www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
L'Immigration en Palestine
depuis le Moyen Age
Recherche, compilation et commentaires par Buffalo, revus par www.nuitdorient.com
29 septembre 2015
Le "peuple palestinien" est-il le descendant d’un peuple homogène, aux origines et traditions communes qui vit là depuis plus d’un millénaire et qui a été exproprié ou spolié par des Juifs immigrés et colonisateurs ?
Comme toujours, la réalité historique est bien plus complexe et souvent différente.
Il faut savoir qu'après la défaite de Bar Kokhba en 132 et l'expulsion des Judéens par les Romains, 20/50 000 Juifs, christianisés ou non, sont restés dans la nouvelle "Palestinae", jusqu'à la renaissance de la nation d'Israël. En témoignent de nombreux voyageurs et les Croisés.
L'empire romain est devenu chrétien au 4ème siècle et la Palestinae a été envahie par les Arabes au 8ème siècle et par les Croisés au 11ème siècle.
Parlons ici de l’immigration en Palestine depuis le Moyen Age.
- 1250 -1515
Après Saladin, aux 13ème et 14ème siècles, les Mamelouks d'Egypte, venus en 1230, prennent le pouvoir en 1250 et contrôlent la Palestine.
Durant cette période, la Palestine, accueille des réfugiés arabes chassés par l’invasion des Mongols en Irak et en Syrie.
- 1516 -1800
En 1516, le sultan turc Selim 1er de Constantinople conquiert la Palestine qui va devenir pendant 4 siècles, jusqu’en 1917, une des provinces arabes de l’Empire ottoman, un an avant l’Égypte.
Les Ottomans autorisent les Juifs fuyant les persécutions d’Europe, notamment d’Espagne, Sardaigne, Sicile et royaume de Naples, à se réinstaller en Palestine, notamment en Galilée, où ils vont être à l’origine du rayonnement intellectuel et religieux de la ville de Safed.
Ce retour amène un développement économique, contrairement à l’Égypte. Les cités et les lieux de cultes sont rénovés, attirant une main d’œuvre arabo-musulmane de l’extérieur. Fuyant les révoltes des Mamelouks contre les Turcs, des fellahs d’Egypte et du Soudan, implantent des hameaux autour de Jaffa, comme le village de Cheikh Younis.
Mais à partir de 1700, la région subit une forte dépression économique.
- 1800 -1860
Dans les années 1800-1860, sous autorité ottomane, la population de Palestine comptait environ 200.000 personnes. 34.000 étaient Juifs et environ 55.000 étaient Chrétiens. Il y avait environ 110.000 musulmans, dont 65.000 étaient des nomades bédouins et 45.000 des sédentaires originaires d’Egypte, de Syrie et de Turquie.
En fait, la communauté arabophone de Palestine était surtout formée de Bédouins nomades et d’une minorité de musulmans sédentaires, guère plus nombreux que les juifs et moins nombreux que les chrétiens.
L’année 1840 voit
l’arrivée massive d’Arabes venant d'au-delà du Jourdain, faisant passer la
population musulmane sédentaire (hors Bédouins) de 45.000 à 70.000.
Il s’agit des clans des Amir et du Cheikh Abd
al-Rahman qui s’installent à Hébron.
Dans le même temps, les minorités chrétiennes et juives s’étendent également.
- 1860-1883
En 1860, la population de Jérusalem compte 18 000 personnes dont 8 000 juifs, 6 000 musulmans et 4 000 chrétiens.
L’année 1866 marque la naissance des premières colonies juives en zone rurale.
A la même époque, refusant de vivre sous domination française, près de 13.000 Algériens accompagnant l’Emir Abd-el Qader, se réfugient dans l’Empire Ottoman, précisément en Syrie et en Palestine. Ils forment alors la majorité de la population arabe de Safed. Ces réfugiés seront suivis par environ 5.000 Marocains à qui l’on doit le quartier Moghrabi à Jérusalem.
L’émigration vers l’empire ottoman des Algériens et Marocains musulmans, de 1830 à 1880, trouve ses racines, d’abord dans la fierté des tribus vaincues et ensuite dans la loi islamique qui prescrit pour les croyants, sous peine de tomber dans la géhenne, de ne pas demeurer sous la domination d’infidèles, la terre d’Allah (Dar Al-Islam) étant assez vaste pour y émigrer.
Lors des années 1869-1873 le territoire de la Palestine est rattaché directement aux autorités de Constantinople. Auparavant, la Judée et la Samarie relevaient de l’administration de Damas, et la Galilée relevait de Beyrouth.
