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UN  CONDOMINIUM  JORDANO-ISRAELIEN

Par Amiel Ungar, journaliste au quotidien Maqor Rishon et au mensuel Néqouda

Paru dans Jerusalem Report daté du 14 septembre 2009.

Traduit et adapté par Albert Soued, http://symbole.chez.com pour www.nuitdorient.com

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Préambule de www.nuitdorient.com

 

NON au NUMERUS CLAUSUS des JUIFS ! NON à LA TERRE JUDENREIN

NON au DEPLACEMENT de FORCE des POPULATIONS JUIVES !

 

Après son entêtement à imposer une réforme draconienne, coûteuse et inutile de la couverture médicale aux Etats-Unis, réforme qui divise le pays, Obama, pour redorer son blason, cherche à briller d'une autre manière: imposer à Israël son plan de paix au Moyen Orient, qui se résume à faire évacuer Tsahal jusqu'aux lignes d'armistice de 1949, comme si rien ne s'était passé depuis cette date. Contre de vagues et futiles promesses de "normalisation" des pays arabes (exemple: possibilité de survoler leur territoire par des avions civils israéliens…, ce qui est une norme internationale acceptée par tout le monde, sauf par les pays arabes).

Nous espérons que le peuple et le gouvernement israélien résisteront devant cette nouvelle ingérence américaine, reprise et appuyée par les chancelleries européennes, ce qui n'est pas nouveau.

Nous avons choisi de traduire ici un article d'Amiel Ungar, journaliste de Maqor Rishon qui présente une solution faisable et réaliste pour la Judée-Samarie, celle qui dit NON au NUMERUS CLAUSUS des JUIFS, NON à LA TERRE JUDENREIN, NON au DEPLACEMENT de FORCE DES POPULATIONS JUIVES et qui tient compte de l'avenir serein et assuré des populations arabes, en dehors de toute surenchère extrémiste et du terrorisme de l'OLP et du Hamas.

www.nuitdorient.com a toujours préconisé une solution de ce type, jugée comme utopique, trop belle pour être possible, par de nombreux correspondants pessimistes.

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Le Congrès du Fatah' est venu puis il est parti, marqué par un changement de génération, mais toujours obstiné dans une idéologie du refus de l'autre. La 2ème génération des "durs" du Fatah', comme Mohamed Dahlan, Jibril Rajoub et Tawfiq Tirawi, était parvenue au sommet. Et ce sont ces gens qui, en contrôlant l'appareil multi-têtes palestinien de sécurité, l'ont transformé en un racket de protection lucratif.

Quand il contrôlait Gaza, comme chef des forces de sécurité préventive, Dahlan recevait une prébende sur tout sac de ciment qui entrait dans la bande. Israël avait bâti beaucoup d'espoir sur ces "durs" qui, selon la logique erronée de Yitsh'aq Rabin, auraient dû aider Arafat à juguler la terreur, sans les inconvénients des cours de justice et des organisations des droits de l'homme. Ils n'ont rien fait de tout cela, suivant leur maître Arafat qui savait comment naviguer le jour, comme chef d'état, et la nuit, comme terroriste. Même comme "durs", ils ont échoué – comme en témoigne la rapide prise du pouvoir par le Hamas à Gaza.

La rhétorique qui ressort du Congrès du Fatah' à Bethlehem est celle de la compétition avec le Hamas dans la résistance contre "l'occupant israélien" et dans l'insistance pour que "tous les réfugiés retournent en Israël", assurant ainsi la liquidation de cet état.

Tous les spécialistes des "processus de paix" restent imperturbables devant ces réalités. Et la recrudescence du radicalisme arabe incite même la nouvelle administration américaine d'Obama à engager de plus belle des discussions. Certains vont même jusqu'à dire qu'un processus de paix "bidon" est meilleur qu'aucun processus de paix, car l'alternative au Fatah', c'est le Hamas. Mais si ces 2 entités ont les mêmes objectifs, à travers des rhétoriques légèrement différentes, il faudrait qu'on recherche une autre voie qu'un processus "bidon".

D'habitude, la réponse des libéraux de gauche, quand on les accuse de dénigrement, est de dire que leurs critiques favorisent l'alternative à l'interminable conflit. On peut leur rétorquer aisément que même un long et difficile conflit est quand même plus souhaitable que l'auto-liquidation pure et simple de son propre pays. Pourtant, je n'esquiverai pas le problème fondamental, celui de trouver une solution équitable et acceptable.

