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Ted Cruz : « il faut empêcher
la Chine de mener à bien son projet de domination planétaire »
Par Ben Weingarten, collaborateur
principal de The Federalist et chercheur au Centre de
recherche politique de Londres.
Paru dans le Federalist du 25/6/20
Source :
https://thefederalist.com/2020/07/02/sen-ted-cruz-treat-china-like-its-the-new-soviet-union/
Le régime chinois craint d’être mis au jour. Il
craint la vérité. … La tyrannie prospère dans l’obscurité.
J’ai eu avec Ted Cruz une longue discussion concernant la politique
sino-américaine. Ce qui suit est une transcription légèrement modifiée de notre
conversation du 25 juin dernier.
– Ben Weingarten : À
votre avis, qu’est-ce que le Parti communiste chinois (PCC) cherche à réaliser
en fin de compte ? S’il devait y parvenir, qu’est-ce que cela signifierait pour
la vie de chaque Américain ?
– Sénateur Ted Cruz : Rien de moins que la domination
du monde. L’objectif du gouvernement communiste chinois est de devenir la
superpuissance prééminente de la Terre, la première puissance militaire, la
première puissance économique, et de dicter sa volonté à travers le monde.
Je pense que la Chine représente la menace géopolitique la plus
importante pour les États-Unis au cours du prochain siècle, car ses ambitions
sont illimitées et son bilan en matière de torture, de meurtre, de mensonges et
d’oppression ne ferait qu’empirer si la Chine atteignait son objectif de
prééminence mondiale.
– M. Weingarten : Certains,
y compris les faucons chinois, prétendent que le PCC n’est pas vraiment
constitué de communistes. Je pense que David Goldman a dit qu’il y a plus de
communistes dans la région de Harvard qu’à l’échelon supérieur du PCC. Comment
décririez-vous l’idéologie du régime ?
– Sén. Ted Cruz : Je ne suis
pas sûr que ces deux situations soient mutuellement exclusives. Dans la
pratique, le communisme n’a jamais été une question d’idéologie. Il y a les
universitaires communistes en Occident pour qui le marxisme est une quête
intellectuelle paresseuse, et ils envisagent une utopie communiste où la nature
humaine disparaît, totalement dépourvue des réalités et que le monde a connues
avec chaque dictature communiste.
En pratique, le communisme est une question de pouvoir, de domination,
et il a presque inévitablement entraîné la pauvreté et la misère. Le Parti
communiste chinois souhaite exercer un contrôle total sur les citoyens chinois,
leur discours, leur religion, leurs activités économiques, et sur tout ce
qu’ils disent, font ou pensent à chaque minute de la journée. Avec les nouvelles
technologies, ce spectre devient de plus en plus une réalité. Les gouvernements
communistes sont constamment engagés dans une surveillance massive de leurs
citoyens pour les punir brutalement et éliminer le sens.
Xi Jinping se contente d’être un dictateur
absolu.
Les mesures que le gouvernement communiste prendra pour préserver son
pouvoir ont été tragiquement illustrées pour le monde entier cette année,
lorsque des médecins héroïques ont tenté d’attirer l’attention de la Chine et
du monde entier sur le coronavirus récemment découvert. Le gouvernement
communiste chinois a emprisonné ces dénonciateurs, les a punis, les a
contraints à se rétracter et a délibérément dissimulé l’épidémie.
Si le gouvernement chinois s’était comporté comme tout gouvernement
responsable, s’il avait envoyé des professionnels de la santé et mis en
quarantaine les personnes infectées, il est très possible que l’épidémie aurait
été contenue sous la forme d’une épidémie régionale. Au lieu de cela, elle est
devenue une pandémie mondiale, qui a coûté la vie à plus de 500 000 personnes,
et des milliards de dollars dans le monde entier. Le gouvernement chinois a
volontairement, sans hésitation, permis que ces 500 000 vies soient perdues,
car, pour lui, essayer de sauver la face, tenter de retarder la révélation de
l’épidémie, était plus important qu’un demi-million de vies humaines.
– M. Weingarten : L’Amérique
doit-elle se dissocier de la Chine, en quoi devrait consister cette
dissociation et comment devons-nous nous y prendre pour y parvenir ?
– Sén. Ted Cruz: Je
pense que la conséquence la plus importante de la pandémie de coronavirus en
matière de politique étrangère sera une réévaluation fondamentale des relations
des États-Unis avec la Chine. Pendant bien trop longtemps, les voix des deux
parties à Washington se sont contentées d’être les apologistes de la Chine, de
minimiser le risque, d’excuser l’oppression, la torture, le meurtre, les
mensonges, tout cela à la recherche d’un dollar supplémentaire qu’ils croyaient
pouvoir gagner avec le commerce mondial.
