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Par Victor Davis
Hanson
Paru dans National
Review Online le 3/2/06
Traduit et adapté
par Albert Soued, www.chez.com/soued/conf.htm
pour www.nuitdorient.com
Les relations
publiques entre ce qu'on appelle l'Occident et le Moyen Orient islamique ont
atteint un niveau d'absurdité abjecte. Hamas, une organisation qui revendique
la totale destruction de l'état d'Israël est venue au pouvoir grâce aux
pressions américaines pour tenir des élections libres à l'américaine en
Cisjordanie et à Gaza. Bien sûr, on n'attendait pas comme résultat "les
Sages de la Nouvelle Angleterre", mais on a cependant été étonné de se
retrouver devant un film de Quentin Tarantino.
Dès l'élection du
Hamas, ses dirigeants se sont autoproclamés "officiels" et ont
commencé à faire une série de demandes. Israël devrait changer son drapeau, les
Européens et les Américains devraient continuer à financer l'organisation de la
terreur et il n'était pas question de renoncer à l'objectif de détruire Israël.
Apparemment
l'Occident et Israël sont non seulement prêts à donner au Hamas de quoi
respirer, mais aussi à le subventionner, alors qu'il cherche à retrouver un
second souffle pour reprendre sa lutte d'annihilation de son voisin, l'état
juif.
On ne peut
comprendre cette folie que dans le cadre élargi du surréalisme. En effet le
Tibet a été avalé par la Chine. La plus grande partie de Chypre a été gobée par
les forces turques. L'Allemagne d'aujourd'hui est inférieure de 10% à celle de
1945.
Mais on ne trouve la
terminologie "territoire occupé" qu'au Moyen Orient, parlant d'un
tout petit territoire pris à des agresseurs défaits.
Près d'un million de
Juifs ont été renvoyés de force de Bagdad, de Damas, du Caire et d'autres
villes arabes, après la guerre de 1967. Mais on ne trouve de réfugiés ayant
perdu leur maison que parmi ceux qui viennent d'un territoire palestinien. Un
million de personnes ont été massacrées au Rwanda, des milliers le sont chaque
mois au Darfour et le monde sommeille. Quand 60 personnes sont tuées dans une
bataille régulière à Jénine, soudain le 1,5 million de morts de Stalingrad
resurgissent comme référence morale de comparaison, et la terre entière est
inondée de propos sur "Jéningrad".
Aujourd'hui le monde
arabe organise le boycott du Danemark parce qu'un de ses journaux a choisi de
publier des caricatures, supposées railler le prophète Mohamed. Et on doit
oublier qu'il est de rigueur dans la culture remuante du peuple scandinave
d'attaquer la Chrétienté en toute impunité. Et il faut éviter de se souvenir de
l'occupation prolongée et de la désacralisation par le Hamas de l'église de la
Nativité à Bethléhem, dans un show global télévisé. Pendant ce temps, les
dirigeants danois sont menacés, le boycott des produits danois organisé, les
ambassadeurs rappelés, les ambassades incendiées. Eh oui! Bill Clinton se
précipite alors pour offrir encore une fois des excuses, alors qu'il empoche
ses émoluments lors d'une conférence dans le Golfe du pétrole, à l'image de son
mea culpa de l'an dernier devant la mollacratie iranienne. Aujourd'hui nous
avons un modèle de présentation d'excuses à la Clinton. Toujours faites à
l'étranger et rémunérées par quelqu'un d'autre.
Depuis le jour où
une "fatwa" a été émise par la théocratie Iranienne contre Salman
Roushdie, le monde Occidental a petit à petit accepté insidieusement les lois
de l'"asymétrie". Peut-être est-ce dû à ce qu'on peut appeler le
"principe de démence", "ah! ces gens sont capables de tout, à tout
moment…". En tout cas
on a habitué l'Islam du Moyen Orient à accepter des normes pour lui et à en
appliquer d'autres, pour les autres… Dans ce monde du "politiquement
correct", cet Islam sait qu'il ne peut rien craindre de nous Occidentaux,
riches et opulents, ne cherchant qu'à éviter toute perturbation dans notre vie
protégée.
