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POURQUOI LE
TERRORISME FONCTIONNE-T-IL ?
Par Alan M. Dershowitz est professeur de droit à l'université d'Harvard. Il est l'auteur de "Why Terrorisme Works" .
Cet article a été publié dans le quotidien canadien, le
National Post.
Traduit et diffusé par
Dina SOREK, Ministre-conseiller à l'information près l'Ambassade d'Israël à
Paris le 6/12/02
Si, un jour, un visiteur d'une galaxie lointaine arrivait dans une université américaine ou canadienne, et lisait attentivement quelques-unes des pétitions qui peuvent s'y trouver, il arriverait certainement à la conclusion que la terre est une planète paisible, équitable, avec, pour méchant, une seule nation infâme, bien décidée à détruire la paix et à violer les droits de l'homme. Ce pays ne serait pas l'Irak, ou la Libye, ou encore la Serbie, la Russie ou même l'Iran. Ce serait Israël.
Ce visiteur intergalactique se demanderait quel crime cet état paria, Israël, aurait bien pu commettre pour mériter cette version économique d'une peine capitale.
Et s'il se décidait de trouver une bibliothèque pour étudier cette planète, il découvrirait qu'Israël est une démocratie vivante avec la liberté de parole, la liberté de la presse et la liberté religieuse. Entourée d'états tyranniques aux régimes non-démocratiques, la plupart desquels cherchant activement à l'anéantir. Il apprendrait qu'en Egypte, les homosexuels sont régulièrement mis en prison et menacés de peine de mort; qu'en Jordanie, les individus soupçonnés de terrorisme ou de dissidence sont torturés, et que si la torture ne s'avère pas efficace, on amène les membres de leur famille pour les menacer, eux aussi, de tortures; qu'en Arabie Saoudite, une femme ayant eu des rapports sexuels hors-mariage est décapitée; qu'en Irak, les opposants au gouvernement sont assassinés, que ces assassinats s'effectuent de façon régulière et souvent en masse, et qu'aucune opposition ou dissidence n'est permise; qu'en Iran, les membres des groupes religieux minoritaires, tels les baha-i ou les juifs, sont mis en prison et parfois exécutés; que dans toutes ces nations qui entourent Israël, des idées et des publications de nature antisémite sont très souvent diffusées sur les chaînes de radio et de télévision financées par l'état; qu'en Arabie Saoudite, une politique d'«apartheid» est pratiquée à l'encontre des non-musulmans, des zones spéciales réservées aux musulmans et aux non musulmans; que la Chine occupe le Tibet depuis un demi-siècle; que dans certains pays africains, une femmes ayant enfreint les interdits sexuels est lapidée; qu'il y a des pays dans le monde où l'esclavage existe toujours; et que dans l'histoire récente les génocides continuent avec des protestations sans lendemain.
L'occupation israélienne de la CisJordanie et de la bande de Gaza - qu'Israël a d'ailleurs proposé d'y mettre un terme en échange de la paix - serait-elle pire que l'occupation chinoise du Tibet? Les tactiques utilisées par Israël pour lutter contre le terrorisme seraient-elles pires que celles employées par les Russes contre les terroristes tchétchènes? Les états arabes ou musulmans seraient-ils plus démocratiques qu'Israël? Dans quel pays arabe ou musulman peut-on trouver une institution comparable à la cour suprême israélienne, qui se prononce souvent en faveur des demandeurs palestiniens contre le gouvernement Israélien et l'armée israélienne? Est-ce que l'absence de peine capitale en Israël - phénomène unique au Proche-Orient - ferait d'Israël un état plus barbare que d'autres pays où les dissidents sont décapités, pendus ou fusillés? La politique israélienne de l'implantation, que 78% des israéliens seraient prêts à arrêter en échange de la paix - serait-elle pire que les tentatives chinoises de génocide au Tibet? La politique israélienne d'égalité complète, au sein de l'armée et de la Knesset, quant aux homosexuels déclarés serait-elle pire que la politique de persécution pratiquée dans les pays musulmans envers toute personne à sexualité différente de celle dite «majoritaire»? L'engagement israélien à l'égalité des femmes serait-il pire que l'apartheid sexuel pratiqué en Arabie Saoudite?
Notre visiteur serait certainement perplexe en écoutant les prétextes qu'utilisent universitaires et étudiants pour expliquer comment et pourquoi ils sont prêts à délégitimer Israël, tout en restant muet en ce qui concerne les bien pires abus commis par d'autres pays. Et s'il interrogeait un étudiant sur ces abus commis par d'autres pays, il obtiendrait la réponse que j'ai moi-même obtenue: "Ne changez pas de sujet. On parle d'Israël maintenant". Cela me rappelle un incident des années 1920, avec A. Lawrence Lowell, à l'époque président de l'université d'Harvard. L. Lowell avait décidé qu'il fallait diminuer le nombre de juifs admis à Harvard, parce que "les juifs trichent", dit-il. Quand un ancien étudiant distingué d'Harvard, le juge Learned Hand, remarqua que les protestants trichaient aussi, Lowell répondit: "Ne changez pas de sujet, on parle des juifs maintenant!"
Il n'est donc pas surprenant qu'Andrew Sullivan, écrivain prudent et responsable, ancien éditeur du «The New Republic» et actuellement écrivain pour «The New York Times Magazine» ait conclu qu'un antisémitisme fanatique, qui est équivalent ou même pire que celui d'Hitler, est devenu la norme culturelle dans la majorité du Proche-Orient et au-delà; il est devenu l'âcre élément unissant Saddam, Arafat, Al-Qaeda, Hezbollah, l'Iran et les saoudiens. Tous haïssent les juifs et voudraient les voir anéantis.
Après avoir pris tous ces renseignements, notre voyageur intergalactique se demanderait sans doute sur quelle genre de planète il est-il arrivé. Est-ce que tout est à l'envers chez nous? Connaissons nous la différence entre le bien et le mal? Nos universités enseignent-elles la vérité?
Voilà quelques questions que nous nous devons de poser, si nous ne voulons pas que notre monde devienne celui que notre visiteur aurait trouvé s'il était arrivé en Europe pendant les années 1930 et 1940 du siècle dernier.