A la même période, la construction de la première route carrossable entre Jaffa et Jérusalem attire des chômeurs de Damas, d’Alep et du Hauran en Syrie, ainsi qu’une nouvelle communauté de fonctionnaires turcs.
Par ailleurs, sous l’impact de l’immigration des minorités musulmanes en provenance des Balkans et du Caucase, la population musulmane de Turquie s’était accrue de pas moins de 40%, et le pouvoir ottoman ne peut laisser autant de populations non-turques sur la terre-mère. C’est ainsi que des milliers de Bosniaques, Albanais, Caucasiens et Turcomanes, débarquent et s’installent en Palestine. La tribu caucasienne des Abou-Ghosh s'installera prés de Jérusalem et en contrôlera l’accès.
La guerre Russo-Ottomane de
1877-1879 et la campagne militaire russe dans les Balkans entraîne un exode
massif des musulmans de Roumanie, de Bulgarie et de Bosnie vers la
Turquie. Ce sont environ 380.000 réfugiés qui affluent dans la capitale
turque. Cette vague de migrations est suivie dans les années 1882-1883 par
une nouvelle vague venant du Caucase, suite à l’annexion par les Russes des
provinces de Kars et d’Ardahan. L’Etat Ottoman met donc en place une
politique d’accueil et d’implantation de ces migrants musulmans, au sein de
tout l’empire, y compris la Palestine.
En 1878, l’empire ottoman cède Chypre à la couronne britannique, ce qui entraîne une émigration de chypriotes musulmans, directement installés par le pouvoir turc en Palestine.
De 1840 à 1883, la population musulmane sédentaire (hors Bédouins), en plus de la progression naturelle des naissances passe de 70.000 à 120.000 du fait de ces immigrations.
En
- 1885-1907
En
- 1908-1913
En 1908, l’annexion de la Bosnie par l’Autriche-Hongrie et la proclamation de son indépendance par la Bulgarie provoque une nouvelle vague d’immigration musulmane vers l’empire ottoman. Dans la continuité de sa politique d’accueil et d’implantation des réfugiés musulmans au sein de l’empire, l’état ottoman en dirige donc une partie vers la Palestine.
1909: Fondation d’un petit bourg juif à proximité de Jaffa qui deviendra la ville nouvelle de Tel Aviv et création du premier kibboutz.
En 1910, à Jérusalem sur une
population totale de 73 700 personnes, 47 400 sont juifs, 9 800 musulmans, 16
500 chrétiens.
En 1911, 5.000 citadins musulmans algériens de la ville de Tlemcen et 3.000 marocains musulmans quittent l’Afrique du nord et sont d’abord installés en Syrie par le pouvoir ottoman avant d’être dirigés, en 1913, vers la Palestine.
- 1914 -1916
Durant les deux premières années du 1er conflit mondiale qui oppose l'Occident à l'Allemagne, alliée à l'empire ottoman, un flux tendu de réfugiés musulmans pro-ottomans fuyant les zones de combat, va passer par la Palestine et quelques centaines de familles s’y installeront.
- 1917-1920
La Palestine est alors occupée par les Britanniques après la victoire du général Allenby.
Une révolte arabe est menée entre 1916 et 1918 par Hussein ben Ali, chérif de La Mecque, afin de libérer la péninsule Arabique de l’Empire ottoman qui en occupait alors la plus grande partie. Cet homme voulait créer un État arabe unifié allant d’Alep en Syrie à Aden au Yémen. Cette révolte envoie vers la Palestine un nombre important de réfugiés musulmans pro-ottomans.
En 1920, un rapport de la Société des Nations évalue la population globale de la Palestine à 700 000 personnes, dont 511.000 musulmans (421.000 sédentaires et 90.000 Bédouins), 20.000 Druzes, 85.000 Chrétiens et 84.000 Juifs.
- 1921-1947
La Palestine est sous Mandat Britannique.
En 1921, l’émirat de Transjordanie voit le jour (1921-1946) qui a pour conséquence une immigration massive de Bédouins transjordaniens sédentarisés vers la Palestine, fuyant le nouveau pouvoir.
Le recensement britannique de 1922 donne 760.000 personnes en Palestine, dont 560.000 musulmans (472.000 sédentaires et 92.000 Bédouins), 24.000 Druzes, 86.000 Chrétiens et 86.000 Juifs.
Maîtres des lieux, les Britanniques vont jouer à un double jeu, d’un côté laissant libre l’immigration juive et de l’autre, favorisant les immigrants musulmans venant de leurs protectorats dans la région.
