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Il faut éliminer
le Hamas
Par Guy Millière pour Dreuz.info.
3 août 2014
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Je ne sais ce que Binyamin
Netanyahou a en tête présentement. Je sais qu’il prend en compte tous les
paramètres d’une situation âpre et complexe.
Je sais que c’est un homme d’une immense
qualité, l’un des très rares hommes d’Etat dans l’époque présente, et je ne
doute pas qu’il prendra les décisions les plus optimales. Il a réussi jusqu’à
présent à contourner tous les pièges tendus par Obama
et Kerry. Je ne doute pas qu’il continuera dans cette voie.
Israël, pour le moment, n’a pas perdu la guerre,
mais Israël n’a pas gagné.
Gagner la guerre pour Israël implique de
soupeser les options disponibles, et de choisir la bonne. Je ne veux pas douter
que Binyamin Netanyahou choisira la bonne option.
Reprendre Gaza serait envisageable, mais, je
pense, ne sera pas envisagé. Des opérations terrestres reprenant tout Gaza
seraient très coûteuses en vies humaines, et Israël a déjà perdu bien trop de
soldats en raison d’une politique de retenue (que je pense absurde). Reprendre
Gaza impliquerait aussi qu’Israël gère Gaza et une population arabe gorgée de
haine par des années de propagande intensive, ce qui serait complexe et
coûteux. Reprendre Gaza impliquerait, en outre, qu’Israël soit confronté à des
pressions internationales qui se démultiplieraient et deviendraient vite
intenables.
Détruire les tunnels et les armes du Hamas, et
laisser au pouvoir un Hamas affaibli est une option parfois évoquée :
c’est l’option que soutiennent certains en Israël. C’est aussi (doit-on le
dire?) l’option que soutiennent les ennemis d’Israël. Quand bien même Israël
dirait être victorieux, ce ne serait, de fait, pas une victoire d’Israël, mais,
de facto, une défaite. Un Hamas affaibli trouverait tôt ou tard les moyens de
reprendre des forces. Un Hamas affaibli ne serait désarmé que
provisoirement : quand bien même Israël obtiendrait le contrôle strict des
frontières de Gaza, ce contrôle serait tôt ou tard contourné, et des pressions
internationales s’exerceraient rapidement pour que ce contrôle soit allégé
(comme il l’a déjà été dans le passé, avec les résultats qu’on voit), voire
aboli. Un Hamas affaibli mais pas éliminé serait, qui plus est, un Hamas qui se
présenterait comme « victorieux », ce qui serait dramatique.
Eliminer le Hamas, totalement, est
dès lors la seule option envisageable. C’est même une option impérative. J’entends énoncer ici
pourquoi:
- Un Hamas non éliminé et se présentant comme
« victorieux » serait non seulement un Hamas qui pourrait reprendre
des forces et n’être désarmé que provisoirement : ce serait aussi un Hamas
devenu un « symbole » de « résistance » qui, en tant que
« symbole » de « résistance », en viendrait à incarner la
« lutte » du « peuple palestinien », avec les risques
d’embrasement à même de résulter. Ce serait, en supplément, un
« symbole » à même de renforcer la vague islamique qui déferle
présentement sur tout le monde musulman et qui menace, outre Israël, tous les
pays sunnites du « statu quo » : l’Egypte de Sissi, l’Arabie
Saoudite, la Jordanie, les émirats (sauf le Qatar). Eliminer le Hamas est, pour
Israël, la seule et unique façon d’empêcher le Hamas de se présenter comme
« victorieux », et de devenir un symbole, avec toutes les conséquences
à même de découler d’une « victoire » du Hamas.
- Un Hamas non éliminé réintégrerait sans doute
un gouvernement de l’Autorité Palestinienne (c’est ce que souhaitent
l’administration Obama et l’Europe), et se trouverait
vraisemblablement retiré dans d’assez brefs délais de la liste des
organisations terroristes tenue par les Etats-Unis et l’Europe :
l’administration Obama et l’Europe ont déjà reconnu
un gouvernement Fatah Hamas, et diraient que le « réalisme » implique
de reconnaître la « réalité ». Le Hamas n’aurait pas même à changer
de position ou d’objectifs. Il aurait gagné ainsi, en ayant agressé Israël, un
surcroît de légitimation. Eliminer le Hamas est, pour Israël, la seule et
unique façon d’éviter ce surcroît de légitimation que quête le Hamas.
- Un Hamas non éliminé aurait d’autant plus
d’opportunités de se renforcer que (ce doit être vu, même si c’est inquiétant)
les Etats Unis risquent fort de basculer. Les sondages sont alarmants.
L’administration Obama pourrait bien avoir fait
passer les Etats Unis dans une autre phase de leur histoire, où ils seront
moins favorables à Israël, et plus « ouverts » aux ennemis d’Israël
et à l’islam. Le soutien à Israël aux Etats Unis est très majoritaire chez les
électeurs républicains, mais désormais nettement minoritaire chez les électeurs
démocrates. Il est très majoritaire chez les gens âgés de plus de trente cinq
ans (et, d’ailleurs, bien plus chez les hommes que chez les femmes qui sont, en
moyenne, plus à gauche et plus « pro-palestiniennes »), mais
minoritaire chez les gens de vingt cinq à trente cinq ans, et très minoritaire
chez les gens de dix-huit à vingt cinq ans. Le soutien à Israël est aussi très
minoritaire chez les Noirs et chez les Hispaniques, et les Hispaniques
représentent une proportion croissante de la population américaine. Il est très
probable que succèdera à Obama un Président (sans
doute une Présidente) démocrate, aux options assez anti-israéliennes. Israël a
intérêt à faire ce qui peut être fait maintenant, car plus tard, cela pourrait
devenir plus difficile. Dès lors que l’Europe s’islamise et redevient
antisémite, Israël doit se donner le temps de nouer de nouvelles alliances. La
seule façon pour Israël de se donner du temps est d’ôter au Hamas dès à présent
toute possibilité de se renforcer. Eliminer le Hamas est la seule et unique
façon d’éviter toute possibilité que le Hamas ait la possibilité de se
renforcer.
