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Le "Territoire
Occupé" de Galilée !
par Shraga Blum, journaliste indépendant qui contribue à l'hebdomadaire "P'tit Hebdo" et un analyste politique pour plusieurs sites internet en français
http://www.i24news.tv/fr/opinions/140213-le-territoire-occupe-de-galilee
18/2/14
La question la plus importante qu’il faut se poser quand on parle d’un éventuel accord de paix avec les Arabes palestiniens est celle du "jour d’après".
Il convient d’envisager avec sérieux le scénario plus que plausible d’un réveil douloureux de la population israélienne qui réaliserait un peu tard que les Arabes palestiniens, malgré des accords qu’ils auraient signés, n’ont jamais eu l’intention de s’arrêter en si bon chemin.
La fin définitive du conflit et des revendications, qui constitue l’une des conditions sine qua non exigées par Israël avant de signer tout accord, risque fort de ne pas valoir plus que le papier sur lequel il serait signé.
Preuve en est l’intense propagande qui sévit quotidiennement dans les médias et le système scolaire soumis à l’Autorité palestinienne, et qui martèle que des villes comme Haïfa, Safed, Tibériade, Acre, Ashkelon ou Lod sont palestiniennes et finiront tôt ou tard par être "libérées".
Une autre exigence légitime exprimée par Benyamin Netanyahou, tout aussi importante mais dont on parle beaucoup moins, est la renonciation à toute revendication nationale de la part des Arabes israéliens. Ces deux conditions sont inconcevables pour l’Autorité palestinienne comme pour les autres factions, puisqu’elles nient la raison d’être du nationalisme arabe palestinien, fabriqué et encouragé dans l’unique but d’éliminer l’Etat d’Israël d’une manière ou d’une autre.
Sur ce point il est donc instructif de se pencher sur une séance de la commission parlementaire de l’Intérieur qui s’est tenue récemment à la Knesset, et lors de laquelle des députés arabes – et pas seulement eux -- ont tenu des propos surréalistes qui ont été totalement passés sous silence par les grands médias israéliens.
L’ordre du jour portait sur la volonté déclarée du gouvernement de renforcer la population juive en Galilée, région qui semblait ne faire l’objet d’aucun contentieux politique, dans le contexte du conflit israélo-palestinien. C’est en tout cas ce que la majorité des Israéliens pensent.
Hanna Sueid, initiateur du débat, dénonçait d’emblée "l’obsession du ministre de la Construction Ouri Ariel de construire des implantations en Galilée "! Le terme "implantation", dans sa traduction hébraïque, ne désigne généralement que les villages juifs de Judée et Samarie, et voilà qu’un représentant arabe utilisait cette expression pour parler des villages juifs de Galilée.
Le député trouva une alliée fidèle en la personne de Tamar Sandberg, du parti d’extrême-gauche Meretz, qui clama "qu’elle aussi s’opposait catégoriquement à la création de nouveaux villages juifs en Galilée" !
Interloquée, la députée Yifat Kariv, du parti centriste "Yesh Atid", bien seule à porter une voix différente, se risquait : "La Galilée n’est-elle pas une région faisant partie d’Israël ?". Cette insolente question provoqua un regain de violence verbale de la part des députés arabes.
Hanin Zouabi, du parti "Balad", lança "qu’il s’agissait-là d’une volonté de prendre le contrôle de terres arabes selon des critères raciaux". Son collègue Jamal Zahalka fut celui qui planta le dernier clou et dévoila finalement le fond de la pensée de ces représentants de la minorité arabe israélienne : "La Galilée est à nous et cette terre est à nous. Il s’agit-là d’un régime d’apartheid, et la naqba (catastrophe) se poursuit jusqu’à nos jours".
Cette scène est éloquente. Voilà que les mêmes termes et arguments utilisés pour la Judée et la Samarie - vitrine officielle des revendications arabes palestiniennes à destination de la communauté internationale - sont également repris concernant la Galilée, sans pour autant que cela ne provoque de vagues.
Il serait intéressant de savoir ce qu’en pensent l’Union Européenne ou les Etats-Unis qui ressassent à longueur d’année que l’évacuation de la Judée et la Samarie par Israël est l’unique et sure manière de mettre définitivement un terme à ce conflit centenaire. Ce qui s’est dit au sein de cette Commission en dit pourtant long sur les intentions des dirigeants de la population arabe en Israël, qui sont d’ailleurs officieusement mais totalement soutenus par Mahmoud Abbas sur cette question. Des slogans identiques avaient été entendus il y a quelques mois lors des émeutes d’une partie de la population bédouine dans le Néguev.
Imaginons alors un instant une carte d’Israël sans ces régions que sont le Néguev, la Galilée, la Judée et la Samarie, et il sera facile de constater qu’il s’agit bel et bien de l’application du fameux plan par étapes de la "libération de la Palestine" établi par Arafat en 1974 et duquel ne s’est jamais distancée l’OLP. Ceux qui pensent encore qu’il suffit de lancer les deux os de la Judée et la Samarie aux Palestiniens pour calmer leur faim sont invités à réfléchir sérieusement.
Certes, les onze députés arabes à la Knesset n’expriment pas forcément l’opinion de la totalité de la population arabe israélienne qui s’est habituée à vivre au rythme pas si désagréable d’un Etat moderne et développé. Mais il est clair que le travail de fond qu’ils effectuent avec méthode ainsi que le martèlement de la propagande de l’Autorité palestinienne sur l’illégalité de la présence juive dans toute la "Palestine" sont de nature à encourager l’émergence de mouvements autonomistes ou séparatistes arabes israéliens dans le futur. Quand bien même existerait un Etat palestinien….ou peut-être surtout à cause de cela !
Aucun accord signé ni aucune garantie internationale ne pourront servir de digue à une nouvelle vague de revendications de la part de populations qui n’ont toujours pas réellement accepté le principe d’une souveraineté juive sur une quelconque parcelle de terre considérée comme musulmane.
La question qui se pose alors
est la suivante : Israël peut-il se permettre le luxe de prendre autant de
risques et de faire des concessions si douloureuses si le "jour
d’après" risque fort d’être pire que la situation qui prévalait "le
jour d’avant" ?