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LE SOUTIEN AMERICAIN
N'EST PAS ACQUIS
Par Jonathan Tobin, journaliste
Paru dans Jewish World Review
1er juin 2006
Traduit et adapté par Albert Soued pour www.nuitdorient.com
Malgré les applaudissements à Olmert, Israël ne doit pas compter
sur un soutien américain inconditionnel. Ehoud Olmert est sorti de sa première
réunion avec le Président Bush rayonnant comme s'il avait gagné à la loterie. Le
grand moment de face à face avec Bush et les ovations reçues lors de son
discours au Congrès la semaine dernière sont mises en avant par E Olmert comme
un triomphe pour lui et pour son nouveau gouvernement.
E Olmert a souhaité poursuivre son élan de succès et visiter
l’Europe, ainsi que l’Egypte, et rallier un soutien international à son plan de
réalignement, qui propose de se retirer de certaines parties de la Judée et de
la Samarie et dessiner ainsi les frontières d’Israël, sans l’accord des
Palestiniens. Mais avant même que l'écho des applaudissements du Congrès ne se
soit dissipé, le rival d'Ehoud Olmert dans l’amour et les largesses américaines
a fait une déclaration qui démontre combien la marge de manoeuvre du Premier
Ministre est étroite à ce jeu.
IL A DEGONFLE LE BALLON
Deux jours après le tête à tête d’Olmert avec Bush, le président de
l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a proclamé devant la presse
internationale qu’il allait soumettre à référendum une proposition d’un Etat
palestinien reconnaissant Israël, si le parti Hamas, à la tête du gouvernement,
refusait d’accepter ce plan dans un délai de dix jours.
Abbas est une personnalité marginalisée au sein de son gouvernement
et de son peuple. Mais malgré cela, il lui a suffi de prononcer seulement quelques
mots magiques", et le ballon rempli
d'air par le séjour d’Olmert à Washington, s'est dégonflé.
Abbas a endossé un soi-disant plan de paix, concocté par des
membres du Hamas et du Fatah qui purgent actuellement de longues peines dans
les prisons israéliennes pour des meurtres terroristes. Mais, malgré le fait
qu’ils pouvaient élaborer un plan sérieux à tête reposée, tout ce que proposent
ces prisonniers, c'est d’adopter le "plan de paix" lancé par les
Saoudiens en 2002.
Le plan saoudien était une mystification dont le but était de se dédouaner
des événements du 11/9. A l'époque, les médias s'étaient déchaînés contre
l'Arabie. Avec la connivence de Thomas Friedman du New York Times, qui
donna le retentissement d’un scoop à cette proposition, les Saoudiens
parvinrent à convaincre quelques Américains d'un plan appelant Israël à se
retirer sur les lignes d’armistice de 1949 et à accepter le "droit de
retour" des Palestiniens, en échange d’une reconnaissance de facto, qui
était un simple pas vers la paix plutôt que davantage de guerre.
Israël rejeta légitimement ce plan, et continuera sans aucun doute encore
à le faire. Mais cela n’arrêta pas la presse internationale, ainsi que certains
activistes pacifistes Juifs américains, de le considérer non seulement comme un
signe de la modération d’Abbas, mais comme une réelle ouverture vers la paix
qui devrait déborder l’unilatéralisme d’Olmert.
On ignore si la tactique d’Abbas lui offrira plus qu’un avantage momentané,
à la fois contre le Hamas et Olmert. Mais il illustre la très grande précarité
de la position d’Olmert dans le bon vouloir international. Après tout, pour la réception
chaleureuse de la Maison Blanche, le prix qu’il a dû payer a été de cesser dire
au monde qu'Abbas n’était pas un partenaire dans la négociation et qu’il n’avait
pas les moyens de progresser vers la paix. Et en dépit de sa mauvaise volonté à
utiliser les forces considérables à sa disposition pour arrêter les attaques
contre Israël, Abbas peut encore compter sur un plus grand soutien de la Maison
Blanche qu’Olmert ne semble le comprendre.
