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Ce que l’OLP a Appris du Viêtnam

 

Par E Navon, Emmanuel Navon dirige le département de sciences politiques et de communication au Collège orthodoxe universitaire de Jérusalem, et enseigne les relations internationales à l’Université de Tel-Aviv et au Centre interdisciplinaire de Herzliya. Il est Senior Fellow au Forum Kohelet de politique publique.

i24News.tv – 30/1/14

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L’Organisation terroriste de libération de la Palestine a été créée avec l’aide du KGB en 1964, 3 ans avant la guerre des 6 jours qui libéra la Judée-Samarie (terre ancestrale du Peuple Juif) de l’occupation illégitime jordanienne qui dura 19 ans. En 1964, les arabes voulaient libérer quoi ?
Le ministre israélien de la Défense, Moshe Ya’alon, a récemment dû rétracter le diagnostic exact qu’il a fait du Secrétaire d’Etat américain John Kerry, mais Kerry, lui, prononce ses insanités en toute impunité. Encore ce mois-ci (le 2 Janvier), Kerry a fait référence au Viêtnam comme un exemple à suivre pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Si c’est le Viêtnam que Kerry a en tête, Israël a de quoi s’inquiéter.

En Janvier 1973, l’Accord de paix de Paris partagea officiellement le Viêtnam en deux États : le Viêtnam du Nord et le Sud Viêtnam. L’accord fut immédiatement violé par les communistes qui attaquèrent le Sud Viêtnam et le conquirent en l’espace de deux ans.
Empêtré dans le scandale du Watergate et contraint à la démission en 1974, le Président Richard Nixon abandonna le Sud à son sort. Au moins un million de Sud-Vietnamiens furent internés dans des « camps de rééducation », environ 200.000 furent exécutés, des millions fuirent leur pays en bateaux, et des centaines de milliers périrent en mer.

Conformément à son habitude, Kerry a ouvert sa bouche sans réfléchir. Mais il faut le remercier pour nous avoir rappelé que le précédent vietnamien est précisément ce que l’OLP entend par « solution des deux Etats ».

Après que Yasser Arafat ait pris le contrôle de l’OLP en 1969, il se rendit au Viêtnam du Nord pour étudier les stratégies et les tactiques de la guérilla menée par Ho Chi Minh. C’est à ce moment-là que l’OLP commença à traduire les écrits du général vietnamien Nguyen Giap en Arabe.

Arafat fut particulièrement impressionné par la capacité de Ho Chi Minh à créer des sympathisants en Europe et aux États-Unis. Giap expliqua à Arafat que, pour réussir, il devait lui aussi masquer son véritable objectif et utiliser le vocabulaire adéquat. « Ne parlez plus d’anéantir Israël, et faites passer votre guerre terroriste pour une lutte pour les droits de l’Homme » lui conseilla-t-il. « Le peuple américain viendra alors vous manger dans la main ».

Ce que Giap apprit à Arafat c’est que, dans les guerres asymétriques, celui qui est le plus faible militairement peut vaincre grâce à ce qui est devenu une partie intégrante de la guerre au 20e siècle : les médias.

En fin de compte, le Viêtnam a vaincu la France et les Etats-Unis parce que Giap savait comment manipuler avec brio les médias pour convaincre les Français et les Américains qu’ils sacrifiaient leurs fils pour une guerre injuste et sans issue.

Voici comment Giap résuma sa stratégie. "En 1968, j’ai compris que je ne pouvais pas vaincre les 500.000 soldats américains déployés au Viêtnam. Je ne pouvais pas vaincre la flotte des Etats-Unis avec ses centaines d’avions, mais je pouvais envoyer des images dans les foyers américains pour convaincre les civils de vouloir arrêter la guerre". Cela a fonctionné.
Giap n’a pas seulement expliqué à Arafat la force de la propagande à l’ère des médias modernes. Il l’a également initié à l’idée de « stratégie par étapes ». Ce que les communistes vietnamiens entendaient par « solution de deux Etats » était la conquête du sud par étapes : d’abord signer un accord sur « deux Etats » avec les États-Unis, puis l’abroger unilatéralement en envahissant le sud après le retrait des forces américaines.

C’est ainsi que Arafat a adopté à son tour la stratégie par étapes des « deux Etats ». En Juin 1974, l’OLP adopta le "plan des étapes". Ledit programme en appelle à la création d’une Autorité nationale palestinienne en Cisjordanie et à Gaza comme première étape pour la libération de la Palestine. Le "plan des étapes" fut adopté suite à la défaite arabe lors de la guerre du Yom Kippour en 1973, et suite à la réussite de la stratégie des deux Etats au Viêtnam.
Dans une interview accordée à la télévision égyptienne Orbit le 18 Avril 1998, Arafat confirma que les accords d’Oslo étaient destinés à mettre en œuvre le plan des étapes de 1974.
Dans une interview publiée le 24 Juin 2001 dans le journal égyptien Al Arabi, Fayçal Husseini déclarait que les accords d’Oslo étaient un « cheval de Troie » dont le véritable objectif était la progressive et totale « libération de la Palestine » (l’interview fut publiée peu de temps après la mort de Husseini).
Le 23 Septembre 2011, Abbas Zaki, un haut responsable de l’OLP, déclarait sur Al Jazeera que la stratégie de l’OLP demeure l’élimination d’Israël par étapes mais que le dire ouvertement n’est pas une bonne idée.
Mahmoud Abbas et les dirigeants de l’OLP ne prononcent jamais l’expression "deux Etats pour deux nations". Ils n’utilisent que l’expression "solution de deux Etats". Ce qu’ils entendent par cette solution, ce n’est pas la fin du conflit avec l’établissement de deux Etats-nations distincts, mais une solution de deux Etats conformément au précédent vietnamien.

C’est pourquoi Abbas refuse de reconnaître Israël comme l’Etat-nation du peuple juif, c’est pourquoi il insiste sur l’invasion d’Israël par les descendants des réfugiés arabes de 1948, et c’est pourquoi il rejette catégoriquement l’idée d’une minorité juive dans un Etat palestinien.

M. Kerry n’a vraiment aucune raison de s’excuser. Au contraire : il mérite qu’on le remercie pour nous avoir rappelé ce qu’il était advenu de « l’accord de paix » vietnamien, ainsi que ce qu’entend l’OLP par la "solution de deux Etats".