. Mais il représente aussi un mouvement politique authentique que
les Etats-Unis ne peuvent ignorer, alors que par ailleurs ils se font les
avocats de la démocratie.
Le passage à la
démocratie au Moyen Orient ne sera pas rapide ni facile, mais pas plus qu'en
Extrême Orient où cette transformation ne s'est pas faite en une semaine ni une
année.
Avec ses discours en
Egypte et en Arabie, pays qui ont nourri la majorité des terroristes
islamiques, Mme Rice a engagé plus loin l'Amérique vers une transformation
nécessaire et inévitable de la région et notamment de ces deux pays.
Note de la
traduction
(1) les subventions
américaines ont surtout servi à l'Egypte à acheter des armes sophistiquées pour
se protéger contre un ennemi imaginaire…, à moins que ce pays ne cherche encore
une revanche. Rappelons que ces subsides sont accordés depuis déjà plus de 30
ans!
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