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NOUS NE PLEURERONS PAS MR OLMERT

 

Par Hillel Halkin,  rédacteur associé au journal The New York Sun.

The New York Sun -23 septembre 2008

Adaptation française de Sentinelle 5768

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Il est difficile de se sentir vraiment désolé pour le premier ministre d’Israël, Ehud Olmert, qui a démissionné de son poste il y a deux jours. On dit de lui que c’est quelqu’un d’agréable, chaleureux avec ses amis, et estimé de son personnel. C’est peut-être vrai, exactement comme il est vrai qu’il est un habile politicien. Mais il a provoqué sa propre chute – et il l’a fait, non, comme dans une tragédie grecque, en trébuchant à l’aveugle, mais en y courant les yeux ouverts.

Le politicien qui prend l’habitude de se remplir les poches illégalement parce qu’il pense pouvoir en réchapper, ne nous inspire, comme Aristote le dit du héros de tragédie, ni pitié ni terreur. S’il nous fait ressentir quelque chose de plus fort que la dérision : du dégoût.

A part le fait qu’il deviendra peut-être le Premier ministre d’Israël à aller en prison, deux choses resteront dans nos mémoires à propos de M. Olmert : l’une est certaine, l’autre, possible. Ce qui est certain, c’est la guerre ratée au Liban, en 2006. Ce qui est possible, ce sont les négociations de paix qu’il a menées avec l’Autorité Palestinienne et les autorités syriennes.

Ironie pourtant : alors que tous ont fustigé M. Olmert pour la guerre au Liban, et que beaucoup l’ont félicité pour ses pourparlers avec les Palestiniens et les Syriens, ce devrait être le contraire. La guerre ne fut pas vraiment de sa faute. Les pourparlers, par contre, sont une bourde dont il est entièrement responsable.

 

Quand M. Olmert décida d’aller en guerre, à l’été 2006, il agissait, dans les limites de ce qu’il savait, de façon parfaitement raisonnable. Il n’était Premier ministre que depuis quelques mois. Le Hezbollah avait commis une provocation intolérable en traversant la frontière internationale pour tuer et kidnapper des soldats israéliens. C’était là une occasion de lui donner une leçon ainsi qu’à tous les ennemis d’Israël, tout en le chassant du sud-Liban et en y détruisant son infrastructure.

L’armée dit à Olmert que ce serait du gâteau. Les quelques centaines de combattants irréguliers qui tenaient les positions du Hezbollah au sud-Liban seraient écrasées par la puissance aérienne israélienne, avant qu’ils puissent parvenir à tirer leurs roquettes Katiouchas vers le nord d’Israël.

Il se trouva que l’armée se trompait. La puissance aérienne d’Israël ne pouvait pas faire ce travail. Le renseignement militaire avait sous-estimé à quel point le Hezbollah était bien enterré. Les Katiouchas continuèrent de pleuvoir jour après jour. Et quand l’armée décida que la seule manière de déraciner le Hezbollah était d’envoyer les fantassins, elle assura de nouveau à M. Olmert que c’en serait fini rapidement. Les combattants du Hezbollah, tapis dans leurs bunkers, pouvaient bien être à l’abri des bombes, mais ils ne pourraient pas tenir contre les divisions d’infanterie d’Israël.

L’armée se trompait encore. La plupart des bunkers tinrent le choc, les Katiouchas continuèrent de pleuvoir, et la guerre se termina sans conclusion, ce qui revenait à une victoire pour le Hezbollah. Au lieu de renforcer le pouvoir dissuasif d’Israël, l’opération ne fit que l’affaiblir, au prix de plus de cent morts et de la démoralisation du public. Ce fut en vérité un désastre – mais personne ne pouvait reprocher cela à M. Olmert.

Il n’avait aucun moyen de savoir que l’armée vivait dans un monde d’illusions. S’il avait ignoré son conseil sans réagir puissamment à la provocation du Hezbollah, ou en arrêtant la guerre sans envoyer l’infanterie, on le lui aurait reproché aussi. La seule différence, dans ce cas, c’est qu’il aurait été taxé d’être une mauviette indécise, plutôt qu’un aventurier tirant plus vite que son ombre.

 

Mais les pourparlers de paix de M. Olmert ont été autre chose. Certes, ils résultèrent de la guerre de 2006. Incapable, du fait de ses conséquences, de poursuivre l’exécution du plan de désengagement unilatéral d’Ariel Sharon, qui avait été son programme électoral, M. Olmert chercha une stratégie politique alternative et trouva celle - antérieure à Sharon - du Parti Travailliste, des territoires contre la paix.

Au départ, ce fut probablement un stratagème bien connu, pour créer l’illusion de la résolution dans laquelle lui-même, ancien homme de droite, ne croyait pas beaucoup. Pourtant, plus il s’enfonçait dans ses problèmes à cause des accusations de corruption qui pesaient contre lui, plus le stratagème devenait un radeau de sauvetage auquel il s’accrochait, dans l’espoir que personne ne jetterait par-dessus bord un artisan de paix dévoué.

Et pour garder le radeau à flots, il commença à faire concession après concession, tant sur le front des Palestiniens que sur celui des Syriens, sans obtenir rien de substantiel en retour, alors que le marchandage aida le régime syrien à s’extraire de son isolement international.

Heureusement, bien qu’il continue d’expédier les affaires courantes, en tant que Premier ministre, pendant encore plusieurs semaines ou mois, jusqu’à ce qu’un successeur soit choisi, M. Olmert ne dispose pas du temps ou du levier politique pour faire beaucoup avancer les pourparlers de paix entamés par lui. Et pourtant, les concessions qu’il a déjà faites, et qu’il peut encore faire avant de quitter le bureau du Premier ministre, reviendront hanter Israël dans le futur.

 

Peu importe comment les gouvernements d’Israël essaieront légitimement de mettre en avant qu’ils ne sont pas liés par les offres que M. Olmert a faites pour re-diviser Jérusalem, pour donner des dizaines de kilomètres carrés de territoire d’Israël à un Etat palestinien, pour accepter à nouveau un nombre de réfugiés palestiniens à négocier, et pour se retirer de la totalité des Hauteurs du Golan : la "Communauté Internationale", sans parler des Etats arabes, considérera cela dorénavant comme les positions d’Israël  sur lesquelles on ne pourra pas revenir.

 

Il est vraiment difficile de se sentir désolé pour M. Olmert. Il est bien plus facile de se sentir désolé pour le pays qu’il a dirigé.


Note de www.nuitdorient.com du 3 octobre 2008.

 

Le grand dilemme. Ehoud Barak a cru bon doter Israël d'un radar américain super-performant qui divise par 2 ou 3 le temps de réponse à une attaque de missile ennemi, en repérant ce missile dès son lancer. Ce radar c'est le monstre flottant ci-dessous. Il se trouve aujourd'hui provisoirement à Nevatim-Négev et sera fixé dans le sud à Har Keren. Mais il y a un hic: il est manipulé par 120 militaires américains sous contrôle exclusif américain. Les Etats-Unis ont catégoriquement refusé le transfert de commandement à Tsahal.

Un état dans l'état ? Oui! Fallait-il refuser cette avancée ? Sans aucun doute, car elle créé un fâcheux précédent ! Et puis les Américains contrôlent ainsi de plus près les faits et gestes d'Israël qui perd beaucoup de son indépendance militaire. Sans parler des interférences avec les équipements radar israéliens.

Encore une bourde de l'équipe Olmert !

En espérant que les 25 avions furtifs "Stealth" promis ne parviennent pas avec un pilote américain.

 

Albert Soued