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Les politiciens religieux sont une perversion
Par Shlomo Riskin, rabbin d'Efrat, Goush Tsion- http://www.ohrtorahstone.org.il/
Jerusalem Post, édition internationale du 4/10 mars 2011
Traduction par Albert Soued,
écrivain www.chez.com/soued
pour www.nuitdorient.com
Lévitique
½: "Parle aux
enfants d'Israël et dis-leur: Si quelqu'un d'entre vous veut présenter au
Seigneur une offrande de bétail, c'est dans le gros ou le menu bétail que
vous pourrez choisir votre offrande"
Mon maître et
mentor Rav Joseph B Sloveitchik parlait souvent des 2 grandes montagnes
mentionnées dans la Bible, le Mont Moriah où D. expédia Avraham pour sacrifier
son fils bienaimé Isaac et le Mont Sinaï où D. présenta la Torah aux Hébreux.
Il est
communément admis que le Mont Sinaï est le plus sacré, du fait que rien n'est
plus sacré sur terre que la Torah, d'essence divine. Cependant les Sages du
Talmud fondent la sainteté éternelle sur le Mont Moriah seulement, sur lequel
nos 2 premiers Temples ont été érigés et qui sera aussi le fondement du 3ème
Temple. Par contraste, le Mont Sinaï avait reçu sa sainteté seulement pendant la
période où la voix divine a été entendue sur les hauteurs. Aujourd'hui, ce mont
n'est plus saint, et il a été rendu à l'Egypte, lors des accords de paix.
Pourquoi le Mont
Moriah est-il plus saint que le Mont Sinaï ?
Rav Sloveitchik
explique qu'alors qu'au Mont Sinaï, D. n'a fait que donner sa loi au peuple
hébreu, au Mont Moriah, Avraham était prêt à sacrifier son fils bienaimé. Mon
maître insistait sur le fait que la sainteté exigeait le sacrifice, le plus
haut niveau dans la sainteté.
Le Judaïsme
biblique a déployé tant d'efforts pour s'assurer que la religion fut perçue
comme le summum de la structure communale. Il a incorporé un engagement
national auquel tout le monde devait aspirer et pour lequel tout individu doit
être prêt au sacrifice, même de sa vie. C'est parce que le modèle Avraham/Isaac
a été adopté avec tant de sérieux que notre histoire est si trempée de larmes
et si imprégnée de sang, depuis les bébés hébreux noyés dans le Nil jusqu'aux récents
cimetières où tant de parents ont enseveli leurs enfants morts pour la patrie.
Et
paradoxalement, c'est grâce à ce modèle que nous avons survécu, et que nous
avons réussi à transmettre notre foi sacrée, jusqu'à ce jour. Ainsi, en
apparence, seul un engagement à D. qui mettrait notre avenir sur terre en péril
pourrait sécuriser le monde à venir, selon la vision de l'histoire.
Cependant, bien
que nous devons sacrifier notre confort matériel et même notre statut
professionnel ou social sur l'autel de nos idéaux religieux, nous n'oserons pas
mettre en avant ces idéaux comme marchepieds pour magnifier notre pouvoir ou
notre prestige personnel. Ces idéaux seraient alors corrompus car la
magnificence de l'ego en serait le but. Et la faible voix divine que nous
entendons serait alors masquée par le tumulte insidieux des slogans du pouvoir
politique.
C'est pourquoi
notre Bible a essayé de séparer le domaine religieux du pouvoir politique. Les
prêtres enseignants "cohanim" avaient pour but d'administrer le
Temple, et pas le Parlement. Le prophète était totalement indépendant du
monarque; il n'était ni nommé, ni payé par aucune officine royale. Lors de l'époque
hasmonéenne du 2ème Commonwealth, les "cohanim" sont
devenus la classe dirigeante politique et, de ce fait, ils ont annoncé la fin du 2ème
Temple. (Voir Nahmanide – Genèse 49/10).
Les membres du
Sanhedrin n'étaient pas nommés par le pouvoir politique et étaient totalement
indépendants, leur fonction étant déterminée par la piété et l'érudition
seulement. En l'absence de prophète, le roi était choisi par le Sanhedrin.
Seul un prophète
indépendant, comme Nathan – sans un siège au Parlement, ni un poste au
gouvernement, ni secrétaire, ni voiture avec chauffeur, mû par la seule voix de
D. qui vibrait dans son corps – a le courage de tenir tête au roi David, avec
ces fameux mots "tu es l'homme". Seul un personnage
indépendant et vraiment pieux peut faire descendre un roi de son trône et le
faire pleurer et avouer "j'ai péché devant D."
Quand la religion
devient une marchandise politique, quand les rabbins utilisent la religion pour
obtenir un pouvoir politique, au lieu de sacrifier des gains personnels au
profit de valeurs spirituelles, alors les valeurs religieuses sont sacrifiées
pour augmenter l'aura du rabbin-politicien.
Honte aux rabbins qui sortent
les rouleaux de la Torah de la Maison d'étude pour les hisser dans des
manifestations de rue menées par des "hooligans" – une expression
d'un pouvoir politique dont les hurlements noient d'une manière hideuse la
directive biblique "aimes ton prochain, aimes celui qui s'est
converti…"
Honte aux
rabbins-politiciens qui sacrifient l'avenir de notre pays et de notre terre
pour obtenir des fonds pour un système d'éducation qui entraîne des hommes
sains et capables à mener une vie non productive, contraire aux lois de la
Torah. La Torah est une règle de vie et non
une substitution à la vie.
Honte aux partis politiques
religieux qui nomment des juges insensibles, indifférents aux cris des femmes
enchaînées dans le lien marital, au mépris de la directive talmudique d'être
indulgent en libérant les femmes "a'gounot" (attendant le divorce
religieux)
Nous devons
libérer la Torah sainte de ces politiciens mesquins, spécialistes du
"terrorisme torahique" ! Nous devons comprendre que la politique
corrompt et que la politique dans la religion "corrompt absolument" !
Nous n'avons
pas sanctifié le politique, nous avons politisé le sacré !