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UNE PHOTO PLEINE D'ENSEIGNEMENTS
Par N.R. Cohen Tanugi - Le Lien, Hakesher n°243 - 31 mars 2005
Au
moment où l’on parle pour la nième fois
de paix, cette paix qu’Israël cherche, quémande même, vainement depuis près de
60 ans, et le peuple juif depuis plus de 2000 ans, il serait temps de se
souvenir que jamais, au grand jamais, depuis que le monde est monde, la paix
n’a été le fruit d’un contrat, d’un traité, d’un papier, ni d’un accord
politique, contrairement à ceux qui répètent que la solution, avec les
Palestiniens, les islamo-terroristes, et autres Tchétchènes, est d’abord et
avant tout politique.
Si tout est
"politique", pourquoi donc la France maintient-elle sa force nucléaire
de dissuasion ? Pourquoi l’Amérique, la Russie en font-elles autant ?
Pourquoi le club très fermé des cinq puissances atomiques se réserve-t-il
l’exclusivité de ces armes et interdit-il au reste du monde le droit qu’il
s’est arrogé pour lui-même ? Pourquoi
en 1973, Sadate, à la veille de la guerre de Kippour, a-t-il demandé à l’expert
français, le Général Gallois, jusqu’où il pouvait avancer sans qu’Israël n’use
de sa force nucléaire et pourquoi le Général Gallois lui a-t-il
répondu : "Tant que vous ne pénétrez pas sur leur
territoire" ?
Pourquoi l’Egypte,
la Syrie, l’Iran ou Saddam Hussein n’ont-ils plus tenté d’attaquer
Israël ? Pourquoi tentent-ils de priver Israël de son arme de dissuasion ?
Pourquoi les Alliés ont-ils exigé en 1945 et avant toute chose le désarmement
de l’Allemagne et du Japon ?
Et inversement, pourquoi les Aztèques et les Mayas ont-ils
été effacés de la carte du globe ? Pourquoi les noirs d’Afrique ont-ils
subi un terrible esclavage pendant plusieurs siècles ? Pourquoi les Juifs
ont-ils été persécutés pendant deux mille ans ? Pourquoi la Shoah
a-t-elle été possible ?
"Malheur au prophète
désarmé", écrivait
Machiavel. Le destin des peuples
est souvent dicté par la force ou la faiblesse des armes. Le terrorisme en est la
preuve a contrario et paradoxale : il est l’arme de ceux qui n'ont pas d'armée.
Ben Laden, les islamo-terroristes, les Palestiniens n'auraient sûrement pas
choisi le terrorisme s’ils avaient la puissance militaire et l’arme nucléaire.
Tel
est le message de la photo d'Auschwitz survolé par un avion de
l’armée de l’air israélienne. Hier et aujourd'hui...
Parce que nous étions faibles, désarmés et vulnérables, les
Nazis, avec la complicité d’une bonne partie de l’Europe et dans l’indifférence
du monde, ont vidé l’Europe de 10 millions de juifs dont six anéantis en
Pologne, ce tombeau des Juifs. Aujourd’hui, ces avions de combat qui survolent
le camp sont la seule garantie pour les Juifs et Israël.
Effacez les avions dans le ciel et il ne reste que l’image
lugubre d’Auschwitz et la rumeur antisémite qui monte et se répand comme la
peste sur sa terre de prédilection, l’Europe.
C’était pour éliminer l'Etat juif que hier Saddam Hussein et
Khadafi rêvaient de l’arme atomique et qu’aujourd’hui la Syrie et Ben Laden en
rêvent tandis que l’Iran entreprend de s’en doter en proclamant urbi et orbi
son intention d’anéantir Israël.
C’est pourquoi le rusé Moubarak, avec la complicité d’El
Baradei, complote en faveur de la dénucléarisation d’Israël.
Pour savoir quoi penser de "l'offre de paix"
arabe, relancée à Alger le 23 février, il suffit de noter - avec ironie ! - la
nouvelle exigence arabe pour une "paix" avec Israël qui devra
renoncer en plus à ses armes de dissuasion !
Car Israël se trouve dans une situation extrêmement rare
dans l’Histoire : ses ennemis ne veulent pas le faire plier, ne veulent
pas le dominer, ne veulent pas lui dicter leurs conditions, lui imposer la
paix. Ils veulent le rayer de la carte et le disent ouvertement. Ni l’Allemagne
ni le Japon n’avaient contre la France ou l'Angleterre, cet objectif lors de
la deuxième guerre mondiale. Ni l’Algérie, ni l’Indochine n’avaient cet
objectif avec la France, ni l’URSS avec les USA ni les USA avec l’URSS.
