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Où en est le « jihad » en Iran ?

Par Albert Soued, écrivain http://symbole.chez.com pour www.nuitdorient.com   Dernier livre d'Albert Soued : Quand le Moyen-Orient verra-t-il la paix ?  - Editions de l’Histoire, 2021 –

Interview sur ce livre :  https://goldnadel.tv/culture/-des-livres-pour-le-week-end-avec-albert-soued?mode=video

Où en est le « jihad » en Turquie ?

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23/07/2021

Le Coran comprend plusieurs passages relatifs au « jihad », incitant à la guerre contre les polythéistes de l'Arabie ou les incroyants, notamment 5 versets dans les sourates 8/9/47 ; le verset le plus connu est le verset 5 de la sourate 9 : « [...] Tuez les incroyants où que vous les trouviez   [...] 

Depuis 14 siècles d’Islam dans le monde, le « jihad » est permanent et signifie un effort, une lutte pour parvenir à ses fins. Selon les soufis, cette lutte peut-être une lutte sur soi pour s’améliorer; mais plus généralement, c’est un combat pour vaincre un ennemi et conquérir un territoire.

Notre analyse concerne le jihad actuel mené par les dirigeants d’un pays musulman non arabe, l’Iran qui, chacun à sa manière, à travers leur psychisme spécifique, cherchent la prééminence et l’hégémonie.

 

Idéologie

Les ayatollahs d'un pays sur le point d'être nucléaire sont de fervents croyants, adeptes de l'Apocalypse. La doctrine shiite, adoptée par les dirigeants de la République islamique d'Iran, annonce l'arrivée d'une figure messianique connue sous le nom de 12ème Imam ou Imam caché, appelé « Mahdi ». Le Mahdi » est le restaurateur de la religion et de la justice, celui qui régnera avant la fin des temps. Sa réapparition apocalyptique sera précédée de violence, de chaos et de guerre. Il réapparaîtra au milieu d'un champ de bataille souillé du sang des infidèles.

Le culte de «l'Imam caché», a pris une dimension politique. Le mahdi sortira du puits sacré à Jamkaran. On lui a déjà préparé un tapis rouge. Les dirigeants iraniens basent leur discours sur l'attente de l'imam Mahdi : « Pour que l'Imam caché réapparaisse, nous devons combattre l'Occident." - Ils ont maintes fois déclaré publiquement qu'une guerre nucléaire, tuant des millions de Juifs et de Musulmans, était acceptable pour eux, parce qu'éliminant Israël, mais ne causant que quelques dommages à l'Islam. Suicidaires, ils ne se soucient pas de l'impact des sanctions économiques, ni de l'avenir de millions de jeunes Iraniens au chômage, ni de l'apparition de pandémies.

L'objectif ultime de l'Iran est "un gouvernement unifié du monde" sous la houlette du Mahdi. La mission de Téhéran est de créer un monde multipolaire où l'Iran a l’éminente place de guide de l'Islam. Et sa meilleure arme est la tromperie, et pas le jeu d’échecs, comme certains le croient.

 

Moyens politiques

A travers une série d’organes étatiques, signes extérieurs de démocratie exemplaire, l’Iran est en fait dirigée par un Guide Suprême qui décide seul en dernier ressort. L’Iran est une théocratie oligarchique.(1)

Le 1er Guide Khomeini a régné 10 ans et a ruiné le pays avec la guerre avec l’Irak qui a duré 8 ans, provoquant plus d’un million de morts. Ali Khamenei règne depuis 32 ans choisissant son président, généralement acquis à son idéologie d’apocalypse, de rigueur et de conservatisme dictatorial (Ahmedinejad), et à l’occasion « apparemment modéré » (Rouhani), lorsque les circonstances géopolitiques l’exigent.

Le dernier « élu » est un dur ultraconservateur, Ebrahim RaïssI, le chef du système judiciaire iranien, vice-président de l'Assemblée des experts et directeur de la richissime fondation philanthropique (ou Bonyad) Astan-e Qods-e Razavi. Une rumeur court à Téhéran, qu’il serait choisi pour devenir le successeur du guide suprême Ali Khamenei, à la mort de celui-ci.

Responsable du massacre de 30 000 prisonniers politiques à l'été 1988, Raïssi n’a été élu que par 12% des Iraniens seulement ! Vers la fin des années 1980, il fit exécuter des milliers d’Iraniens, opposants au régime, parfois dans des mises en scènes morbides, au point que même les petits-fils de l’ancien ayatollah se sont dressés contre lui. L’ONG Amnesty International, basée à Londres : « Le fait qu’Ebrahim Raïssi ait accédé à la présidence au lieu de faire l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité, meurtres, disparitions forcées et tortures, est un rappel sinistre que l’impunité règne en maître en Iran » (1).