 

La meilleure solution intérimaire de longue durée, c'est de rappeler ce que le Mandat britannique (1920-1948) promettait aux Juifs: les territoires actuels d'Israël, la Jordanie, Gaza, la Judée et Samarie (ou Cisjordanie). La Jordanie (appelée autrefois la Transjordanie) a été donnée à l'émir Abdallah (arrière grand père du roi actuel), comme prix de consolation de la perte par son père Hussein du royaume du Hedjaz, conquis par la tribu des Ibn al Saoud (originaire du Najd, en Arabie centrale). Et la Syrie, promise à Faisal, frère de Hussein, a été donnée à la France, Faisal recevant ce qu'on appelle aujourd'hui l'Irak comme royaume (Syrie du Sud).

La solution que je préconise n'est pas du tout de dire "la Jordanie, c'est la Palestine", car il n'est pas question ici d'un transfert quelconque de population. Je préconise une souveraineté partagée Israélo-jordanienne sur la Judée-Samarie, un condominium administré conjointement par les 2 états, avec la même proportion de Juifs qu'il y a d'Arabes en Israël (1). Les Juifs de Judée-Samarie dépendront de l'état d'Israël et voteront pour la Knesset de Jérusalem. Les Arabes voteront pour le Parlement d'Amman (2).

Vous allez me dire que récemment, lors d'une visite à Washington, le roi Abdallah a parlé d'une apocalypse imminente si un état Palestinien n'était pas créé immédiatement. Il ne faut pas prendre ces propos pour argent comptant. S'il y a un régime au monde qui ne veut pas du tout d'un état palestinien, c'est bien la Jordanie.

 

La Jordanie a une majorité palestinienne et toutes les fonctions importantes du 1er ministre jusqu'à la reine ont été remplies parfois par des Palestiniens, à 2 exceptions – le Roi et son ministre de l'Information. Les relations familiales et commerciales entre la Jordanie et la Judée-Samarie sont beaucoup plus fortes que celles avec Gaza. Les prédécesseurs du roi Abdallah se sont battus pour maintenir leur influence sur la région, jusqu'à ce que la pression de la Ligue arabe ne les en évince. Ce n'est pas la droite israélienne, mais le prince Hassan, oncle d'Abdallah, qui disait que la Jordanie c'était la Palestine et vice et versa.

Si on prend en compte la Jordanie dans l'équation, beaucoup de problèmes seront aisément solubles. Ici je traite d'un schéma territorial nouveau et généreux. L'état souverain d'Israël y compris le Golan a une superficie de 22 000 km2. Il abrite une population arabe de 1,3 million personnes. La Judée-Samarie qui couvre 5640 Km2 abrite 300 000 Juifs. La Jordanie qui a une superficie de 89 324 km2 a 0 juif et une loi qui condamne à mort celui qui vend une terre à un Juif. Gaza qui a 360 km2 a 0 Juif depuis 2005.

Dans cette perspective, en Judée-Samarie, on peut concevoir raisonnablement une population juive et un territoire juif en proportion de la population arabe et de la superficie du territoire arabe, au sens large des promesses de la Déclaration Balfour d'origine (1).

Les arrangements de sécurité seront plus aisés avec la Jordanie qu'avec un état palestinien, qui sera "démilitarisé" comme l'a été le Sud Liban avec le Hezbollah ou Gaza avec le Hamas. Et on doit bien faire la différence entre une force de police pour le maintien de l'ordre et une véritable armée. Ce qui n'est pas très aisé.

Les monarchies héréditaires survivent dans la région grâce à leur appareil de sécurité et aux services rendus à la population – mais ceci n'est pas comparable aux dynasties des Windsor et des Orange. Ainsi les al Saoud ne règnent que depuis 90 ans.

Des documents du département d'Etat des années 50 considéraient le régime hashémite de Jordanie comme moribond. Cette dynastie leur a démontré le contraire, grâce à son courage et sa capacité à gouverner. Et l'histoire recommande vivement de préférer le régime hashémite au Hamas ou au Fatah, qui tous les deux ne peuvent rien promettre d'autre qu'un nouvel Afghanistan ou une nouvelle Somalie.

 

 

Note de la traduction

(1) Bien que le texte original en anglais ne soit pas d'une clarté limpide, d'après des calculs approximatifs, Amiel Ungar proposerait des enclaves juives en Judée-Samarie correspondant à environ 20% à 30% de sa superficie.

(2) On peut aussi partager ce condominium en cantons où les allégeances seraient distinctes et librement choisies entre les 2 états

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