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LE CRIME NE DOIT PAS PAYER

 

Par Moshé Arens, ancien ministre de la Défense d'Israël

Article paru dans Haaretz le 20 janvier 2004

Traduit par Albert Soued, www.chez.com/soued

 

"Le crime ne doit pas payer", cela devrait être la devise de toutes les sociétés civilisées. La loi punit les criminels et dissuade ainsi les autres d'en faire autant. Un monde où le crime reste impuni mène tout droit à la jungle et à l'anarchie. Ceci est aussi vrai pour des individus qui commettent des crimes que pour des nations qui agressent criminellement d'autres nations. L'agression ne doit pas être récompensée, elle doit être punie. Il faut espérer que Saddam Hussein et ses admirateurs dans le monde aient maintenant compris la leçon.

La règle de conduite acceptée jusqu'ici sur le plan international est qu'un pays commettant une agression ne doit pas être "récompensé", après avoir été défait, notamment par la restitution de territoires perdus dans une guerre qu'il a initiée. La violation d'une telle règle est l'invitation explicite à une nouvelle agression.

 

De même, on ne peut accepter qu'un agresseur défait demande la restitution de territoires perdus comme condition pour mettre fin à une guerre qu'il aurait commencée; en d'autres termes, on ne peut accepter qu'un agresseur défait dise "rendez moi les territoires conquis si vous voulez la paix".

L'Allemagne n'a pas demandé  et ne demande pas aujourd'hui le retour de territoires perdus en Pologne lors de la dernière guerre; et le Japon ne demande pas la restitution de la Corée ou de la Mandchourie perdues lors de sa guerre d'agression en Extrême Orient.

 

Or ce schéma international ne semble pas vouloir s'appliquer à Israël et à ses voisins arabes. L'Egypte a attaqué 4 fois Israël, en 1948, en 1957, en 1967 et en 1973 et elle a défaite les 4 fois. Pourtant ce pays a insisté que le Sinaï perdu durant ces guerres d'agression lui soit restitué. C'était la condition que l'Egypte a imposé pour terminer une guerre qu'elle a commencé! Et Israël a accepté cette condition! On n'a pas prêté attention aux implications morales d'une telle attitude, "récompenser l'agresseur au lieu de le punir". On a négligé les conséquences pour l'avenir d'un tel précédent.

Si le premier ministre Begin a espéré que le traité de paix avec l'Egypte constitue pour les livres d'histoire l'"exception qui confirme la règle qu'un agresseur soit puni pour ses crimes", eh bien il s'est trompé!

Les litanies "territoires contre la paix" et "retour aux frontières de 1967" sont nées à Camp David en 1977 et, depuis, elles sont devenues la hantise de notre pays.

 

Maintenant c'est le tour de la Syrie qui a attaqué Israël 3 fois, en 1948, en 1967 et en 1973, sans succès en 1948, et subissant une grande défaite en 1967/1973, perdant le contrôle des hauteurs du Golan. Depuis très longtemps la Syrie encourage les terroristes du Hezbollah à attaquer Israël et elle héberge à Damas le siège d'organisations terroristes palestiniennes. Suivant l'exemple de l'Egypte, la Syrie demande la restitution des territoires perdus dans ses guerres d'agression et qu'Israël revienne aux frontières de 1967! La nouvelle doctrine "des territoires pour la paix" est aujourd'hui tellement bien ancrée dans la pensée des gens partout dans le monde, y compris dans celle de nombreux Israéliens, que cette exigence outrageuse semble être tout à fait normale ou raisonnable.

 

On a tendance à oublier que cette formule dénuée de sens moral a été utilisée par Hitler en 1939, quand il a déclaré qu'il laisserait l'Europe en paix, si les territoires polonais perdus lors de la 1ère guerre mondiale lui était cédés.

Les Syriens n'ont pas exigé cela des Turcs qui ont annexé la province d'Alexandrette en 1937, sachant parfaitement ce qui leur arriverait s'ils faisaient une telle demande de restitution. Mais Israël a maintenant la réputation d'une poire juteuse. Ayant cédé le Sinaï à l'Egypte pourquoi ne céderait-elle pas le Golan à la Syrie?

Comme au Sinaï, au Golan il n'y a pas de "problème démographique" à nous lancer au visage. Le bon sens et les règles de conduite admises sur le plan international devraient inspirer la réponse de notre pays aux "ouvertures" de Bashar el Assad. Nous sommes bien entendu prêts à négocier un traité de paix avec la Syrie. Mais on doit simplement dire à Bashar el Assad "oublies le Golan et estimes-toi heureux si on ne te présente pas la facture de tous les dégâts causés à Israël et à ses citoyens, par ta conduite agressive durant 56 ans. Si tu saisis ce discours, nous serions heureux de nous asseoir et de discuter. Et surtout n'oublie pas, le crime ne paie pas!"

 

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