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Le petit-fils de l’Ayatollah Khomeyni : l’Iran a besoin de démocratie et de la séparation des pouvoirs - le régime iranien représente la pire des dictatures

 

Source Memri

 

Le quotidien Al-Sharq Al-Awsat, édité en arabe à Londres, rapporte que Hussein Khomeyni, petit-fils du fondateur de la République islamique d’Iran, l’Ayatollah Ruholla Khomeyni, a quitté son lieu de résidence, la sainte ville chiite de Qom, pour s’établir dans la sainte ville chiite de Nadjaf, en Irak, traditionnellement le siège des instances chiites suprêmes, en signe de protestation contre le régime iranien. (1) Hussein Khomeyni, âgé de 46 ans, a qualifié le régime iranien de « pire des dictatures », déclarant que ses dirigeants, le Guide suprême Ali Khamenei et Hashemi Rafsandjani, ancien président et actuel responsable du Conseil consultatif pour les intérêts supérieurs du régime, « ainsi que tous ceux qui ont pris le pouvoir » depuis l’époque de son grand-père, « ont exploité son nom [de l’Ayatollah Khomeyni], le nom de l’islam et le régime religieux pour perpétuer leur règne tyrannique ». Hussein Khomeyni a appelé à la séparation de la religion et de l’Etat en Iran, espérant que le mouvement d’opposition au régime iranien serait suffisamment dynamique pour se transformer en mouvement populaire.

 

Le journal note aussi que les Gardiens de la Révolution recherchent actuellement Hussein Khomeyni en Irak, craignant que ce dernier ne devienne un symbole de résistance contre le régime iranien. (2) Voici quelques extraits du rapport d’Al-Sharq Al-Awsat : 

 

De Qom à Nadjaf

 

Selon le rapport d’Al-Sharq Al-Awsat, les tensions entre Hussein Khomeyni et les instances religieuses iraniennes se sont accrues ces dernières années, après que Hussein Khomeyni eut publiquement manifesté son soutien aux étudiants et aux réformistes et déclaré que les fatwas du pouvoir judiciaire contre les étudiants, les intellectuels et les écrivains iraniens opposés au régime étaient illégitimes. (3)

 

Al-Sharq Al-Awsat ajoute que l’expatriation volontaire de Hussein, intervenue sans que les autorités iraniennes n’en aient rien su, avait éveillé les soupçons des conservateurs iraniens, conscients de la forte influence exercée par Khomeyni sur le séminaire religieux de Nadjaf et sur les jeunes gens pieux, ainsi que sur le milieu réformiste. D’après une source proche des réformistes, les autorités iraniennes craignent que Hussein Khomeyni ne devienne le nouveau symbole de l’opposition religieuse au régime iranien. (4)

 

Le quotidien rapporte que de son lieu de résidence provisoire en Irak, avant qu’il ne s’installe à Nadjaf, Hussein Khomeyni avait insisté sur la nécessité d’un « régime démocratique qui ne se serve pas de la religion comme d’un moyen d’oppression du peuple et d’étranglement de la société. » Il avait ajouté qu’il était nécessaire « de séparer la religion de l’Etat » en Iran et « de mettre fin à la domination tyrannique de la religion, qui rappelle la domination de l’Eglise au Moyen-Age en Europe », soulignant que « tous ceux qui ont pris le contrôle des centres de pouvoir en Iran après mon grand-père, exploitent son nom, le nom de l’islam et le régime religieux dans le but de perpétuer leur règne tyrannique. »

 

La pire de toutes les dictatures

 

Le journal note que Hussein Khomeyni a en outre évoqué l’insatisfaction et la colère de la rue iranienne, et précisé qu’à son avis le régime religieux actuel en Iran représentait « la pire de toutes les dictatures ». L’article rapporte que selon Khomeyni, le mouvement de protestation en Iran « ne tardera pas à se transformer en révolution populaire, et nous assisterons bientôt à ce grand événement [le changement de régime] ». (5)

 

Khomeyni, très proche de certains commandants des Gardiens de la Révolution, de certains membres du Parlement et des services de sécurité iraniens, a souligné qu’il continuerait de lutter pour le changement en Iran. Il affirme : « La liberté vaut plus que le pain. Si les Américains peuvent nous l’octroyer, qu’ils viennent – mais le peuple iranien est en mesure de déterminer lui-même le destin du régime actuel (…) Ce dont nous avons besoin, c’est de la solidarité et la compréhension internationales quant à nos besoins légitimes. »  (6)

 