- Un Hamas non éliminé empêcherait Israël de se
tourner vers la menace stratégique stratégique
majeure qui pèse sur Israël : la vague islamique qui déferle. Le Hamas
n’est que l’un des fragments de la vague. Un Hamas « victorieux »,
« symbole » de « résistance », renforcerait la
« lutte » du « peuple palestinien », renforcerait la vague
islamique. Un Hamas « victorieux » obligerait Israël à consacrer du
temps et des moyens supplémentaires pendant les mois et les années à venir à la
question « palestinienne », tout en rendant la vague islamique
elle-même plus dangereuse et féroce, alors qu’Israël doit pouvoir se consacrer
aussi pleinement que possible à la vague islamique, et s’efforcer dès
maintenant de rendre celle-ci moins dangereuse et moins féroce. La seule façon
pour Israël de se donner les moyens de se consacrer aussi pleinement que
possible à la vague islamique, et de rendre celle-ci moins dangereuse et moins
féroce dès à présent, est d’éliminer le Hamas.
- Parce que le Hamas fait partie intégrante de
la vague islamique, parce qu’il fait partie de ce qui menace, outre Israël,
tous les pays sunnites du statu quo, Israël peut compter présentement sur leur
appui tactique. Ceux-ci sont, pour l’heure, bien plus hostiles à l’islam
radical que ne le sont les Etats Unis d’Obama et
l’Europe. Cela crée pour Israël une immense opportunité qui peut et doit être
utilisée.
L’élimination du Hamas, impérative pour Israël,
se trouve être aussi impérative pour les pays sunnites du statu quo : une
telle conjoncture est sans précédent.
Israël doit éliminer le Hamas. Et
Israël peut éliminer le Hamas.Comment cela peut-il être effectué ?
- En continuant à détruire les tunnels, bien
sûr. En continuant à détruire l’armement du Hamas et des autres groupes
islamiques à Gaza. En asphyxiant Gaza, qui ne peut recevoir d’approvisionnement
d’aucun côté, et à qui Israël peut fournir un minimum de vivres et de médicaments,
mais rien d’autre (cela s’appelle mener une guerre d’attrition).
- En n’acceptant, cela va de soi, dans le cadre
de négociations aucune des demandes du Hamas et aucun interlocuteur du Hamas.
- Une opération massive contre les dirigeants du
Hamas présents à Gaza, terrés dans un bunker sous l’hôpital Shifa
devrait aussi être envisagée, et je ne veux pas douter qu’elle est
envisagée : les dirigeants du Hamas sont prêts à faire tuer autant
d’Israéliens qu’ils le peuvent et à faire tuer aussi autant d’Arabes de Gaza
qu’ils le peuvent. Ils sont même prêts à sacrifier tous les enfants et
nourrissons de Gaza pour que cela permette à des journalistes complices de
prendre des photos sanglantes. Ils ne sont pas prêts à mourir. Nul plus qu’eux me mérite de mourir. Si le Hamas est frappé à la
tête, il tombera.
Il sera difficile d’éviter, comme interlocuteur,
l’Autorité Palestinienne, mais Israël devra dire que son interlocuteur est
l’Autorité palestinienne version Fatah, sans le Hamas. Je ne doute pas que
c’est ce qu’Israël fera. L’Autorité palestinienne sans le Hamas pourrait alors
revenir au pouvoir à Gaza. Ce serait un pis aller. Il
resterait à Israël à négocier les conditions concrètes de ce pis aller. Israël
pourrait poser des conditions drastiques à l’Autorité palestinienne. Le cas
échéant, les pays sunnites du statu quo accepteront ces conditions. Le danger
principal pour eux est l’islam radical, et ils comptent sur Israël pour faire
face. Ceux qui sont à même de faire pression pour qu’Israël n’impose pas des
conditions trop drastiques sont ceux qui s’efforcent présentement de sauver le
Hamas : l’administration Obama et l’Europe,
clairement alliés du Hamas.
Nous sommes dans une configuration
inédite et sans précédents : des pays arabes sunnites sont bien plus
hostiles à l’islam radical que ne le sont les Etats Unis et l’Europe. Et ces
pays arabes sunnites sont davantage prêts que les Etats Unis et l’Europe à voir
Israël écraser l’islam radical.
Etrange époque. Ou, dois-je le
redire : effroyable époque. Que reste-t-il de la civilisation
occidentale ? Voir les Etats Unis sous Obama, et
l’Europe s’efforcer de sauver et de renforcer une organisation terroriste
génocidaire se réclamant d’idées très proches de celles du national socialisme,
et se tourner contre le pays du peuple juif, moins de soixante dix ans après la
shoah est un spectacle qui me révulse absolument.