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Pourquoi Gaza me Rend Optimiste
Par Amram Castellion
18/05/18
Il y a environ 10 ans, j'avais demandé à un célèbre analyste
stratégique ce que pourrait faire une armée civilisée face à une gigantesque
foule de civils non armés, marchant vers son territoire pour l'envahir sans
craindre la mort.
Comme le Hamas était déjà au pouvoir à Gaza, sa réponse m'avait
glacé le sang : « On ne peut rien faire ». Aucune barrière ne peut résister à
une nation. Aucune armée composée de jeunes Occidentaux élevés dans des
principes moraux n'acceptera de tirer assez longtemps dans la foule, en faisant
tomber pendant des heures des milliers de civils désarmés, pour empêcher
l’invasion.
Or, lundi dernier, le 14 mai, le Hamas a cherché à envahir Israël
depuis Gaza en employant précisément cette tactique. Il a caché des centaines
de terroristes armés parmi des dizaines de milliers de civils marchant contre
la frontière. Son objectif était de faire une brèche dans la barrièrre de
sécurité, de pénétrer le territoire israélien, de tuer des centaines de Juifs
et d'obliger Israël à tuer des milliers de Gazaouis pour reprendre le contrôle
de la situation. Le Hamas aurait alors utilisé cette situation pour provoquer
un mouvement mondial d'indignation contre l'Etat hébreu et faire lever la rue
arabe de Mascate à Aubervilliers.
Heureusement pour le monde, Israël a fait la preuve que même cette
tactique-là, naguère jugée imbattable par les meilleurs experts, Tsahal sait
désormais comment la faire échouer.
Et ce qui est encore plus impressionnant – presque incroyable,
quand on y pense – c'est que les Hébreux ont très probablement arrêté le
raz-de-marée humain sans toucher un cheveu à un seul civil.
Tous les 60 morts de la journée étaient des hommes, en âge de
porter des armes. Le Hamas lui-même a reconnu que 50 d'entre eux étaient ses
propres terroristes. Si l'on ajoute les victimes du groupe terroriste allié
Jihad islamique, et le pékin occasionnel non affilié que l'on a chargé d'aller
à la frontière pour lancer un cocktail Molotov, il reste très peu de chances
pour que l’une des victimes ait été un civil.
Certes, pour introduire un peu de variété, le Hamas a inventé
l'histoire d'un bébé étouffé par les gaz lacrymogènes. Pas de chance, le
médecin traitant de la petite a révélé le lendemain qu'elle était morte le
matin même d'une maladie préexistante ; le cadavre a ensuite été apporté sur
les lieux pour filmer des scènes de deuil devant les caméras.
Résumons :
une foule de 40 000 civils, partiellement cachés aux défenseurs par la fumée de
pneus incendiés, jetés contre une frontière dans une tactique jugée impossible
à vaincre par les analystes, avec quelques centaines de terroristes cachés en
son sein – et toute cette opération échoue sans entraîner la mort d'un seul
innocent. Si nos commentateurs étaient si peu que ce soit lucides, ils auraient
présenté la bataille de Gaza comme l'un des exploits les plus impressionnants
de l'histoire militaire.
Une excellente nouvelle.
Sérieusement.
Nous n'avons pas le dixième des renseignements qui permettront un
jour de comprendre tout ce qui s'est passé. Mais dès à présent, on peut
affirmer que ce succès exceptionnel n'a été possible que par la combinaison de
quatre facteurs:
1. Des renseignements
extraordinairement précis. Trouver entre 50 et 60 terroristes dans une foule de
40 000 personnes et les repérer sans erreur, cela ne peut pas se faire
seulement à l'œil nu. Israël connaissait nécessairement le détail des noms et
leur localisation en temps réel. Pour obtenir ces renseignements, il faut à la
fois une importante flotte de drones et de nombreux agents infiltrés sur le
terrain. Quant à savoir si ces informateurs sont uniquement des Gazaouis ou
s'ils incluent des troupes infiltrées provenant d'alliés tels que l'Egypte et
l'Arabie Saoudite, ce sera pour plus tard.