Olmert agit comme si ses plans allaient se réaliser, quoiqu’il qu'il
arrive. Ceux d’entre nous qui pensent que tout dirigeant d’Israël
démocratiquement élu a droit à une plus grande écoute à Washington peuvent
toujours l'espérer. Mais les Israéliens devraient plus se soucier de la raison
pour laquelle, contre tout bon sens, Abbas trône toujours là-bas quand il
s’agit des relations "équilibrées" prônées par le Département d'Etat
avec les partenaires du conflit israélo-arabe.
DEMANDE D’AIDE
Tout d’abord, malgré l’affection évidente et profonde que George W.
Bush a pour l’Etat d’Israël et malgré le pouvoir tellement vanté du "lobby"
pro Israélien, Washington a d'autres "chats à fouetter" que
l'ambition d’Olmert de résoudre rapidement les problèmes d’Israël vis à vis de
la Judée et de la Samarie.
Bien qu’il n’ait pas eu le toupet de les demander pendant son
voyage, Olmert cherche quelques 10 milliards de $ supplémentaires d’aide pour
couvrir en partie les coûts de la réinstallation de quelques 70.000 Juifs
vivant dans les territoires que le gouvernement envisage de rendre, lors du
prochain round de retraits.
Mais les Israéliens doivent se rappeler que l’Amérique dépense plus
d’un milliard $ par semaine en Irak. Et cependant, en dépit des interventions
de nos "alliés" arabes et européens, Bush a refusé de laisser tomber
Israël du fait de ces dépenses en Irak. Il est très improbable qu’il puisse
aller au-delà et prendre une décision qui risque de soulever davantage de
colère dans le monde arabe. Ce qui veut dire que les membres du parti Kadima
d’Olmert, qui croient vraiment que les Etats Unis - et ne parlons pas de l’Europe –
soutiendront des frontières dessinées unilatéralement, devraient perdre leurs
illusions.
Ensuite, l'auditoire privilégié où les ouvertures d’Abbas jouent à
merveille, c'est celui des Juifs américains. Paradoxalement, beaucoup de Juifs
américains sont plus enclins à donner une chance au Hamas que les membres du
Congrès eux-mêmes, ceux qui ont applaudi Olmert la semaine dernière et qui ont
voté une loi limitant l’aide aux Palestiniens, loi que la Maison Blanche avait
jugé trop dure.
L’opposition bruyante de certains groupes de gauche juifs (1) à la
législation demandant l’arrêt de l’aide à l’Autorité Palestinienne dirigée par
le Hamas, devrait être un coup de semonce à Olmert qui ne peut pas compter sur
un soutien juif solide à son projet unilatéral. Le bon accueil des médias au
"plan de paix" des prisonniers palestiniens devrait renforcer
l’avertissement.
Mais plutôt que de répondre au défi de la gauche américaine, Olmert
devrait se préoccuper plus des dissensions en Israël avec ceux qui s’opposent à
tout retrait. Cela tombe sous le sens, vu l’amère bataille qu’Olmert a conduite
contre la droite, d’abord à l’intérieur du Likoud, puis lors de l’élection
générale qu’il a gagnée à la tête de Kadima.
En tout cas, on ne peut nier le fait que, quelle que soit la
portion de territoire que le gouvernement d'Olmert est prêt à abandonner, il
restera des voix puissantes aux USA et en Europe exigeant encore davantage. Si
ce plan de réalignement était vraiment réalisé, il sera suivi de nouvelles
protestations destinées à obtenir qu’Israël se retire plus loin encore, jusqu’aux
lignes d’armistice de 1949, incluant celles de Jérusalem.
Et Olmert devrait plus se soucier alors du glissement dans le
soutien juif à Israël, même à un Israël engagé dans des retraits massifs. Plutôt
que de perdre son temps à essayer d’obtenir un soutien international qui ne
viendra jamais, peut-être qu'Olmert devrait concentrer davantage ses efforts à
arrêter l’hémorragie dans les communautés favorables à Israël. Des tapis rouges
à Londres et à Paris ne sont pas des substituts au terrain abandonné à Abbas et
au Hamas sur place.
Notes
(1) dont Israel Policy Forum à qui Olmert à dévoilé ses plans de retrait lors d’un dîner l’an dernier
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