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OUM EL FAH'M, PALESTINE
(la
"mère" du charbon)
Par Matti Golan, ex-rédacteur en chef
de Haaretz et de Globes
Paru dans le Jerusalem Post du 10 mars
2004.
Traduit par Bertus www.nuitdorient.com
La querelle médiatique de cette semaine
entre Moshé Yaa'lon, chef d'état major de Tsahal et Ariel Sharon, premier
ministre d'Israël ne concernait nullement l'intérêt du retrait unilatéral de
Gaza, mais plutôt "la façon de le faire". Il semblerait que le général
Yaa'lon n'écarterait pas l'hypothèse qu'une telle annonce du retrait de Gaza
ait pu provoquer l'escalade de la terreur que l'on constate. Il ne dit pas
qu'il ne faut pas se retirer de Gaza, mais que le retrait sous le feu risque de
coûter encore plus de vies.
Alors pourquoi ne pas extrapoler cette
idée de retrait de territoires peuplés par des arabes pour les donner à une
souveraineté palestinienne? Il est probable que le temps soit venu d'envisager
sérieusement un débat pour remettre des villages palestiniens sous souveraineté
israélienne dans le berceau de la Palestine, comme Oum El Fah'm et d'autres
villages du triangle, et même des villages arabes contigus au territoire actuel
de l'Autorité Palestinienne.
Lorsque l'idée a été soulevée lors du
festival de la Haye autour de la barrière de sécurité, le député arabe de la
Knesset, Azmi Bishara l'a critiquée, parlant de "racisme".
"Nous n'avons pas immigré vers
l'état d'Israël, c'est l'état d'Israël qui est venu vers nous et vers nos
parents comme entité sioniste. Alors pourquoi avons-nous besoin de nous
excuser? Que sommes-nous, des immigrants ou des travailleurs étrangers?"
Pourtant en changeant de souveraineté
de cette manière, les israéliens d'origine arabe ne seraient pas déplacés de
leurs villages; il n'y aurait pas de transfert physique, toujours douloureux,
mais un simple changement de nationalité. Ce n'est pas un échange de citoyens,
mais de souveraineté. Ainsi le député Azmi Bishra, au lieu d'être israélien
aurait un passeport palestinien. Où est le mal? La question à cent shekels est "comment
se fait-il qu'un nationaliste palestinien comme Bishara puisse refuser la
citoyenneté palestinienne?"
J'essaye d'imaginer ce qui arriverait
dans mon cas, si je vivais dans un état palestinien et qu'on me propose de
devenir israélien avec tout mon village, sans quitter ma maison! Que
pourrais-je demander de plus? Or ces arabes ne disent pas "Nous sommes
tout simplement Israéliens, point!" mais ils disent l'inverse, avec leur
représentant le plus véhément, Azmi Bishara, ils disent qu'ils sont
palestiniens, tout en restant citoyens israéliens!
Il y aurait trois explications à cette
attitude.
La première est que Bishara et Cie sont simplement plus à
l'aise en Israël qu'ils ne le seraient de l'autre côté de la barrière. Après tout
cet homme n'est pas stupide, il connaît la situation des territoires autonomes
qu'il visite et il doit se dire "youp! Je suis un sacré veinard de vivre
en Israël!" Il est vrai aussi qu'il est plus facile de se battre pour la
Palestine à partir d'Israël que des territoires autonomes.
Ainsi la seconde explication est que Bishara travaille pour sa
patrie, la Palestine. Comme pour beaucoup de ses concitoyens arabes israéliens,
pour Bishara, vivre en Israël est une façon de contribuer à la lutte pour la
Palestine. Ils constituent en quelque sorte une 5ème colonne, sans
nécessairement aider les terroristes; mais par leur présence ici, par leur
influence politique, ils rendent plus difficile la lutte contre la terreur.
La troisième et la plus importante explication est la
situation démographique. Le rêve de tout arabe israélien est un état
Palestinien pour tous les citoyens (du Jourdain à la mer), avec une majorité
arabe, ce qui signifie la fin d'un état juif.
La question est de savoir comment
réagir, car pour le moment nous "jouons à l'autruche", en disant que
le problème trouvera sa solution, le moment venu. Seulement à ce moment là, il
sera peut-être trop tard, car le problème serait résolu de lui-même!
Il faut savoir que parler de céder des
territoires israéliens peuplés par des arabes n'est pas très populaire ici, et
pourtant la chose n'est pas si compliquée que cela.
Il n'y a aucun fondement de
"racisme" dans l'idée de transférer ou d'échanger la citoyenneté de
territoires sur le plan géographique. Car on peut demander aussi aux
Palestiniens pourquoi ils refusent qu'il y ait des Juifs sur leurs territoires,
pourquoi ils demandent que les habitants des implantations en Judée, en Samarie
et à Gaza soient transférés physiquement sur le territoire d'Israël, provoquant
ainsi un déplacement douloureux de populations!
Alors quelle est la solution la moins
pire? Procéder à l'échange de territoires ou déplacer des populations? (1)
Notes: les parenthèses sont le fait du
traducteur.
(1) un problème demeure néanmoins, celui
des territoires vides de population arabe et qui sont stratégiques pour la
sécurité d'Israël, notamment les points culminants de Judée et de Samarie, les
zones frontalières du côté du Jourdain et la frontière-passoire avec l'Egypte,
à Gaza.
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