Le pouvoir réel sur le terrain est entre les mains du « Corps des Gardiens de la Révolution Islamique » (CGRI), conçu à l'origine par le régime des Ayatollahs comme une milice à orientation idéologique qui compenserait le manque de zèle révolutionnaire de l'armée régulière. Il est devenu depuis la principale force militaire du pays, parallèle à l'armée régulière, et chargée de concrétiser l'impérialisme et l’esprit de conquête du régime en Iran, puis au Moyen Orient et partout dans le monde, avec « les brigades al Qods », véritable Légion étrangère.

Le CGRI est secondé localement par des « vigiles » formés et dévoués, les « basijis », une police de quartier cherchant et arrêtant tout contrevenant à la loi islamique, notamment vestimentaire.

 

Situation Intérieure

Malgré les sévices subis et une économie délabrée, la population fait preuve d’une exceptionnelle résilience d’autant plus méritoire que la répression est implacable. (Voir www.nuitdorient.com/n26122.htm - 40 ans d'Intolérance Iranienne)

- Avec les dissidents, les homosexuels, les membres de minorités religieuses, etc…, l’Iran est responsable de plus de la moitié des exécutions enregistrées dans le monde.     

- Des milliers de policiers spécialisés dans la morale ont été recrutés pour contrôler l'application des codes de pudeur stricts imposés aux femmes,

Alors que l’oligarchie des pasdarans et des Gardiens de la Révolution accapare les principales ressources du pays et contrôle les principaux secteurs d’activité économique, l’Iranien de la rue assiste à l’effondrement du système bancaire et la généralisation de la corruption ; subit une inflation de plus de 50 %, un chômage de 25 %, une dépréciation de la monnaie et une explosion de la pauvreté qui atteint 40 % de la population. On note de plus une pandémie non maîtrisée, avec plus de 4 millions de personnes touchées, avec plus de 130 000 décès.

L'Ayatollah Ali Khamenei, a récemment qualifié le virus de "bénédiction" et le Dr Majid Rafizadeh, président du Conseil international américain sur le Moyen-Orient, a écrit sur le site web du Gatestone Institute : "Les mollahs au pouvoir tentent-ils délibérément de propager le coronavirus dans d'autres pays comme une forme de jihad mondial ?"

L’Occident n’a pas su utiliser l'identité "perse", qui n'est pas forcément compatible avec l'islam, ou l'admiration des jeunes Iraniens pour le libéralisme américain. Le "soulèvement vert" des Iraniens en 2009, a été écrasé dans le sang, sans qu’aucun pays occidental n’intervienne. Une aide aux minorités ethniques les aurait débarrassés du joug iranien.

L’opposition iranienne de l’extérieur a été incapable de créer la moindre plate-forme démocratique commune…. alors que les Kurdes et les chiites d’Irak ont réussi à imposer une culture démocratique dans leur zone.

La jeunesse iranienne est consciente de la démesure idéologique de la génération de ses parents, mélange incohérent d'anti-impérialisme, anti-sionisme, islamisme, marxisme… qui n'a apporté que des déboires et aucun résultat sur le plan économique. Un des slogans les plus populaires lors des protestations d'étudiants est "oubliez la Palestine et pensez à nous !"

 

Situation Extérieure

L'Iran est le principal pays dans le monde qui parraine le terrorisme international, formant, armant et finançant des groupes qui ont comme but de détruire l'état d'Israël et semer le chaos en Occident.

L'Iran a élargi son réseau de la terreur en s'appuyant sur le Hezbollah, le Hamas, sur des milices dérivées du Hezbollah et des Gardiens de Révolution, et sur l’ethnie Houtie au Yémen, créant un dangereux axe shiite et recrutant des cellules dormantes à travers de nombreuses capitales dans le monde.

Fondé sur l’Iran, l’axe shiite est dangereux, car il relie la mer Caspienne à la Méditerranée et à l’océan indien. On a ici une puissance régionale qui domine 25% des réserves naturelles de gaz du monde et 11% de ses réserves en pétrole, disposant d’un énorme capital humain, de hautes capacités en sciences, en technologie, en infrastructure et capacités opérationnelles en cyber-développement.

