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Le Vrai Grief des Arabes contre les Juifs
Par Fred Maroun,
arabe de gauche basé au Canada. Il publie régulièrement des tribunes dans New
Canadian Media, et d’autres supports. De 1961 à 1984, il a vécu au Liban.
20/06/17
http://jforum.fr/levrai-grief-des-arabes-contre-les-juifs.html#ij0uq87mfTflTsyd.99
· Aujourd’hui encore, le monde arabe n’accepte pas le concept d’un
Etat juif, quelle que soit sa forme ou sa taille. Même l’Egypte et la Jordanie,
qui ont signé des accords de paix avec Israël, ne reconnaissent pas ce pays en
tant qu’Etat juif, et continuent de vouer à ses habitants une haine antisémite.
· Pendant la guerre d’indépendance d’Israël, les juifs ont subi une
épuration ethnique à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-est. Dans les années
qui ont suivi, l’épuration ethnique a gagné le reste du monde arabe.
· Les juifs demandent le droit d’exister et d’exister en égaux sur
la terre ou ils ont toujours vécu et qui leur a appartenu pendant plus de trois
mille ans.
· Nous préférons clamer que le conflit porte sur l’« occupation » et
les « colonies ». Les juifs eux, voient le traitement que les islamistes
radicaux infligent aux chrétiens et aux autres minorités qui ont une présence
millénaire au Moyen Orient, et qui étaient là avant même que naisse le prophète
Mahomet.
· Le vrai grief des arabes contre les juifs est qu’ils existent.
Nous les arabes, nous sommes très forts pour exiger que nos droits
humains soient respectés, surtout quand nous vivons dans des démocraties
libérales comme l’Amérique du Nord, l’Europe et Israël. Mais qu’en est-il de
notre capacité à respecter les droits humains des autres, et plus
particulièrement des juifs ?
Notre attitude envers les juifs, tout au long de l’Histoire et
aujourd’hui encore, témoigne d’un refus constant de reconnaître leur droit le
plus fondamental, ce droit qui prive de sens tous les autres droits : le droit
d’exister.
Le droit d’exister au Moyen-Orient avant 1948
Les antisionistes répètent à satiété qu’avant la création du
moderne Israël, les juifs vivaient en paix au Moyen Orient et que l’hostilité
du monde arabe envers les juifs a pour origine la création de l’Etat d’Israël.
C’est un mensonge.
L’historien Martin Gilbert écrit que les juifs, avant la création d’Israël, « occupaient le statut inférieur de dhimmi qui, leur accordait la
liberté de culte, mais transformait leur vie quotidienne en un flux
ininterrompu de vexations et, d’humiliantes restrictions ».
Un autre historien, G.E. von Grunebaum, écrit que les juifs du Moyen Orient affrontaient « une liste interminable de persécutions, de confiscations arbitraires,
de conversions forcées et de pogroms ».
Le droit d’exister en tant
qu’Etat indépendant
Le sionisme est né de la nécessité pour les juifs de devenir
maîtres de leur propre destin et du refus de continuer à subir discriminations
et massacres simplement parce qu’ils étaient juifs.
Le projet d’un foyer national juif en Palestinien a été accepté et
reconnu par les Grande Bretagne qui contrôlait la
Palestine en raison du mandat que lui avait confié la défunte Société des
Nations. Le monde arabe lui, n’a jamais accepté la Déclaration Balfour de 1917
qui officialisait la reconnaissance par la Grande Bretagne d’un projet
sioniste, et il a encore moins accepté le vote des Nations Unies qui, en 1947,
a partagé la Palestine et a reconnu aux juifs le droit de fonder un Etat.
Le refus arabe du droit à l’existence d’un Etat juif – un droit
doté d’un poids juridique international plus important que pour tout autre pays
– a donné lieu à plusieurs guerres, à commencer par la guerre d’indépendance de
1948-1949.
Aujourd’hui encore, le monde arabe n’accepte pas le concept d’Etat
juif, quelle que soit sa forme ou sa taille. Même l’Egypte et la Jordanie, qui
ont signé des accords de paix avec Israël, ne reconnaissent pas ce pays en tant
qu’Etat juif, et continuent à vouer une haine de type antisémite à l’ensemble
de ses habitants.
Le droit d’exister dans la
bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est
En 2005, Israël a évacué Gaza. Ce retrait civil et militaire avait
pour but de pacifier ce front-là et de permettre aux habitants de la bande de
Gaza, une fois leur autonomie retrouvée, de transformer cette bande de terre en
une prospère Riviera ou un second Singapour et de servir éventuellement de
modèle à la Cisjordanie.
L’expérience s’est soldée par un échec total. Les juifs ont eu
beau renoncer d’eux-mêmes à leur droit d’exister sur ce morceau de terre, les
Palestiniens de Gaza n’ont pas saisi la perche qui leur était tendue.
Loin d’y voir un geste de paix, ils en ont conclu que quand on
tire sur les juifs, ils finissent par partir, alors continuons de tirer.
Le débat est intense entre sionistes sur l’avenir de la
Cisjordanie. Les propositions vont du retrait total et unilatéral à une
annexion complète en passant par de nombreuses propositions de solutions
intermédiaires. Pour l’heure, le statu quo prévaut sans perspectives aucunes.
Chacun sait, en dépit de la traîtresse réécriture
de l’Histoire par l’Unesco que ce morceau de terre appelé Cisjordanie a porté le nom de
Judée – Samarie pendant plus de deux mille ans.
Chacun sait que Hébron abrite le Caveau des Patriarches où sont
enterrés les Patriarches et Matriarches bibliques et que ce lieu représente le
second lieu saint du judaïsme.