Dans les années à venir, j’espère que nous assisterons à une
dissociation significative d’avec la Chine. Cela ne signifie pas pour autant
qu’il faille rompre complètement et totalement tous les liens économiques. Nous
sommes capables de faire du commerce avec nos concurrents et avec nos ennemis.
Cela signifie qu’il faut être absolument clair sur qui sont les communistes
chinois et sur le fait qu’ils sont nos ennemis.
Cela signifie également qu’il ne faut pas permettre aux États-Unis
d’être vulnérables à l’agression communiste chinoise. Le gouvernement chinois a
systématiquement ciblé les infrastructures critiques, les besoins essentiels de
l’économie américaine et de la vie des citoyens américains.
Je pense que nous devons modifier fondamentalement notre chaîne
d’approvisionnement afin que les infrastructures essentielles ne dépendent pas
de la Chine.
Le gouvernement chinois a délibérément, stratégiquement et
systématiquement ciblé la production pharmaceutique, en créant des cartels pour
chasser la production américaine et attirer en Chine une grande partie de la
production mondiale, de sorte que nous sommes aujourd’hui incroyablement
dépendants de la Chine pour toute une série de produits pharmaceutiques – des
antibiotiques aux médicaments contre l’hypertension, en passant par la médecine
cardiaque, les médicaments contre la maladie d’Alzheimer, le cancer, l’anxiété
et la dépression – sans parler des ÉPI (équipement de protection individuelle)
allant des masques et des gants aux blouses.
Au milieu de cette pandémie, au moins un média contrôlé par l’État
chinois a explicitement menacé de mettre fin à l’exportation de produits
pharmaceutiques vitaux aux États-Unis comme outil de guerre économique.
S’il l’avait fait, il ne s’agirait pas d’une guerre économique, mais
bien d’une véritable guerre. Ce serait littéralement menacer la vie de millions
d’Américains.
Il est insensé que les États-Unis laissent la santé, la sécurité et la
vie de nos citoyens dépendre des caprices et des bonnes grâces du gouvernement
communiste chinois. C’est pourquoi je mène un combat incessant au Sénat pour
que nos infrastructures essentielles et nos biens de première nécessité
quittent la Chine et reviennent en Amérique.
De même, en ce qui concerne les minéraux rares, la Chine a
systématiquement ciblé ce qu’elle perçoit comme des vulnérabilités
structurelles pour la sécurité nationale et l’économie des États-Unis, en
conduisant à la faillite la production américaine de minéraux rares et en
rendant l’Amérique dépendante de la Chine.
Permettre que cela
continue est une folie.
C’est pourquoi j’ai déposé une loi, l’ORE Act,
dans le but de créer de fortes incitations à ramener aux États-Unis
l’exploitation et la production de minéraux rares, afin que de la sécurité
nationale à la haute technologie, nous ne soyons pas prisonniers de l’extorsion
des Chinois.
– M. Weingarten : Comment
pouvons-nous finalement triompher dans le domaine de la technologie de réseau
5G et plus généralement, étant donné les efforts soutenus par l’État chinois
pour dominer dans tous les grands domaines technologiques, et la volonté de
mentir, de tricher, de voler et d’opérer sur une base économique ? Comment
notre approche du marché, au moins relativement libre, triomphera-t-elle en fin
de compte ?
– Sén. Ted Cruz: Parce que
nous sommes plus forts, et que les principes sur lesquels notre nation a été
fondée ont bien mieux fonctionné que les principes de la dictature totalitaire,
sur lesquels le régime chinois est basé.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une stratégie globale pour combattre
et vaincre le gouvernement communiste chinois. La meilleure analogie moderne
est la vision de Ronald Reagan pour faire face à l’Union soviétique et la
vaincre.
Tout comme la Chine communiste actuelle, l’Union soviétique était un
régime maléfique et répressif, qui exportait la misère et la souffrance dans le
monde entier et qui était engagé dans des luttes locales pour le pouvoir contre
les États-Unis.
L’Administration Reagan, menée par des dirigeants tels que l’ambassadeur
Jeane Kirkpatrick, a
commencé par évaluer clairement qui était l’ennemi.
Lorsque Ronald Reagan a décrit l’Union soviétique comme étant l’«Empire du mal», l’intelligentsia, ici à
Washington, a piqué une crise de nerfs.