Les Menaces nucléaires

Ces menaces constituent un danger non seulement pour Israël, mais pour toute la région, car le tir d'une première fusée nucléaire iranienne ne peut être d'une grande précision, avec une grande probabilité de chute sur un territoire non visé, voire sur l'Iran. De même les missiles anti-missiles Arrow d’Israël peuvent aisément intercepter ou dévier toute fusée en vol, avec de grands risques pour l'Iran.

L’Iran n’a pas respecté les traités, accords et conventions qu’il a signés, notamment le JCPOA de 2015, lui interdisant de se doter d’un arsenal et l’obligeant à tenir l’AIEA régulièrement informée de tout ce qu’il entreprend dans ce domaine.

Le régime iranien a trompé à plusieurs reprises la communauté internationale. Quelques exemples : le réacteur de plutonium d'Arak non déclaré, la fausse Fatwa de Khamenei « interdisant la mise au point, la fabrication, la possession et l'emploi d'armes nucléaires », la dimension militaire du programme nucléaire iranien que l’AIEA ne peut pas inspecter (défaut du JCPOA), les sites secrets de Qom, Natanz, Fordow… .

L’Iran a acquis auprès d'Islamabad les plans de centrifugeuses beaucoup plus sophistiquées que celles qui avaient été déclarées et a repris le processus d'enrichissement de l'uranium, commencé plus tôt au site d'Ispahan, à un niveau plus élevé que celui permis par le JCPOA. L’Iran serait à moins d’un an d’une bombe nucléaire.

Par ailleurs, l’Iran menace aussi en permanence le détroit d'Ormuz, large de 45 km, la voie la plus importante pour l'acheminement du pétrole vers les marchés occidentaux et d'Extrême-Orient, soit ou 20% du pétrole commercialisé dans le monde.

En ce qui concerne Israël

L'Ayatollah Ali Khamenei a clairement exprimé aux étudiants ses intentions sur son site officiel : «Vous les jeunes vous devriez être assurés d'être témoins de la disparition des ennemis de l'humanité, c'est-à-dire de la civilisation américaine dégénérée, et de la disparition d'Israël ».

Lors de la parade des missiles intercontinentaux Shihab-3, ceux-ci sont drapés de l'emblème "Effacez Israël de la carte", et on exhorte les masses à hurler "Mort à Israël".

A propos de Jérusalem et des lieux saint, Khamenei a prédit: « Le retour de cette terre sainte [Israël] dans le monde de l'Islam n'est pas une question étrange et inaccessible…. L'objectif de Nasrallah de prier à la mosquée Al-Aqsa est une aspiration absolument pratique et réalisable pour nous ».

Pour Hossein Salami, le chef des Gardiens de la Révolution, « le sinistre régime doit être rayé de la surface de la terre, et ce n’est plus un rêve lointain, ….mais un but atteignable ». Son adjoint chargé des opérations, Abbas Nilforoushan, se vante dans le même esprit : « l’Iran a encerclé Israël de quatre cotés. Il ne restera rien d’Israël. »

A propos des efforts quotidiens pour renforcer les milices et les groupes terroristes dans les pays et zones qui entourent ou proches d’Israël (Liban, Syrie, Irak, Gaza, Cisjordanie, Jordanie, Yémen), Yaakov Amidror, l’un des meilleurs experts d’Israël : « L’Iran veut construire autour de l’État juif un cercle de feu » (2)

En ce qui concerne les États-Unis (voir www.nuitdorient.com/n26108.htm )

Pour neutraliser ces menaces, en dehors des sanctions, les Etats-Unis mènent en permanence des sabotages d’installations stratégiques, bombardent les milices shiites civiles et militaires, envoient des navires de guerre au détroit d'Hormouz pour interdire l'exportation du pétrole, envoient des virus, "missiles cybernétiques d'une précision militaire", pour paralyser les activités du pays, éliminent d’éminents responsables militaires comme Qassem Soleimani…. qui disait au Général Petraeus : "Général Petraeus ! Vous devez savoir que c’est bien moi, Qassem Suleimani, qui dirige la politique iranienne en Irak, au Liban, à Gaza et en Afghanistan""Toutes ces régions sont d’une manière ou d’une autre sous contrôle de la république islamique iranienne et suivent son idéologie".

 

Conclusion

Le Jihad de l’Iran est subversif, basé sur le chaos et la terreur. Il consiste à préparer secrètement les moyens de semer le désordre dans les zones à conquérir, à former et à armer des mandataires et supplétifs locaux qui agissent dans ces zones, à créer des cellules terroristes dormantes, partout où cela est possible dans le monde, en particulier dans les communautés shiites et sympathisantes d’Amérique latine.