Toute personne sensée sait que le droit à l’existence des juifs
est incontournable sur cette terre, même si elle passe un jour sous autorité
arabe ou musulmane. Mais chacun sait aussi qu’aucun régime arabe n’aura la
capacité ni la volonté d’assurer la sécurité des juifs vivant en territoire
arabe tant est féroce la haine antisémite du monde arabe.
Jérusalem-Est a été coupée du reste de Jérusalem pendant la guerre
d’indépendance et a vécu sous la coupe du roi de Jordanie. Mais Jérusalem-Est
est partie intégrante de Jérusalem, et abrite également le Mont du Temple qui
est le lieu le plus saint du judaïsme. La vieille ville de Jérusalem, située à
Jérusalem-Est, a fait l’objet d’un nettoyage ethnique à l’encontre des juifs
après la guerre de 1948-1949.
Par deux fois dans le passé, les premiers ministres Ehud Barak et
Ehud Olmert ont proposé que Jérusalem-Est soit partie
intégrante du futur Etat Palestinien. Une offre qui n’est pas près d’être
renouvelée. Les juifs savent qu’elle serait suivie d’un nettoyage ethnique qui
aboutirait à nier le droit à l’existence des juifs à l’endroit précisément où
ce droit est plus important que partout ailleurs.
Le droit d’exister au
Moyen-Orient maintenant
Pendant la Guerre d’Indépendance d’Israël, les Juifs ont fait
l’objet d’un nettoyage ethnique à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, et
dans les années qui ont suivi, la purification ethnique a été généralisée à
l’ensemble du monde arabe.
Les ennemis d’Israël, nombre d’entre eux sont arabes, remettent en
question son droit à l’existence et nient aux juifs tout droit à l’existence
sur au moins deux fronts : la menace nucléaire et l’étouffement démographique.
Le régime islamiste iranien a répété inlassablement son intention
d’utiliser l’arme atomique pour rayer Israël de la carte. Mais au cas où le
projet iranien « échouerait », le soi-disant mouvement « pro-Palestinien » – et
sa variante Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) – a mis au point un
Plan B : un Etat unique qui inclurait le retour des réfugiés palestiniens et de
leurs descendants. Le refus du président palestinien Mahmoud Abbas et de son
prédécesseur Yasser Arafat d’accepter une quelconque solution à deux Etats fait
partie de ce plan.
Le droit d’exister ailleurs
Les antisionistes clament à qui veut l’entendre que les juifs sont
des impérialistes au Moyen Orient, et qu’ils doivent retourner d’où ils viennent
comme les Anglais et les Français l’ont fait avant eux. L’analogie est bien sûr
trompeuse : les juifs ont une présence
au Moyen Orient bien antérieure à celle des musulmans et des arabes.
Les juifs appartiennent-ils à l’Europe qui a tenté il y quelques décennies
à peine de les exterminer tous, hommes, femmes et enfants ? Les juifs
appartiennent-ils aux Etats Unis peuplés uniquement d’indiens il y a quelques
centaines d’années ?
Dire que les juifs « appartiennent » à ces zones géographiques-là
ne relève d’aucune réalité ; c’est juste un slogan antisioniste.
Les Juifs n’abandonneront pas
En tant qu’arabes, nous nous plaignons de l’humiliation infligée
aux Palestiniens aux checkpoints israéliens. Nous
nous plaignons qu’Israël construise en Cisjordanie sans permission
palestinienne et nous nous lamentons que les Israéliens osent se défendre
contre les terroristes palestiniens.
Mais nous sommes nombreux également à avoir cessé de nous
interroger sur comment a-t-on pu en arriver là.
Combien d’entre nous ont le courage d’admettre qu’engager une
guerre après l’autre pour nier le droit des juifs à l’existence, et refuser
toute solution raisonnable au conflit a précisément engendré cette situation ?
Notre message aux juifs tout au long de l’Histoire – et particulièrement
quand ils ont eu la témérité de chercher à s’autodéterminer – a été clair :
nous ne pouvons tolérer votre existence.
Pourtant, les juifs ne demandent que le droit d’exister et
d’exister en égaux sur une terre ou ils ont vécu et continuent de vivre depuis
plus de 3000 ans.
De plus, nier le droit à l’existence d’un peuple est un crime aux
proportions inimaginables. Nous, arabes, prétendons que notre manque de respect
pour le droit des juifs à l’existence n’est pas la cause du conflit. Nous
préférons clamer que tout est affaire d’« occupation » et de « colonies ».
Mais les juifs voient bien comment les islamistes radicaux
traitent les chrétiens et les autres minorités qui ont vécu au Moyen Orient des
milliers d’années avant que le prophète Mahomet voie le jour : Yazidis, Kurdes, Chrétiens, Coptes, Assyriens, Araméens et
nombre d’autres encore.
Où sont ces peuples autochtones d’Irak, de Syrie et d’Egypte
maintenant ? Vivent-ils librement ou sont-ils persécutés, chassés des terres ou
ils ont leurs racines historiques, abattus par les islamistes ? Les juifs
savent ce qui leur serait arrivé s’ils n’avaient pas eu d’Etat à eux.
Le seul et authentique reproche que les arabes font aux juifs est
d’exister. Nous voulons que les juifs disparaissent ou qu’ils se plient à nos
caprices. Le problème est qu’ils refusent de se plier à notre bigoterie et
qu’ils ne se laissent pas influencer par nos menaces et nos calomnies.
Qui, doté d’un brin de bon sens, peut les en blâmer ?