Dès lors, ce n’est pas un traité de papier qui peut garantir
l’existence de l’état d’Israël mais sa seule supériorité militaire. Et c’est
grâce à cette couverture que l’Etat juif peut s’aventurer à la paix. Une paix
armée face à des adversaires désarmés. Il n’y a aucune autre paix possible.
La chute de Saddam, la rentrée dans le rang de Kadhafi, la
défaite de l’Intifada et la mort d’Arafat sont un grand pas vers une possible
paix. Mais la vraie paix ne sera crédible que lorsque la Syrie, le Hezbollah et
le Hamas seront désarmés et l’Iran dénucléarisée, que si l’idéologie
islamiste, impérialiste et antisémite, est détruite.
Ceux qui imaginent qu’une "garantie internationale"
permettrait de brûler les étapes sont pleins d’illusions. Les garanties internationales
ont-elles sauvé la Tchécoslovaquie en 1939 ? Israël est déjà un Etat légalement
reconnu par l’ONU et autres instances internationales. A ce titre, l'ONU, et
Kofi Annan en premier, ne devraient pas tolérer que des membres, l’Irak hier,
l’Iran aujourd’hui, appellent ouvertement à la destruction d'un Etat membre de
l'ONU !
Les Romains avaient un dicton sage et célèbre : "Si tu veux la paix prépare la guerre".
Israël doit aller encore plus loin car "préparer la guerre" n'est pas
suffisant dans son cas, il doit, de plus, se "préparer à la gagner"
Car tel est le défi qu'Israël doit relever : gagner et ne
jamais perdre. La défaite n'est pas une hypothèse imaginable pour l'Etat juif
car perdre c'est disparaître. Pour Israël, il ne peut y avoir d'autre paix
qu'armée.
En fin de compte, le vrai pacifisme n'est pas l'idolâtrie de
la paix, les concessions à n'importe quel prix, ou l'appel vertueux à la
fraternisation, mais l'alternative laissé à celui qui a choisi de vous faire la
guerre, entre une défaite par les armes avec l'inévitable diktat du vainqueur
au vaincu, ou la recherche d'un compromis honorable.
Si l'on parle tant de paix entre Israël et les pays arabes,
c'est bien parce que ces derniers ont à plusieurs reprises tenté de parvenir à
leurs fins en écrasant militairement Israël et parce qu'ils ont perdu à chaque
fois et concédé des terres au lieu d'en conquérir. Jamais Israël n'a abusé de
sa victoire, et en 1948, comme en 1967 il a proposé la restitution de ses
conquêtes contre l'abandon par les pays arabes de leur volonté d'élimination de
l'Etat juif.
Seule l'Egypte après la défaite de la guerre de Kippour a
accepté l'offre.
Arafat a cru qu'il obtiendrait par le terrorisme ce qu'il
n'avait pas obtenu par la guerre: là encore l'échec a été total.
Aujourd'hui, une nouvelle tentation s'est emparée des
Palestiniens et quelques autres pays arabe: c'est d'utiliser la paix comme une
arme de guerre, profiter du répit pour faire de la Cisjordanie et de Gaza des
plate-formes d'assaut contre un Israël qui aurait baissé sa garde et surtout
auquel on aurait supprimé la garantie des armes dissuasives.
Etre pacifiste c'est tout simplement agir en sorte que cette
manœuvre soit d'abord dénoncée et ensuite mise en échec.
La paix ne surviendra que lorsque les Arabes auront
définitivement abandonné l'idée de détruire Israël. Si l'Europe connaît
aujourd'hui la paix c'est bien parce que les nations qui la compose ont renoncé
à l'unifier à leur profit.
La campagne de diabolisation d'Israël, la propagande
antisémite, le négationnisme, les tentatives d'affaiblir militairement Israël,
prouvent que les Arabes n'en sont pas là.
Israël doit être pacifiste comme l'était Roosevelt: je tends
la main droite à mes adversaires, disait-il, en tenant dans ma main gauche un
gros gourdin dans mon dos.
La paix n'est jamais que l'un des termes d'une alternative:
"Paix ou Guerre," il faut choisir ! Mais le paradoxe est que la paix
n'est jamais aussi proche que lorsqu'il n'y a plus à choisir…