De nombreux analystes occidentaux se demandent combien de temps encore le régime iranien pourra survivre sous le poids des sanctions. Ce qu’ils n’ont pas perçu, c’est que le régime a contourné les sanctions grâce à l’aide de collaborateurs de longue date à travers le monde. Il est fortement suggéré que les Frères musulmans sont le principal pilier parmi ces collaborateurs.
Aujourd'hui, quatre décennies après la prise du pouvoir par les khoménistes, l'Iran ne peut se comporter comme un État-nation alors que l'islam, dans sa version shiite iranienne, a subi un revers historique (3).

Khamenei admet son échec à créer un véritable État-nation. Et le grand ayatollah Abdullah Jawadi Amoli, l'un des plus hauts dignitaires religieux shiites d'Iran, signale un échec tout aussi grand sur le plan religieux. "Au cours des 40 dernières années, le Séminaire de Qom n'a pas produit un seul livre qui puisse être considéré comme une référence", a-t-il déclaré lors d'une conférence de séminaristes seniors le mois dernier. "S'ils nous prennent le séminaire Najaf, il ne nous restera rien."

Le khoménisme a produit deux perdants : l'Iran en tant que nation et le shiisme en tant que foi.

Et ce « khoménisme-khaménisme » ne peut se distinguer et crier victoire que dans la trahison, la tromperie, la subversion et la terreur, en se cachant derrière de nombreux supplétifs et mandataires formés, armés et financés par lui.

Dr. Gil Feiler, expert en économie du Moyen-Orient et chercheur principal au Begin-Sadat Center for Strategic Studies de l'Université Bar-Ilan : « Si les sanctions de Trump étaient restées en place encore quatre à cinq ans, et si elles avaient été encore plus resserrées et si on avait surveillé la contrebande, le régime iranien se serait effondré… Ce que Biden va faire, c'est leur jeter une bouée de sauvetage ».

 

Notes

(1) Exécutions été 88

L'exécution de milliers de prisonniers d'opinion au cours de l'été 1988 sur ordre direct du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeini, a atteint son apogée.

Dans son discours, Khomeini a dit : «Ceux qui sont en prison dans tout le pays et qui restent attachés à leur soutien aux "Monafeqin"[Mojahedin, la MEK], font la guerre à Dieu et sont condamnés à être exécutés [...] ... Détruisez immédiatement les ennemis de l'Islam.  En ce qui concerne les affaires, utilisez le critère qui accélère la mise en œuvre du verdict [d'exécution] ».

 

(2) Le Cercle de feu

. Le Liban est contrôlé par le Hezbollah shiite à la botte de Khamenei

. De la Syrie de leur subordonné Bashar al Assad, les Ayatollahs iraniens harcèlent en permanence le nord d’Israël directement ou à travers des milices du Hezbollah

. L’Irak avec les milices shiites armées par les Iraniens qui harcèlent les Américains

. Gaza avec un soutien actif au Hamas et au Djihad islamique.

. En Cisjordanie, l’Iran prend ses quartiers, en créant le groupe terroriste « al Sabirine » –Voir  à www.nuitdorient.com/n269.htm 

. La Jordanie ouvre un mausolée shiite à Kerak pour un million de touristes iranienscelui d’un saint pour les Shiites Jaffar Ibn Abu Taleb cousin du prophète

. Le Yémen  l’Iran soutient les rebelles shiites Houtis prêts à tirer des missiles ou à envoyer des drones sur toute cible indiquée

 

(3) Etat voyou et états normaux

Les états normaux ne font pas cela:

- attaquer les ambassades et les installations militaires en temps de paix ;

- alimenter les groupes satellites et les milices terroristes ;

- servir de sanctuaire aux terroristes ;

- appeler à la destruction d'Israël et menacer d'autres pays ;

- aider les dictateurs brutaux tels que Bachar al-Assad en Syrie ;

- diffuser la technologie des missiles à de dangereuses entités satellites;

- procéder à des assassinats secrets dans d'autres pays ;

- et prendre en otage des citoyens de nations étrangères.

 

Les États normaux ne soutiennent pas le terrorisme au sein de leurs forces armées, comme l'Iran l'a fait avec le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI) et sa brigade al Qods.

Les États normaux ne répriment pas violemment les manifestations légitimes, n'emprisonnent pas leurs propres citoyens ou ceux d'autres pays pour des crimes spécieux, ne pratiquent pas la torture et n'imposent pas de sévères restrictions aux libertés fondamentales.

 

 

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