Al-Sharq Al-Awsat a été informé qu’une escouade sous le commandement d’un membre des services de renseignements des Gardiens de la Révolution connu sous le nom d’« Assadi » avait pénétré en territoire irakien la semaine précédente pour y rechercher Hussein Khomeyni et l’assassiner. Une source iranienne réformiste a confié au journal que Mohammed Baqir Dhu Al-Qadr, commandant adjoint des Gardiens de la Révolution, avait, lors d’un meeting réunissant de hauts responsables des renseignements des Gardiens de la Révolution, promis de mettre fin au phénomène Khomeyni incarné par Hussein Khomeyni, rappelant que son oncle, Ahmed Khomeyni, avait été assassiné après avoir cessé de soutenir le régime et manifesté publiquement son adversité au régime. (7)

 

Nadjaf et Qom : deux villes saintes pour les chiites

 

Al-Sharq Al-Awsat note que le départ de Hussein Khomeyni pour Nadjaf représente « un mauvais coup » aux tentatives faites depuis plusieurs années par le régime iranien pour faire de Qom la capitale de la Marjaiya, (8) ainsi qu’une « claire provocation à l’encontre du Guide suprême Ali Khamenei ». L’article ajoute que depuis la chute du régime de Saddam Hussein, l’idée de faire revivre les séminaires religieux de Nadjaf, d’ouvrir de nouvelles écoles et de donner un coup de jeune aux anciennes écoles, additionnée à l’arrivée à Nadjaf de hauts dignitaires religieux de Qom, avait attiré l’attention des autorités chiites, opposées au régime iranien, ainsi que celle de personnalités du séminaire de Qom. (9)

 

D’après le quotidien, sur ordre du régime, la Sécurité iranienne a bloqué les sources de financement des Ayatollahs indépendants qui refusent de considérer Khamenei comme le Guide suprême et comme le digne représentant du Maître du temps. (10)

 

Quatre grands Ayatollahs refusent d’obéir à Khamenei : l’Ayatollah Hussein Ali Montazeri, l’Ayatollah Sadiq Ruhani, l’Ayatollah Youssuf Sanii et l’Ayatollah Mouhaqiq Damad. (11)

        

Le journal rapporte ensuite que Hussein Khomeyni s’est élevé contre les tentatives du cheikh Ali Hairi, proche du régime iranien, (12) pour imposer le contrôle de Khamenei aux habitants de Nadjaf. Hairi, proche de Maqtada Al-Sadr en Irak, s’est dernièrement rendu en Irak, accompagné de membres des services de renseignements des Gardiens de la révolution dans le but d’y faire prévaloir l’autorité du Guide Suprême. (13)

 

Selon une source proche de Hussein Khomeyni, ce dernier considère l’Ayatollah Ali Sistani, l’Ayatollah Saïd Al-Hakim et l’Ayatollah Fayadhi comme « la vraie Marjaiya – c’est –à-dire la véritable autorité religieuse chiite. (14)

 

Notes:

[1] Le journal note que n’étant pas un haut dignitaire religieux, Hussein Khomeyni n’en a pas moins un statut particulier et une forte influence sur la société iranienne

[2] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 29 juillet 2003 et le 4 août 2003.

[3] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 4 août 2003. L’article précise que les relations entre Hussein Khomeyni et le régime ont été tendues depuis le décès, en 1989, du grand-père d’Hussein, l’Ayatollah  Khomeyni, tensions qui ont été rendues publiques après la disparition de son oncle (et fils de l’Ayatollah Khomeyni) Ahmed Khomeyni, assassiné par des agents des renseignements iraniens. Au cours de ses dernières années, Ahmed Khomeyni, influencé par son neveu Hussein, s’était élevé contre la politique des dirigeants de Téhéran, c’est-à-dire contre l’ancien président et actuel responsable du Conseil consultatif pour les intérêts supérieurs du régime (Hashemi Rafsandjani) et contre le Guide suprême Ali Khamenei, les accusant de prolonger la guerre contre l’Irak dans le seul but d’asseoir leurs positions et d’empêcher que l’Ayatollah Hussein Ali Montazeri n’hérite de la position de l’Ayatollah Ruholla Khomeyni.

[4] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 4 août 2003.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] Marjaiya : source de l’autorité religieuse chiite, qui doit être un exemple de conduite.

[9] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 27 juillet 2003.

[10] c’est-à-dire l’Imam caché, guide religieux de la génération.

[11] Ibid.

[12] Le beau-frère de l’ancien ministre iranien des renseignements, Mohammed Mohamadi Rishhari, proche du Guide Suprême Khamenei.

[13] Cheikh Al-Baydha'i et Cheikh Al-Ashkuri, associés de Khamenei. Ibid.

[14] Ibid.

 

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