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NOUVEAU SCANDALE À L'ONU

 

Par William Safire, journaliste au New York Times

Article paru le 17 Mars 2004, traduit par Albert Soued www.chez.com/soued

 

La dissimulation par le secrétariat général de l'Onu d'une fraude de plusieurs milliards $ commence à être éventée. Elle concerne le programme humanitaire "pétrole contre nourriture" destiné à soulager les Irakiens au temps de l'embargo contre l'Irak des années 90. Le scandale était dans l'air depuis plusieurs années. C'est un article dans le New York Times de Claudia Rosett, d'Avril 2003, qui m'a mis au courant. Claudia Rosett accusait la secrète Onu de négligence concernant des transactions portant sur plus de 100 milliards $ d'exportation de pétrole irakien contre des marchandises supposées à but humanitaire.

Ces transactions sont devenues dit-elle "une invite à des bakchichs, à des gratifications d'ordre politique et à de la contrebande, sous couvert d'une opération humanitaire".

Après avoir vérifié l'information par des sources kurdes en Irak, j'ai rapporté que "la moitié de l'argent alloué au peuple a été détournée par Saddam Hussein, conspirant avec les bureaucrates du Palais de l'Onu".

Le bras droit de Kofi Annan, Benon Sevan, a été nommé par le secrétaire général pour diriger ce programme "nourriture contre pétrole", tout en étant directement rattaché à lui. Bien qu'il ne puisse pas nier l'existence d'un lien bancaire français (1), Sevan qualifia les accusations dirigées contre lui par Mme. Rosett et moi-même comme "inexactes", s'appuyant sur des centaines d'audits, en cinq ans. Il refusa néanmoins de publier le nom des sociétés et des pays qui ont bénéficié des largesses de Saddam Hussein.

Aujourd'hui, grâce au dévoilement par les autorités libres à Bagdad de ce pillage systématique et à grande échelle, toute cette pourriture et ces pots-de-vin de 10%, portant sur des contrats de milliards $, a été présentée au grand jour. Tous les détails de cette grosse affaire de corruption ont été présentés par Susan Sachs du "The Times", Thérèse Raphael du "Wall Street Journal" et par Charles Laurence avec Inigo Gilmore du "Daily Telegraph" de Londres.

L'adjoint Benon Sevan, aujourd'hui en congé prolongé, avant de prendre sa retraite le mois prochain, nie à travers un porte-parole "qu'il ait reçu du pétrole ou de l'argent de l'ancien régime d'Irak" et il demande qu'on lui fournisse des preuves matérielles. Le "Journal" (2) a alors produit un document en arabe qui suggère que Sevan avait reçu une allocation de 1,8 milliard de barils de pétrole…

À la barbe des bureaucrates de l'Onu – et je les soupçonne même de collusion dans certains cas – près de 3 fournisseurs sur 4 ont artificiellement augmenté leurs prix pour tenir compte d'un bakchich de 10%. Et ceci inclut des fabricants européens, des intermédiaires arabes, des usines russes, et des sociétés nationales chinoises. Dans "The Times", Susan Sachs a estimé le montant de la corruption à 2,3 milliards $, enlevés de la bouche des enfants irakiens affamés.

L'Onu a recruté une société Suisse pour contrôler ces importations et elle était payée sur les honoraires exorbitants que l'organisation s'était octroyés. Mme. Rosett a écrit la semaine dernière dans la "National Review" en précisant que Kojo Annan, le fils du secrétaire général, était d'abord un membre de l'équipe, puis plus tard un consultant payé par cette discrète société. Lorsqu'il a nié en 1999 qu'il travaillait pour le programme "pétrole contre nourriture" de l'Onu, il avait ajouté que "les décisions n'étaient pas prises par son père, mais par le Comité des Contrats".

Un mot de ce "Comité 661 de Qualification" où les Etats-Unis ont un siège et qui sert aujourd'hui de bouc émissaire au secrétaire général; un officiel américain familier de ses opérations m'a avoué que "son but était d'approuver formellement ce que l'équipe du secrétaire général avait recommandé. Une seule fois les experts américains et britanniques ont écarté un contrat, à propos d'un équipement qui aurait pu avoir un usage à la fois civil et militaire. Peu de sociétés américaines avaient des contrats et celles qui en obtenaient travaillaient à travers des intermédiaires, pour éviter le Bureau de comptabilité générale". Le bureau de Kofi Annan a continué à faire porter le chapeau au comité 661et à éviter la presse jusqu'à ce que le Conseil Irakien, furieux, embauche des comptables KPMG (3) et paie un cabinet juridique pour enquêter sur ce que ses conseillers appellent maintenant l'escroquerie la plus scandaleuse sur le plan mondial!

Sous la pression, l'Onu a fait savoir cette semaine que le bureau risiblement intitulé "Service des Négligences Internes" allait se pencher sur le sujet. Pour passer l'éponge?

Il faudrait que le Conseil de sécurité nomme un conseil indépendant pour nettoyer un Secrétariat général inepte ou corrompu. Mais la France et la Russie s'y opposeraient, car elles ont trempé dans cette mélasse. Mais aidées par les Etats-Unis, les nouvelles autorités irakiennes ne sont pas en reste. Notre pays finance 22% du budget de l'Onu et nous avons droit à des comptes transparents. Outragé, le président des Relations Internationales de la Chambre des Représentants, Henry Hyde va obtenir un briefing sur le sujet cette semaine, qui sera suivi par des audiences publiques en Avril.

L'Onu peut se racheter une réputation souillée en aidant l'Irak à assurer son avenir. Mais pour faire face à ce défi, elle doit avoir les mains propres.

 

(1) BNP - (2) the Wall Street Journal (3) titre donnant un niveau de compétence

 

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