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Sans prendre parti, le Pape Benoît XVI a cité la phrase d'un empereur Byzantin du 14ème siècle Manuel Paleologos II, dans une conversation qu'il aurait eue avec un érudit perse à propos du jihad "Montrez-moi juste ce que Mohamed a apporté de nouveau et vous ne trouverez que le mal et l'inhumain, comme par exemple son appel à répandre la foi qu'il prêchait par l'épée ".

Lors de cette conférence à l'Université de Ratisbonne, en Allemagne, le pape a néanmoins donné son point de vue sur le concept de Jihad qu'il définit comme "une guerre sainte" et il ajoute que la violence au nom de la religion est contraire à la nature divine et à la raison.

Cette allocution a entraîné un tollé mondial des Musulmans qui ont demandé au Pape de s'excuser personnellement…!

Quand on sait que les Musulmans sont impliqués dans l'écrasante majorité des conflits recensés depuis la fin de la 2ème Guerre Mondiale, quand on sait que 70% des prisonniers en France pour violence sont musulmans (et ne représentant que 10% de la population), que près de 95% des attentats ces dernières années sont le fait d'islamistes qui s'en vantent, on peut se demander si la pratique de l'Islam n'engendre pas des individus sans conscience de ce qu'ils font ou de ce qu'ils disent. Qu'ils descendent tous dans la rue au prochain attentat anti-occidental, comme ils le font maintenant qu'ils sont montrés du doigt par le souverain pontife de la chrétienté, alors on commencerait à prendre au sérieux leur indignation!

 

Artus

 

SE MEFIER D'UNE RELIGION SANS HUMOUR, L'ISLAMOFASCISME

 

Par Roger Scruton, écrivain, a publié récemment "Une philosophie politique, arguments pour le conservatisme", publié par les éditions Continuum

Article paru dans Opinion Journal le 20/08/06

Traduit par Artus pour www.nuitdorient.com

 

L'expression "islamofascisme" a été introduite la première fois par l'écrivain français Maxime Rodinson (1915-2004) pour décrire la révolution Iranienne de 1978. Rodinson était un marxiste qui désignait comme fasciste tout mouvement qu'il n'approuvait pas. Mais on peut lui être reconnaissant d'avoir inventé cette expression qui permet à ceux qui sont à gauche de désigner un ennemi commun. Après tout, d'autres hommes de gauche français tels que Michel Foucault ont bien accueilli cette révolution comme une menace amusante contre les intérêts Occidentaux. Mais c'est maintenant que ces gens commencent à comprendre qu'ils sont autant que nous des cibles dans une guerre dont l'objectif est le chaos global.

Et le mot "islamofascisme" s'est ainsi propagé, au moins comme expression commode pour dire que vous n'êtes pas contre l'Islam dans sa totalité, mais contre seulement ceux qui l'ont perverti par la terreur. Mais cela entraîne aussitôt la question de savoir si le terrorisme est aussi étranger à l'Islam qu'on ne le croit.

En dépit de ses sympathies communistes, Rodinson était un homme tranquille qui a passé sept ans de sa vie à enseigner dans une école musulmane au Liban. Il a écrit une biographie de Mahomet dans laquelle le prophète est décrit comme un calme militant de la justice sociale. Pourtant cette biographie a été dénoncée par les autorités égyptiennes comme une offense à l'Islam et a été retirée de l'enseignement de l'Université américaine du Caire et, depuis, elle a été bannie des pays musulmans.

 

La promptitude à s'offenser, ce n'est pas de la terreur – mais c'est néanmoins un signe d'une profonde insécurité du psychisme musulman, confronté au monde moderne.

En présence de l'Islam, nous sentons tous qu'il faut avancer prudemment, comme si on cherchait à amadouer un dangereux animal. On ne doit jamais remettre en question un quelconque verset du Coran et l'Islam doit être désigné comme une religion de paix – n'est ce pas le sens du terme? (1) – et toute plaisanterie à propos du prophète est absolument interdite. Si vous devez parler religion au cours d'une conversation, il vaut mieux vous éclipser gentiment, en vous excusant avant de partir pour les horribles croisades du passé. Et en Europe, cette manière d'éluder le sujet a maintenant été transcrite en loi, l'"islamophobie" étant déjà considérée comme un crime en Belgique et des mouvements se sont développés à travers le continent pour censurer tout ce qui peut offenser un Musulman, y compris des articles comme le mien…

 

La majorité des Musulmans européens n'approuvent pas le terrorisme. Mais il y a majorité et majorité. Selon un sondage récent, un quart des Musulmans britanniques pensent que les bombes de l'été dernier à Londres étaient une réponse légitime à "la guerre menée contre la terreur". Les allocutions publiques des dirigeants musulmans considèrent le terrorisme comme lamentable, mais aussi comme une réponse compréhensible à la politique erronée de l'Occident. Et les rodomontades des religieux wahabites à vous faire tourner le sang, quelquefois rapportées par la presse, ne collent pas avec "une religion de paix". Tout cela mène au scepticisme des gens ordinaires dont les "préjugés racistes et xénophobes" sont dénoncés par les médias comme étant à l'origine de l'attitude musulmane.