Et puis vient en
Iran le président Ahmedinejad qui juste 60 ans après l'Holocauste, annonce un
nouveau Mein Kampf, en promettant comme Hitler d'effacer toute trace de Juif
sur terre, mais allant plus loin que lui, annonçant publiquement qu'il
s'emploie à obtenir les moyens de le faire. Et bercé tous les jours par les
railleries du genre "juifs= singes et cochons", le reste du monde de
l'Islam cache à peine sa joie que des shiites Perses fassent pour lui ce qu'il
aurait voulu faire.
Avec le consentement
de tous, les artisans du 11/9 se cachent quelque part à la frontière du
Pakistan. Une attaque américaine ciblée de missile qui en a tué certains a été
condamnée par le gouvernement pakistanais. Bien que recevant des milliards de
dollars d'aide américaine tout en abritant les responsables du 11/9, ce
gouvernement ose fustiger les Etats-Unius de violation de territoire, dans leur
poursuite d'ennemis implacables. Et ceux-ci complotent leur prochain attentat
sur la terre Pakistanaise! Le Pakistan demande que cessent ces incursions
américaines et le reste. Le "reste" implique la menace de laisser plus
de latitude à ces terroristes ou de les autoriser à revenir en Afghanistan pour
y renverser la démocratie naissante. Bien sûr nos diplomates frissonneraient de
terreur à l'idée de menacer un Pakistan nucléarisé parce qu'un autre 11/9 se
prépare chez lui, concocté par ceux qu'il abrite.
La
liste de l'hypocrisie est loin d'être close. Les fatwas extravagantes de Ben Laden sont bien sûr un lieu commun.
Le pétrole à la pompe qui revient à 5$ le baril et qui est revendu 70$ est
appelé le "vol des ressources" du producteur. Des dizaines de
millions de Musulmans émigrant aux Etats-Unis et en Europe, alors qu'une
poignée d'Occidentaux réside au Moyen Orient, ils appellent çà "les
Croisés occupent notre terre". Terre biblique des Juifs, Israël est dit
"terre occupée par les Infidèles", or cette terre pendant l'exil des
Juifs a été successivement occupée par les Perses, les Grecs, les Romains, les
Byzantins, les Francs, les Ottomans, les Anglais, et comme si le monde entier
doit accepter que l'histoire ne commence qu'au 7ème siècle !…
Mais notre
questionnement ne porte pas seulement sur les nouvelles saugrenues qui
viendraient du Moyen Orient, mais nous voulons savoir pour quelle raison des
régimes autocratiques sont si confiants dans le fait que personne ne prête attention
à leur folie. Vous voulez une réponse? Pétrole et nucléaire, et parfois les
deux mon général !
Selon toutes les
normes, la plupart des pays du Moyen Orient et quel que soit leur régime sont
en stagnation économique, sinon en déclin. Aucune découverte scientifique ne
provient d'un pays arabe. Il est tragique mais honnête de confesser que les
deux seules contributions du Moyen Orient arabe au développement sont la
ceinture explosive pour attentat-suicide et le missile improvisé, et encore
certains composants et la technologie viennent d'Occident….
Et pendant ce temps
des millions d'Africains meurent de faim et tentent pourtant d'initier un
régime démocratique. L'Asie est au milieu d'un boom économique. L'Amérique
latine est en pleine transformation politique. Qui y prête attention?
Notre attention est
rivée plutôt du côté de quelques arpents de terre autour de Jéricho, des
montagnes du Hindou Koush, du mode de succession des émirs du Golfe ou des
dernières rodomontades d'un président iranien, qui passerait pour le ridicule
Idi Amin, s'il était dépourvu de pétrole et d'ambition nucléaire.
Supprimer
la dépendance pétrolière de l'Europe et des Etats-Unis et les milliards de
pétrodollars envoyés chaque année à des régimes médiévaux et corrompus, comme l'Iran ou l'Arabie Saoudite, et vous
verrez que le reste de l'humanité ne s'inquiétera plus de savoir si ces
sociétés pitoyables, patriarcales et tribales, veulent le rester ou non. il n'y
aurait plus de sous pour le H'ezbollah, pour les madrassas wahabi, pour les
gangs de tueurs syriens et pour "les spécialistes en excuses
occidentaux".
