www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
Organisme: UNESCO
Création du Centre Sésame : un pas en avant pour la coopération
scientifique dans la région du Moyen-Orient
Le projet SESAME (Centre international de
rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au
Moyen-Orient) vient de franchir deux étapes importantes: la pose de la
première pierre et l’acceptation des statuts du projet par sept membres.
La cérémonie officielle pour la pose de la première pierre du Centre a eu lieu le
6 janvier 2003 à l’Université Al-Balqa’ (Jordanie) en présence de Sa
Majesté le Roi de Jordanie, Abdallah II Ben Al-Hussein, du Directeur général de
l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, des membres du gouvernement jordanien, et de
dignitaires internationaux dont Werner Burkart, Sous Directeur général de
l'Agence internationale de l'énergie atomique
Le Directeur général de l’UNESCO a souligné à quel point le projet était
significatif pour la région, tant d'un point de vue scientifique que pour la
promotion d'une coopération pacifique : « Il y a plusieurs profits à tirer de
ce Centre, notamment l’amélioration de la recherche fondamentale, ainsi que de
la recherche appliquée, dans des domaines aussi variés que la médecine,
l’environnement et la technologie, domaines qui ont un impact direct sur la vie
quotidienne. La création de ce Centre facilitera l’établissement d’une
infrastructure adaptée à la coopération scientifique à l’échelle régionale. Des
institutions scientifiques de différents pays seront impliquées dans ce travail
et cela peut se traduire par la formation d’un réseau régional. Le Centre
SESAME sera un pont entre le Sud et le Nord et il ouvrira de nouveaux horizons
à la coopération Nord-Sud et Sud-Sud». «La diversité culturelle du personnel
travaillant au Centre créera un environnement enrichissant, propice à la
discussion, aux idées nouvelles et à la créativité. Le travail en commun au
Centre ouvrira la voie à la solidarité et à la compréhension mutuelle. Autant
de facteurs qui viennent s’ajouter aux travaux de recherche traitant de besoins
communs fondamentaux, et favorisant la construction d’une culture de la paix à
travers la science», a ajouté Koïchiro Matsuura.
Le projet est né en 1997 quand l'Allemagne a décidé de démanteler son
synchrotron BESSY I - d'une valeur de 60 millions de dollars - afin de mettre
en place une nouvelle installation, BESSY II. Lorsque les autorités allemandes
décidèrent d'offrir BESSY I à la communauté scientifique du Moyen-Orient, un
groupe de scientifiques basés au Centre européen pour la recherche nucléaire (CERN)
proposa à l'UNESCO d'être l'organisation hôte, et de servir d'intermédiaire
dans les négociations intergouvernementales.
Créé sous l'égide de l'UNESCO, le Centre SESAME est une institution autonome
qui aura pour fonction de mettre en place, exploiter, entretenir et améliorer
la source de rayonnement synchrotron, les faisceaux de rayonnement, les
spectromètres et autres détecteurs, ainsi que le matériel auxiliaire et les
laboratoires. Il proposera des installations de recherche et des possibilités
de formation à des scientifiques du Moyen-Orient et d’ailleurs. Il
n'entreprendra pas d'activités secrètes à des fins militaires ou autres
recherches secrètes.
Les équipements fonctionnent en accélérant des particules, généralement des
électrons, dans un anneau jusqu'à une vitesse prodigieuse, ce procédé libérant
des grains de lumière, les photons. Le rayonnement synchrotron qui en résulte
couvre de façon très large le spectre électromagnétique, de l'infrarouge aux
rayons X durs. Depuis sa découverte dans les années 1940, il est devenu la
meilleure source disponible de rayons X, très utiles aux scientifiques dans de
nombreux domaines des sciences et technologies fondamentales et appliquées.
Citons parmi ces domaines : la physique atomique, la structure de molécules
complexes importantes en biologie, la matière condensée, les semi-conducteurs,
ainsi que la technologie et la science des matériaux, l’écologie, la pharmacie
et la médecine moléculaire.
Il existe environ 45 sources de rayonnement synchrotron dans le monde
actuellement, mais on compte sur les doigts d'une main celles qui se trouvent
dans les pays en développement. Aucune ne se trouve au Moyen-Orient ni dans le
Sud du Bassin méditerranéen, ce qui représente pour les scientifiques de cette
région un désavantage certain.
Le gouvernement jordanien a fourni le terrain qui hébergera le Centre et s’est
engagé à financer la construction du bâtiment, dont le coût est estimé entre 6
et 8 millions de dollars. Outre l'équipement principal, le projet comprend des
laboratoires, une bibliothèque et une salle informatique. Les plans du bâtiment
ont été réalisés et des appels d’offres ont été lancés. La signature du contrat
de construction est prévue pour février 2003. Selon le ministre jordanien de
l’Education, le Centre devrait être opérationnel en 2006.
Koïchiro Matsuura a déclaré, lors de la cérémonie, que le Centre SESAME était
officiellement lancé puisque sept membres fondateurs lui avaient notifié qu’ils
acceptaient les statuts du projet. Ces membres sont : Bahreïn,
l'Egypte, l'Iran, Israël, la Jordanie, l'Autorité palestinienne et la
Turquie. Ils forment à présent le nouveau Conseil de SESAME qui
fournira le budget annuel du Centre. Le Koweït est observateur.
L'adhésion de nouveaux membres et observateurs est attendue d’ici peu. La
Libye a soumis une demande pour devenir observateur. Plusieurs pays en
dehors du Moyen-Orient qui étaient observateurs dans le Conseil provisoire, à
savoir l’Arménie, Chypre, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, la
Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis d’Amérique, devraient
confirmer leur statut d’observateur dans le nouveau Conseil.
Le Conseil de SESAME remplace ainsi le Conseil provisoire qui aura tenu neufs
réunions depuis sa création en 1999. Elu Président du nouveau Conseil, Herwig
Schopper (ancien Directeur général du CERN) sera assisté de deux
vice-présidents: Khaled Toukan, ministre jordanien de l'Education, et Dincer
Ulku, professeur à l’Université Hacettepe de Turquie.
Une étude de faisabilité du projet a établi que plusieurs centaines de
scientifiques participant au Moyen-Orient à des activités de recherche
tireraient un profit certain d'une source de rayonnement synchrotron. De
nombreux autres scientifiques du Moyen-Orient vivent en dehors de la région, et
utilisent des infrastructures en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs.
Les éléments de BESSY I ont été expédiés en Jordanie et seront prochainement
améliorés et modernisés. Six ateliers sur les sciences et les techniques ont
été organisés au Moyen Orient et près de 30 experts et ingénieurs de la région
ont suivi des cycles de formation, allant jusqu'à deux ans, dans des centres de
rayonnement synchrotron en Europe et aux Etats-Unis. Ces activités ont été
conjointement financées par les membres du Conseil provisoire, l'UNESCO, les
laboratoires de rayonnement synchrotron en Europe et aux Etats-Unis, l'Agence
internationale de l'énergie atomique, le Département de l'Energie des
Etats-Unis et la Société japonaise pour la promotion des sciences.