2. Des technologies
d’armement très, très avancées. Il ne suffit pas d'identifier sa cible ;
il faut aussi l'abattre et laisser indemnes les boucliers humains, enfants et
femmes, dont les terroristes s'entourent chaque fois qu'ils le peuvent. Ce
n'est pas quelque chose que l'on puisse faire à travers la frontière, dans la
fumée, armé du fusil de papa.
3. Un ennemi
démoralisé. Nous savons que les tunnels militaires que le Hamas creuse en
direction d'Israël ont une forte tendance à s'effondrer pendant la
construction. Mais nous ne savons pas comment Israël les détruit – et surtout,
le Hamas ne le sait pas non plus. Tout ce que savent les terroristes, c'est
qu'Israël a le pouvoir de déjouer leurs plans les plus secrets avec des moyens
invisibles et incompréhensibles. Il ne serait pas étonnant, qu'en plus de ces
"effondrements de terrain", d'autres phénomènes étranges se soient
aussi produits – comme, par exemple, des morts inexpliquées parmi les
commandants. Tendu à l'extrême, le Hamas n'est probablement pas entré dans la
journée de combat de lundi porté par une vague d'optimisme.
4. Pas de loyauté parmi la population. Si 40 000 personnes avaient
réellement marché sans crainte jusqu'à la barrière, sans peur de la mort, elle
aurait fini par céder. Au lieu de cela, nous avons des vidéos de petits groupes
qui se pressent vers la barrière pour obtenir leur part de l'argent iranien
versé aux candidats au suicide, déposent rapidement une charge ou donnent un
coup de sécateur dans la grille, puis s'enfuient, heureux d'être encore en vie.
Ces quatre éléments combinés conduisent à la même conclusion : le
Hamas est devenu trop faible pour avoir la moindre influence sur l'histoire à
venir du Moyen-Orient. Sa faiblesse était déjà visible pour les
spécialistes ; elle est désormais apparue aux yeux du monde.
Cela, dans le cadre de la résolution des conflits du Moyen-Orient,
a une conséquence essentielle. Les Palestiniens, qui refusaient tout progrès et
ont toujours empêché le moindre accord, ont désormais perdu cette capacité de
blocage. Le Hamas peut encore terroriser les habitants de Gaza ; mais
personne d'autre, sur cette planète, n'écoutera plus jamais son opinion.
Une fois levée la menace d'un veto palestinien, les acteurs
sérieux de la région - l'Arabie saoudite, Israël, les États-Unis et l'Egypte –
pourront se concerter pour préparer la paix. Ces discussions ont déjà
commencé ; il y a tout lieu de croire qu'un plan régional sera présenté
dans les prochains mois sous l'égide conjointe de Donald Trump et du prince
héritier d'Arabie Saoudite. Ce plan ne sera certes pas le premier. Mais ce sera
la première fois qu'un plan de paix est présenté sans que le pouvoir
palestinien ait la capacité de le faire échouer.
Or, une fois levée l'hypothèque palestinienne, les puissances
régionales ont désormais des intérêts très concordants : vaincre l'Iran ;
trouver une solution stable pour la Syrie ; marginaliser l'islam
extrémiste des Frères Musulmans ; augmenter la coopération économique
régionale ; attirer les investisseurs étrangers ; faire profiter
toute la région de la croissance économique et des progrès techniques d’Israël.
Tous ces thèmes sont régulièrement répétés dans les déclarations
du prince Mohamed bin Salman d'Arabie Saoudite. Il n'est donc pas besoin d'être
devin pour prévoir qu'ils inspireront la prochaine proposition de règlement du
conflit. La différence est que, pour la première fois, il sera possible d'y
croire. Tout ira bien.