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Les "Reconnaissances-Spectacles" et la Réalité Palestinienne

 

Par maître Bertrand Ramas-Muhlbach

19 octobre 2014, par reconnaissance symbolique

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Le 13 octobre 2014, la Chambre des communes du parlement Britannique a voté un projet de résolution visant à reconnaître l’Etat de Palestine comme Etat indépendant. La mention particulièrement vague, précise « Que la Chambre croit que le Gouvernement devrait reconnaître la Palestine à côté de l’Etat d’Israël comme contribution au renforcement d’une solution à deux états ».

Ce non-engagement est naturellement vide de sens, en ce qu’il consiste dans « une croyance » (au conditionnel) dans la nécessité de reconnaître la Palestine. Il n’en reste pas moins un message démagogique pour satisfaire le monde arabo musulman tout en défiant les positions israéliennes.

Dans le même registre, le Premier ministre suédois Stefan Löfven, a, le 3octobre 2014, affirmé : « Le conflit entre Israël et la Palestine ne peut être résolu que par une solution à deux États, négociée conformément aux principes du droit international. Elle doit garantir les exigences légitimes des Palestiniens et des Israéliens à l’autodétermination et à la sécurité nationale. Une solution à deux États exige la reconnaissance mutuelle et une volonté de coexister pacifiquement. Par conséquent, la Suède reconnaîtra l’État de Palestine ». Ici encore, la déclaration d’intention (du même acabit) ne se prononce ni sur l’emplacement du futur Etat palestinien, ni sur ces modalités de mise en œuvre pratiques. Aussi, l’Etat juif, plus circonspect, s’est-il prononcé, par la bouche du Ministre de la Défense Moshe Yaalon, sur le maintien de la situation existante : « Nous savons comment vivre avec. Ce n’est certainement pas nécessaire de les contrôler. Nous pouvons leur donner l’autonomie politique comme ils l’ont maintenant ».

 

Les Etats naïfs imaginent que le conflit est territorial et que ces reconnaissances successives vont exercer une pression sur la communauté internationale pour accélérer la résolution de ce qu’ils appellent « la question palestinienne ». Pour leur part, les ennemis d’Israël affirment que l’Etat juif se livre à des violations (à grande échelle) des droits de l’homme vis-à-vis des palestiniens avec la complicité des Etats-Unis qui livre les armes utilisées par Tsahal. Aussi, cautionnent-ils les palestiniens dans leur « choix éthique » de résister à l’occupation israélienne.

C’est précisément le cœur de la pensée palestinienne que la communauté internationale omet de prendre en considération. En lisant l’information sur le site « centre d’information palestinienne », on découvre que pour les palestiniens, les juifs sont des colons (quelque soit l’endroit où ils vivent), que Tsahal est une force d’occupation, que toute la Palestine mandataire est occupée, que les palestiniens qui périssent sont des martyrs et que leur mort doit être vengée. En somme, pour les palestiniens, il existe deux types de terres : les terres occupées depuis 1967, et les terres occupées … depuis 1948.

On peut ainsi lire que le 16 octobre 2014, le chef du Bureau politique Khaled Mechaal appelle les palestiniens des « territoires occupés de 1948 » (qu’Israël nomme les arabes israéliens) à défendre la mosquée bénie Al Aqsa à « la lumière de invasions inlassables des colons et des soldats de l’occupation ». De même, « Les Palestiniens doivent résister pour défendre eux-mêmes leurs droits légitimes contre l’occupation et ses pratiques agressives » (car Jérusalem est également une ville occupée qu’il faudra libérer un ou l’autre).

De même, le 17 octobre 2014, il est reproché à « la Cour de Justice sioniste à Jérusalem (d’avoir) expulsé de la mosquée A Aqsa trois mineurs pour une période de 15 jours à la suite d’affrontements qui ont eu lieux à Jérusalem à la suite d’incursions des colons dans la mosquée Al Aqsa »…(les palestiniens dénient toute souveraineté à Israël, qu’il s’agisse de son implantation géographique ou de sa justice).

De même, les dégâts collatéraux lors des affrontements, sont utilisés par les palestiniens comme moteur de la résistance locale à « l’occupation ». Ainsi, le 16 octobre 2014, des combats à proximité de Ramallah ont causé la mort d’un enfant de 13 ans. Dans l’article, il est indiqué que le martyr a été « tué par l’occupation », que les palestiniens « ont appelé à la vengeance en scandant des mots haineux contre Israël » et que l’Imam les a exhorté à être patients et à énumérer les vertus des martyrs pendant que les « forces de l’occupation se retiraient »… (Autrement dit, pendant que le monde rêve de paix, les palestiniens cultivent l’esprit de la guerre). L’illégitimité d’Israël ressort également d’un événement du 18 octobre 2014, impliquant « des dizaines de colons extrémistes (c’est à dire des juifs religieux) à « mea charim » qui ont mené des actes d’émeutes à la fin de la célébration des fêtes de Soucoth, persécuté et agressé deux palestiniens qui du se réfugier dans une école pour leur échapper » (les juifs religieux sont en fait des colons extrémistes).

Pendant que l’occident parle du « droit des peuples à disposer d’eux mêmes », les palestiniens parlent d’une occupation sioniste illégale et d’une résistance légitime. A aucun moment, les palestiniens ne réclament une autodétermination qu’ils ont déjà : ce qu’ils veulent, c’est chasser les juifs de la Palestine historique. D’ailleurs, les élections ne sont plus tenues dans les territoires sous contrôle palestinien, en raison d’une divergence de vue entre les palestiniens. Le problème pour eux est de savoir si le départ des juifs doit être progressif (pour le Fatah) ou immédiat (pour le Hamas). Signe des dissensions profondes entre Hamas et Fatah, on peu lire que le Hamas a condamné l’action des de services de sécurité de l’Autorité Palestinienne en Cisjordanie (occupée) qui a mater les marches de solidarité avec la « mosquée bénie d’el-Aqsa et les lieux saints » organisées, vendredi 17/10, dans les différentes villes.

Plus symptomatique, Abou Zouhri, porte-parole du Hamas, a, le 16/10 vertement fustigé « Les déclarations répétées du président de l’AP, Mahmoud Abbas, sur sa condamnation de la résistance et sur le fait qu’il n’est pas concerné par une véritable réconciliation avec le Hamas, ce qui reflètent de mauvaises intentions".

En effet, Mahmoud Abbas qui est partisan d’une éviction des juifs par étape, est obligé de condamner les opérations de la résistance islamique, pour conserver le soutien américain.

En attendant de connaître le calendrier d’éviction des juifs, les palestiniens fonctionnent donc, non de façon autonome, mais conformément aux prérogatives qui sont les leurs à savoir tel « un peuple sous tutelle ». en fait, il existe deux catégories de palestiniens : ceux qui attendent patiemment qu’Israël soit chassé par étape (version Olp), et ceux qui prônent une éviction une éviction immédiate de l’entité sans droit ni titre en Palestine.

La communauté internationale est comme déconnectée de la réalité. Les pays occidentaux reconnaissent la Palestine en espérant donner une impulsion au processus de paix alors que les palestiniens cultivent l’éviction des juifs de Palestine, comme s’ils étaient finalement l’antithèse du projet d’Israël. Sinistre comédie.