En 1931, le deuxième recensement britannique donne 880.000 personnes en Palestine, dont 588.000 musulmans (493.000 sédentaires et 95.000 Bédouins), 27.000 Druzes, 90.000 Chrétiens et 175.000 Juifs.
- 1947-1949
En 1947, l’UNSCOP estime la population de Palestine à environ 1.532.000 personnes dont 900.000 Arabes musulmans, 98.000 Bédouins, 30.000 Druzes, 100.000 Chrétiens et 600 000 Juifs.
Après le conflit judéo-arabe de 1947-1949, 250 000 Arabes musulmans restèrent dans les frontières de l’État d’Israël auxquels s’ajouteront 200 000 Arabes musulmans supplémentaires de la bande de Gaza (sous contrôle égyptien) et de Cisjordanie (sous contrôle jordanien) qui furent autorisés à immigrer en Israël dans le cadre de regroupements familiaux et obtinrent la citoyenneté israélienne.
En 1950, l’ex-Palestine, redevenue Israël, voit sa population composée de 450.000 Arabes, 98.000 Bédouins, 30.000 Druzes, 100.000 Chrétiens et 700.000 Juifs.
Sur les 900.000 sédentaires musulmans recensés en 1947, la moitié, soit 450.000 âmes refusèrent d’intégrer le nouvel état d’Israël (non pas 750.000 comme on aime à le dire) et choisirent l’exil.
En conclusion on peut
réellement dire que la population arabe musulmane de Terre Sainte est issue de
la fusion de différentes vagues successives d’immigrants et n’est pas à
proprement parler une population indigène.
Les seuls indigènes sont les Juifs christianisés ou non qui ont perdurés depuis la défaite de Bar Kokhba. Depuis cette date, les Juifs sont revenus sur leur terre à petites doses, la véritable immigration juive ayant commencé à la fin du 19ème siècle à l'instigation de Herzl.
Sources
– « Proclamation de Bonaparte, Moniteur universel, 1799 » sur France Diplomatie
– Census of Palestine -1860 – in Britania
Encyclopædia Universalis
– Census of Palestine -1890 – the Ottoman Empire
administration of Palestine
– George Adam Smith, Atlas of the Historical Geography of the Holy Land, 1915
– The British Mandate For Palestine – San Remo Conference,
April 24, 1920
– An interim report on the civil administration of
Palestine, during the period
1st July, 1920-30th June, 1921.
– Census of Palestine -1922 ; Report by E. Mills,
B.A., O.B.E., Assistant Chief Secretary
Superintendent of Census.
– La question de Palestine portée devant l’organisation des Nations unies
(1922-1947)
– Census of Palestine -1931 ; Report by E. Mills,
B.A., O.B.E., Assistant Chief Secretary
Superintendent of Census.
– Report of UNSCOP – 1947
– Rapport ONU « L’émigration des Arabes de Palestine dans la période 1/12/1947
– 1/6/1948. »
– United Nations Special Commission, First special Report to the Security Council : The Problem of Security in Palestine, 16 avril 1948
– Félix-Marie Abel, Histoire de la Palestine depuis la conquête d’Alexandre
jusqu’à l’invasion arabe : De la conquête d’Alexandre jusqu’à la guerre juive,
vol. 1, Librairie Lecoffre, 1952
– Les migrations des musulmans algériens et l’exode de Tlemcen (1830-1911)
Charles-Robert Ageron 1967
– Ordre et désordres dans l’Istanbul ottomane, 1879-1909: de l’état au quartier
Par Noém Lévy (immigration balkanique et caucasienne
de 1860-1882)
– Histoire de la Turquie, de l’Altaï à l’Europe Par Ibrahim Tabet
(immigration bosniaque de 1908-1909)
Tableau récapitulatif en milliers
Date/Population/ recensement |
Musulmans sédentaires |
Bédouins |
Druzes |
Chrétiens |
Juifs |
Total |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1830 ottoman |
40 |
65 |
6 |
55 |
34 |
200 |
Jérusalem 1860 |
6 |
- |
- |
4 |
8 |
18 |
Jérusalem 1910 |
9,8 |
- |
- |
16,5 |
47,4 |
73,7 |
1920 sdn |
421 |
90 |
20 |
85 |
84 |
700 |
1922 GB |
472 |
92 |
24 |
86 |
86 |
760 |
1931 GB |
493 |
95 |
27 |
89 |
175 |
879 |
1946 onu |
960 |
98 |
35 |
145 |
608 |
1846 |
1950 Israël |
450 |
98 |
30 |
100 |
700 |
1378 |
2013 Israël/AP |
1680/3030 |
|
351/55 |
6100 |
8131/3085 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|