Lorsque Reagan a prédit à juste titre que le marxisme-léninisme finirait
sur le tas de cendres de l’histoire, une fois de plus, les analystes soi-disant
sophistiqués de l’académie, du monde des «Think
Tanks», de la presse et des établissements du parti démocrate et du parti
républicain ont tous secoué la tête devant la simplicité d’esprit de ce cow-boy
occidental venu occuper la Maison-Blanche.
Lorsque Reagan se tenait à quelques centaines de mètres de la porte de
Brandebourg et qu’il prononça les mots immortels « M. Gorbatchev,
abattez ce mur », cette clarté, ces mots, cette vision, ont
fait plus pour libérer l’humanité que n’importe quels mots de n’importe quel
dirigeant des temps modernes.
L’Administration Reagan a reconstruit notre armée, a mis en œuvre
l’Initiative de défense stratégique, a réduit les impôts, a diminué les
réglementations, a suralimenté l’économie, a mis en évidence les violations des
droits de l’homme et les atrocités de l’Union soviétique … et tout cela s’est
combiné pour mettre l’Union soviétique en faillite, car elle ne pouvait pas
suivre. Son système économique en faillite ne pouvait pas imiter la puissance
de la libre entreprise américaine, ni le pouvoir aveuglant de la vérité. Les
dictatures communistes craignent la vérité et la mise en lumière de leurs
régimes. Nous avons besoin de la même clarté lorsqu’il s’agit de [la Chine].
Au Sénat, je me suis efforcé de mettre en lumière, encore et encore, les
mensonges, l’oppression et le meurtre chinois. …Un exemple : Il y a plusieurs
années, j’ai présenté un projet de loi visant à rebaptiser la rue située devant
l’ambassade de Chine «Place Liu Xiaobo»
en l’honneur du célèbre prix Nobel de la paix en Chine qui a été emprisonné à
tort.
Je me suis rendu à plusieurs reprises au Sénat pour faire adopter cette
loi. Plusieurs fois, la sénatrice Dianne Feinstein est venue s’y opposer. Elle et moi, nous nous sommes
disputés sur le parquet du Sénat. Elle a dit : « Si nous faisons cela,
nous allons embarrasser le gouvernement chinois », ce à quoi j’ai
répondu : « Ce n’est pas une erreur, c’est une caractéristique. C’est
l’objectif : embarrasser ces voyous tyranniques et meurtriers. »
La stratégie était
une stratégie empruntée à Ronald Reagan.
M. Reagan, de même, a renommé la rue devant l’ambassade soviétique «Sakharov
Plaza» en l’honneur du célèbre dissident
soviétique.
Après que Mme Feinstein se soit opposée à
plusieurs reprises à ma législation, j’ai décidé d’utiliser une plus grande
influence pour la faire avancer. J’ai mis en attente tous les candidats du Département
d’État proposés par le président Obama.
L’Administration Obama a été profondément
consternée par cette utilisation de mon influence et m’a demandé : « Que
pouvons-nous faire pour que vous cessiez cette emprise ?»
J’ai répondu : « C’est très simple. Faites passer ma loi.
Obtenez que Mme [Feinstein] lève son objection. »
Ils m’ont demandé : « Peut-on adopter la résolution à la place ? »
J’ai dit : « Non, je veux une loi contraignante qui ordonne de
renommer la rue. »
Finalement, l’Administration Obama a cédé. Mme
Feinstein a retiré son objection, et la loi a été
adoptée par le Sénat à 100 contre 0.
Malheureusement, cette loi a été sabordée à la Chambre des
Représentants, contrôlée par les Républicains, lorsque le Représentant Jason Chaffetz a refusé de lui permettre d’aller de l’avant. J’ai
essayé d’intervenir directement auprès de M. Chaffetz,
mais il a exprimé le même désir que Mme Feinstein, à
savoir ne pas embarrasser le gouvernement chinois.
En fin de compte, cependant, cette législation a produit un changement
significatif. Lorsque l’Administration Trump a
commencé son mandat, Liu Xiaobo était décédé, mais sa
veuve, Liu Xia, était toujours en Chine – retenue
contre son gré, n’ayant pas le droit de quitter le pays. En effet, elle n’avait
jamais pu récupérer l’argent du prix que son mari avait remporté comme gagnant
du prix Nobel de la paix. J’ai pris le petit déjeuner avec le secrétaire d’État
de l’époque, Rex Tillerson, et il m’a dit que lors de
ses discussions avec ses homologues chinois, lorsqu’ils ont énuméré leurs trois
principaux objectifs diplomatiques, l’un d’eux était d’empêcher que la rue soit
rebaptisée devant leur ambassade.
