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Le Commerce des ONG pour l'Argent

 

Par Emmanuel Navon, professeur à l'Université de Tel Aviv, auteur de "From Israel with Hope" ed. Balfour Books

6/1/2011

Titre original: Trading Truth for Money

http://navonsblog.blogspot.com/2011/01/trading-truth-for-money.html
Adapté de l'anglais par Danilette

www.navon.com

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Hier le 5 janvier, la Knesset a décidé de créer une commission parlementaire pour examiner les sources internationales du financement des organisations israéliennes qui "aident à délégitimer Israël, mettant en péril les soldats des Forces de défense d’Israël". Bien que la motion ait bénéficié d'un large soutien (41voix pour, 16 contre), elle s’est transformée en violente querelle entre la droite et la gauche.
La décision de la Knesset a été adoptée après que des organisations telles que NGO Monitor et Im Tirtzu aient révélé que de nombreuses ONG (organisations non gouvernementales) israéliennes avaient témoigné contre Israël dans le rapport Goldstone, qu'elles étaient impliquées dans les mandats d'arrêt contre des hommes politiques israéliens et des officiers de l’armée en Europe, et que certaines de ces ONG sont financées par des gouvernements étrangers.

Ceux qui s'opposent à la décision prise hier mettent en avant deux points :

a. les organisations mises en cause s’occupent des droits de l'homme et donc elles méritent des éloges et une protection 

b. leurs sources de financement sont déjà de notoriété publique, donc il n'est pas nécessaire de les vérifier à nouveau.


Ces deux allégations sont à moitié vraies.
De la même façon que le conseil des "Droits de l'Homme" de l’ONU est dominé par les violeurs de ces mêmes Droits de l'Homme, de nombreuses ONG utilisent comme couverture les "droits de l'homme" pour harceler les démocraties en guerre et blanchir des régimes meurtriers. Sinon, comment le Conseil des Doits de l'Homme peut-il être présidé par la Thaïlande -- depuis Juin 2010 -- et comment Human Rights Watch peut-il collecter des fonds en Arabie Saoudite, comme cela a été révélé par le Wall Street Journal en Juillet 2009 ? Evidemment les organisations des Droits de l’Homme en Israël et dans le monde n'agissent pas toutes de cette façon. Certaines œuvrent réellement pour les Droits de l'Homme et sa dignité. Mais de nombreuses ONG -- y compris les ONG israéliennes qui tentent de faire arrêter des officiers de l’armée à Londres --,  utilisent les soi-disant Droits de l'Homme, comme un moyen intelligent pour profiter de l'impunité et couvrir des activités politiques qui n’ont vraiment rien à voir avec les Droits de l'Homme.

Prétendre que les sources de financement des ONG israéliennes sont déjà de notoriété publique n'est pas un argument recevable. Bien sûr, les ONG israéliennes rédigent des bilans financiers pour l’autorité de contrôle des ONG sur chaque dollar reçu et dépensé. Mais de nombreux fonds, ainsi que des fondations qui versent de l'argent à des ONG israéliennes sont elles-mêmes soutenues par des individus, des organisations et des gouvernements dont le nom et l'identité n'apparaissent pas dans ces rapports. Les informations divulguées par des ONG israéliennes au sujet de ces dons, ne révèlent pas l'ensemble de ces montages financiers qui comprennent souvent des gouvernements étrangers. De la même façon que beaucoup d’organisations des "droits de l'homme" n'ont rien à voir avec les véritables Droits de l'Homme, et beaucoup d’organisations prétendant être "non gouvernementales", sont en fait financées par des gouvernements.

De nombreuses ONG israéliennes ont tout simplement pris l'habitude de bénéficier de l'impunité. Il en va de même pour certaines universités israéliennes. La semaine dernière, par exemple, le journaliste du Ma'ariv, Kalman Liebskind a pris l’Université Ben-Gourion (UBG) en flagrant délit de mensonges à ses donateurs.
Liebskind a révélé que les donateurs français de l’UBG ont récemment demandé des explications sur le fait que le  Département de science politique de l’Université est devenu un lieu d’enseignement uniforme d’idées politiques extrémistes. L'Université a répondu -- via son représentant en langue française pour l'Europe -- que beaucoup de professeurs du Département sont de droite et les a même nommés : David Newman, Danny Filc, et Renée Poznanski. Tous les trois pourtant se définissent fièrement comme de gauche et à juste titre. Ils ont tous signé des pétitions appelant les soldats israéliens à ne pas servir dans les territoires contestés. Filc est membre du Conseil des médecins pour les droits de l'homme. David Newman est connu pour fustiger NGO Monitor et Im Tirtzu. On se demande si Newman, Filc et Poznanski ne vont pas maintenant poursuivre leur université pour diffamation ...

La réponse de l’UBG contient également une autre revendication incroyable : le Conseil israélien de l’enseignement supérieur serait dominé par la droite, en particulier par les partis Shas et Israël Beitenou. Le Conseil est en fait un organisme non politique, essentiellement composé de professeurs titulaires. Dire que Shas et Israël Beitenou sont fortement représentés au Conseil est de la science-fiction pure.

L’UBG semble supposer que ses bailleurs de fonds n'ont pas accès à Google. Ou plutôt, elle souffre du même syndrome que les soi-disant ONG des droits de l'homme : le syndrome d'abuser de sa respectabilité pour tromper les gens.

Comme le disait Abraham Lincoln : "Vous pouvez tromper certaines personnes tout le temps et tromper tout le monde de temps en temps, mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps".

Grâce à Internet, la plupart des gens ne peuvent plus se laisser berner tout le temps et le commerce de la vérité pour l'argent n'est plus une activité rentable.