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Arabes d'Israël

 

Par Jacques Bendelac, auteur de "Arabes d'Israël" aux éditions Autrement

 

Les Arabes d'Israël représentent aujourd'hui 20% d'une population totale de 7,5 millions d'habitants.

Longtemps, les Arabes d’Israël ont espéré, à l’instar des Arabes en général, une disparition d’Israël, à l’issue des guerres que l’Etat juif a dû affronter. Ils en sont revenus et sont désormais partagés entre les options qui s’offrent à eux, préférant néanmoins une "israélisation" négociée à une "palestinisation" aléatoire. D’autant plus que la récente nomination d’un ministre musulman est de nature à faciliter l’identification des Arabes d’Israël aux institutions du pays.

 

Il n’en demeure pas moins qu’Israël , reconnu par la plupart des observateurs comme une démocratie libérale de type occidental, se définit comme l’Etat du peuple juif et non comme celui de ses citoyens, formant une démocratie ethnique. Tous les citoyens y sont égaux aux yeux de la loi, mais avec un statut préférentiel pour le groupe majoritaire. De fait, les Arabes bénéficient de tous les droits sociaux, de tous les droits politiques, d’un système éducatif en langue arabe, de tribunaux islamiques. Mais, bien entendu, ils ne bénéficient pas de la Loi du Retour et des avantages liés au fait d’avoir effectué son service militaire. Tout comme ils ne se sentent pas particulièrement concernés par la Shoah.


Malgré ces aspects positifs, la suspicion réciproque est flagrante. "Les deux communautés se trouvent dans un processus historique de séparation, d’éloignement l’une de l’autre et de conflit permanent". Les guerres et le terrorisme ont un impact évident et les Arabes israéliens sont encore perçus par la population juive comme une menace pour la sécurité de l’Etat, voire comme des ennemis. Bref, 62% des Israéliens estiment que l’Etat devait encourager les citoyens arabes à émigrer. Cela dit, si les Arabes remettent en cause le principe de l’Etat juif, jamais, au grand jamais, ils ne renonceraient à aucun prix au passeport que cet Etat leur procure.

D’un point de vue politique, social et culturel, on note l’hésitation flagrante entre l’appartenance à deux mondes totalement disjoints. Tandis que d’un côté, les crimes d’honneur sont encore monnaie courante dans la société arabe d’Israël où une quarantaine de femmes, ayant porté atteinte à l’honneur familial, sont assassinées chaque année, des réussites individuelles dans différents domaines contrebalancent le poids de la tradition.

En 1999, c’est une Arabe de Haïfa, Rena Raslane qui a été élue Miss Israël et, en sport, ce sont deux sœurs musulmanes qui ont remporté le championnat d’Israël de boxe en 2006. 2 équipes de football sur 12 en première division sont arabes et des joueurs comme Rifat Turk, Zahi Armali, Valid Badir ou Abbas Souan sont des vedettes nationales. Niral Krantangi, une autre Arabe musulmane, a gagné en 2006 le prestigieux concours télévisé de la "future mannequin d’Israël". La poésie et la littérature arabe se développent harmonieusement. Un Arabe, Emile Habibi, a reçu le prix Israël de littérature en 1992. Parmi les acteurs de cinéma et de théâtre, Mohammed Bakri et Salim Daw n’ont rien à envier à leurs collègues juifs. Les Arabes sont aussi très présents dans les domaines de la sculpture, de la peinture, des médias et de l’internet. En médecine, les Arabes sont proportionnellement plus représentés que les Juifs. Signe des temps, en 2002, un groupe de femmes arabes israéliennes a créé une ONG pour la défense des femmes lesbiennes et organisé, en 2007, le premier rassemblement de femmes arabes lesbiennes. Dans un tout autre domaine, un village arabe, Drijat est devenu, en 2005, le premier village du monde à recevoir toute son énergie du soleil.

Bref, les Arabes d’Israël ont connu un développement humain sans précédent depuis la création de l’Etat juif. C’est en Israël que l’espérance de vie des Arabes est la plus élevée au monde, 76,5 ans ! Tous les indicateurs humains, économiques, sociaux et culturels, indiquent que les Arabes d’Israël ont une confortable longueur d’avance sur les Arabes des pays voisins. Alors, que demander de plus ? Pourquoi véhiculer dans le monde entier l’idée d’une discrimination effroyable ? Certes, des différences subsistent.

Mais le sentiment qui prévaut est que les Arabes d’Israël, in fine, ont bien de la chance de vivre libres dans un pays démocratique.

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