Le problème n'est
pas juste une question d'approvisionnement, c'est notre féroce appétit
insatiable qui mène à la hausse des cours du pétrole et à l'enrichissement
démesuré de sociétés défaillantes sur le plan socio-économique, utilisant leurs
ressources pour des activités malsaines ou pour acheter des ADM (armes de
destruction massives). Au lieu de fermer les yeux sur la terreur émanant du
Moyen Orient, on devrait faire le lien entre notre consommation frénétique de
pétrole et le fascisme islamique.
Personne ne
s'inquiéterait du Pakistan ni de l'Iran, sans le facteur nucléaire. Ce n'est
pas par hasard que les refuges des chefs d'al Qaeda se situent au Pakistan et
en Iran, car là ils sont assurés de l'immunité, leurs hôtes ayant la protection
nucléaire ou pétrolière.
La leçon de tout
cela, c'est que pour libérer l'Occident d'un tel chantage et d'une telle
dépendance, il est urgent de faire l'effort de parvenir à l'indépendance
énergétique, en faisant baisser les prix et de s'assurer qu'aucune autocratie
du Moyen Orient ne parvienne à obtenir l'arme nucléaire. En ajoutant
l'encouragement à l'installation de la démocratie dans cette région, voilà plantés les 3 piliers de
notre politique étrangère.
Installer la
démocratie, c'est offrir un autre choix aux populations que la dictature ou la
théocratie, maintenant que nous avons appris les règles du jeu local. Un
Khomeini remplace le shah, un Zarqaoui fait tout pour remplacer Saddam Hussein,
un Arafat qu'on propulse fait le lit du Hamas, un Moubarak subventionné mènera
aux Frères Musulmans… la corruption autocratique et militaire se termine par
une théocratie puritaine, comme si le tranchage des mains et des têtes était
l'antidote des cours martiales et des pelotons d'exécution.
On connaît chez nous
le jeu politique du blâme. Les réalistes du passé qui ont encouragé et soutenu
des dictateurs sont dits "sérieux" là où ils ont échoué et ceux qui
rectifient tardivement et soutiennent les nouvelles démocraties désordonnées
sont traités de fous.
Même l'élection du
Hamas avec l'intégrité qu'elle apporte est considérée comme une bonne nouvelle:
soutenez le processus, pas toujours les conséquences, mais arrêtez tout subside
si les terroristes sont au pouvoir; alors laissez les mariner dans leur jus,
pas dans le nôtre. En attendant pas de paix réelle, jusqu'à ce qu'on parvienne
à un gouvernement libéral et consensuel qui montre une stabilité. Et si l'Iran,
l'Arabie ou la Syrie parviennent à avoir des armes nucléaires, il y aurait
alors une guerre de dimensions inimaginables, basée sur le principe que
l'Occident acceptera n'importe quelle horreur d'arriver, pourvu qu'aucune de
ses cités ne soit vitrifiée ou rendue inhabitable.
Si des milliards de pétrodollars
continuent à se verser dans de telles sociétés traditionnelles, elles ne feront
aucun effort politique ni économique pour construire des sociétés viables.
Leurs élites obtiendront alors des armes nucléaires pour menacer leurs voisins,
et pour obtenir de nouvelles concessions, soutenues à l'intérieur par le
"prestige d'avoir la bombe islamique". Saddam Hussein avait presque
compris cela. S'il avait patienté cinq ans avant d'envahir le Koweit, le temps
de reconstituer son arsenal nucléaire, cet état aurait été aujourd'hui une
province irakienne, de même que l'Arabie saoudite.
À long terme, la
démocratisation dans le cadre d'un gouvernement constitutionnel est la meilleur
gageure pour avoir la paix dans cette région. Mais dans le court terme les Etats-Unis
et leurs alliés doivent s'assurer que l'Iran et Cie ne deviennent pas
nucléaires et que nous soyons sevrés de la dépendance pétrolière, afin de nous
sauver nous les accros, ainsi que nos ennemis, les dealers du Moyen Orient.