Prenez une seconde pour réfléchir aux raisons pour lesquelles cet
objectif était si important dans leurs priorités diplomatiques.
Le régime chinois craint que la lumière ne soit faite sur ses
agissements. Il craint la vérité. Une partie de la beauté de la stratégie de
Reagan avec la place Sakharov [était] qu’à chaque fois que vous vouliez écrire
une lettre, à chaque fois que vous vouliez donner des instructions à l’ambassade,
vous deviez reconnaître le nom du dissident, le dire tout haut. La tyrannie prospère
dans l’obscurité.
J’ai dit à M. Tillerson de se sentir libre de
me donner le rôle du méchant, de dire que j’avais l’intention de continuer à
faire pression pour faire passer la législation. Je pensais que nous pouvions y
parvenir, et j’ai fait remarquer que nous avions déjà réussi à la faire passer
une fois à l’unanimité au Sénat, de sorte que cette menace était réelle et
tangible.
Mais j’ai également dit à [Tillerson] qu’il
pouvait dire aux Chinois que s’ils libéraient Liu Xia,
j’arrêterais d’insister sur ce combat particulier. Peu de temps après, la Chine
a libéré Liu Xia. C’est un exemple qui montre à quel
point la Chine est terrifiée par la révélation de sa tyrannie.
Un autre exemple est la réaction hystérique que la Chine a eue devant
l’envoi par le directeur général des Rockets de Houston, Daryl Morey, d’un tweet bénin sur Hong
Kong (qui disait : «Battez-vous pour la liberté. Soutenez Hong Kong.») . Je suis de Houston et un fan inconditionnel des Rockets,
donc je sais qui est Morey, mais la plupart des gens
ne le savait pas avant que le gouvernement chinois ne réagisse de façon
dramatique, en menaçant de prendre des mesures économiques punitives, ce qui a
fait ramper les entreprises américaines.
La NBA s’est excusée avec effusion auprès des seigneurs chinois, de
nombreuses stars de la NBA ont loué la générosité des Chinois, et Nike s’est fait le complice
enthousiaste de la censure du gouvernement chinois.
Tout cela a montré, tout d’abord, le pouvoir qu’exerce la Chine – son
principal pouvoir aujourd’hui est économique, plutôt que directement militaire.
Les entreprises américaines, les entreprises mondiales, sont tellement
désireuses d’accéder au marché chinois qu’elles serviront volontiers de
caniches de la censure chinoise comme l’exige le Parti communiste.
Hollywood est un
autre exemple de cette servilité.
Deuxièmement, cette réaction excessive des Chinois montre à quel point
le régime chinois est terrifié par les deux millions de personnes qui défilent
pour la liberté à Hong Kong. C’est pourquoi, en octobre dernier, lors de mon
voyage en Asie, j’ai pris l’avion pour Pearl Harbor,
puis pour le Japon, puis pour Taïwan, puis pour l’Inde, et enfin pour Hong
Kong.
Il s’agissait d’une tournée des principaux amis et alliés de la Chine.
Le point central du voyage était la menace croissante et massive que représente
la Chine. Lorsque j’étais à Hong Kong, j’ai rencontré les manifestants et les
militants pour la démocratie. Je me suis habillé tout en noir et j’ai fait une
émission du dimanche par satellite, vêtu tout en noir en solidarité avec les
manifestants parce que c’est cette mise en lumière que la Chine craint le plus.
Maintenant, avec cette mise en lumière, cette révélation publique de la
dissidence, cette mise en évidence de l’oppression, de la torture et du meurtre
en Chine, nous avons besoin d’une législation et d’une politique, réelles et significatives, afin de dissocier notre économie
et éviter d’être vulnérables.
C’est pourquoi j’ai présenté plus d’une douzaine de textes législatifs
portant sur les minéraux rares, la recherche, le développement et la fabrication
de produits pharmaceutiques, la censure hollywoodienne, la propagande du parti
communiste aux États-Unis sur les ondes, [et] la censure du régime chinois qui
a entraîné la pandémie mondiale de coronavirus et a coûté la vie à plus de 500
000 personnes.
C’est pourquoi je continue à faire pression sur tous les fronts, à
utiliser tous les outils, tous les leviers dont nous disposons, pour gagner
cette compétition stratégique mondiale que nous menons contre le gouvernement
communiste chinois.