Maintenant bien sûr il n'est pas convenable d'offenser sans raison des gens d'une autre religion et il est juste de respecter toute religion, quand celle-ci ne menace pas l'ordre public. Nous devons respecter et tolérer tout résident musulman et lui accorder toute la bonne volonté qu'on espère recevoir d'un voisin.

Mais les événements récents ont fait qu'on se pose des questions sur cette bonne volonté des Musulmans. Bien que le mot "Islam" ait la même racine que le mot paix "salam", il est dérivé de "istislam", c'est-à-dire la soumission. Et bien que le Coran nous dit qu'il n'y a aucune contrainte en religion, cela ne s'applique pas à ceux qui ne partagent pas la même foi. Le mieux que ceux-ci puissent espérer, c'est d'être considérés comme protégés (dhimmi), c'est-à-dire taxés et humiliés. Quant aux apostats, il est aussi dangereux aujourd'hui qu'au temps du prophète de renoncer à l'Islam…. Et la colère avec laquelle tout public Musulman accueille la contradiction, la caricature ou la marginalisation de sa foi n'a d'égale que celle qui a animé l'assassin de Theo Van Gogh.

Le Chrétien ordinaire, qui est obligé d'avaler sa langue devant un Musulman de peur de l'offenser, ne peut s'empêcher de constater que les Musulmans ne cessent de protester, montrant ostensiblement leurs blessures, qu'ils se sont en fait infligés eux-mêmes.

 

Ceci étant il ne faut pas perdre espoir dans un Islam tolérant. Mais d'abord il faudrait clarifier un point. Juifs et Chrétiens sont les héritiers d'une longue tradition de laïcité, qui a commencé sous l'empire romain et a été ranimée à la Renaissance. Dans cette laïcité, les sociétés humaines sont gouvernées par des lois humaines, qui ont la priorité sur tout texte religieux. Et le devoir impératif de tout citoyen est d'obéir à l'état, et ce qu'il fait de son âme est un sujet personnel entre chacun et Dieu. Toute religion doit s'incliner devant l'autorité souveraine du pays.

L'empire ottoman a mis au point un système légal qui jusqu'à un certain niveau correspond à ce qui vient d'être dit. Mais après la chute de l'empire ottoman (en 1917), les sectes musulmanes se sont révoltées contre la laïcité, puisqu'elle s'oppose à la "sharia'h" (loi religieuse) comme système légal en vigueur. L'écrivain égyptien et idéologue des Frères Musulmans Sayed al Qoutb est allé très loin, dénonçant la loi laïque comme étant "blasphématoire". Selon lui, les êtres mortels qui légifèrent pour leur propre gouvernement usurpent le pouvoir du divin. Et bien que peu de gouvernants musulmans adhèrent publiquement à ces idées, peu d'entre eux aussi les condamnent publiquement. Ce qui pour nous est la preuve du fanatisme et de l'égocentricité de Qoutb, pour beaucoup de Musulmans, c'est la preuve de sa piété.

 

Quand je songe à cette affaire, je suis frappé par une singularité de la religion chrétienne, notée aussi par Hegel et Kierkegard et dont personne ne parle aujourd'hui.

Cette religion est guidée par l'esprit d'ironie, dans le sens étymologique d'"accepter l'autre", comme quelqu'un de différent de vous (2). C'est l'ironie qui a mené le Christ à déclarer que son royaume n'appartenait pas à ce monde, c'est-à-dire qu'il ne pouvait pas être atteint par la politique. On est loin des incantations sans humour du Coran. C'est à partir de l'"ironie" qu'on peut commencer une véritable négociation, une vraie offre de paix, l'acceptation de l'autre. Il me semble que pour aller de l'avant, il faudrait encourager la ré-émergence d'un Islam ironique, celui qu'on perçoit dans la philosophie d'Averroës, dans la poésie perse, et dans "les Mille et une nuits".

On devrait aussi encourager les anecdotes ethniques et religieuses pour relâcher les tensions dérivant du "politiquement correct" (3). Et peut-être alors qu'un jour, la face rigide du mollah puritain dégagera un léger sourire et on pourra enfin négocier sérieusement.

 

Notes de la traduction

(1) voir ci-dessous que le mot "islam" est la soumission et non la paix

(2) ne pas oublier aussi que la Torah est pleine de doubles sens et de jeux de mots et que l'humour yiddish est essentiellement de l'auto-dérision. Ne pas oublier non plus le légendaire humour égyptien, qui proviendrait sans doute de l'ancienne Egypte

(3) plutôt aujourd'hui l'"islamiquement correct".

 

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