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La Cause Palestinienne,
un Mensonge Historique
Par Bernard Botturi, titulaire d’un DEA de philosophie, d’un DEA de psychologie et sciences de l’éducation, d’un DEA d’histoire de l’antiquité, et d’un DESS de psychologie clinique et pathologique. Il est l’auteur d’une traduction du Tao Tö King (le livre de la tradition du Tao et de sa sagesse), aux éditions du Cerf 1984, réédité en 1997
23 juin 2015
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Depuis les défaites arabes des guerres 1948/49, la Cause
palestinienne avait été définitivement enterrée et cela pour plusieurs raisons,
parmi celles-ci nous en citerons deux principales :
• Ses leaders tels que Hajj Amin al-Husseini étaient décriés, à cause de leur
collaboration notoire avec le nazisme.
• La cause palestinienne était une menace séparatiste qui aurait pu contaminer
les différents pays arabes.
La « Cause » reçut son acte de décès lors de l’annexion de la Cisjordanie par la Jordanie et de la Bande de Gaza par l’Égypte; et surtout après la relégation des réfugiés dans des camps sordides ne vivant que de l’aide de l’ONU. Les Palestiniens vivant dans les camps de réfugiés dans les pays arabes voisins étaient dépourvus de tous droits et victimes de ségrégations multiples : interdictions professionnelles, interdiction de construire en dur, liberté de déplacement en dehors des camps plus que réduite, etc…
Depuis son accession au pouvoir en 1952, Nasser était bien
plus préoccupé à construire un panarabisme politique que de s’occuper des
Palestiniens qui n’étaient que des figurants de 13° zone fournissant des
troupes supplétives pour mener des coups de mains sur la frontière israélienne,
sans inquiéter le « rayess » (chef). Mais
ils formaient aussi des groupes incontrôlés et incontrôlables menaçant
l’armistice de 1957.
Puis à partir des années 1960, le « rayess »,
leader des pays non-alignés du Tiers Monde va essuyer plusieurs revers :
• Échec de la République Arabe Unie (RAU) qui profite à l’Irak
• Hostilité de l’Arabie Saoudite qui n’a guère appréciée l’inclusion du Yémen
au sein de la RAU
• Méfiance de la Jordanie qui voyait dans la RAU une menace.
• Lutte de leadership avec Bourguiba qui apparaît plus sage
Et à l’intérieur,
• Échec de la réforme agraire
• Échec des diverses politiques d’industrialisation
• Montée d’une bureaucratie corrompue
• Croissance de l’influence des Frères Musulmans qui récupèrent à leur profit
le mécontentement populaire….
S’il veut garder sa place de champion du panarabisme et de leader du tiers
monde, Nasser devait se refaire une notoriété.
Cette dislocation du panarabisme ruinait le rêve de Nasser d’être le leader des
pays arabes, lui donnant par cela une légitimité pour être le leader du tiers
monde. Face à cet effondrement du panarabisme, Nasser et ses conseillers se
sont rappelés que l’antisionisme avait permis de masquer les divergences
d’intérêts des divers pays arabes, après les défaites de 1948/49.
Certes, mais comment rendre acceptable
l’antisionisme ?
L’Europe garde en travers de la gorge la nationalisation du canal de Suez, est
à ce moment globalement pro-israélienne. Et depuis la
shoah, elle est très susceptible envers toute hostilité antisémite. La Gauche
sociale-démocrate voyait dans les Kibboutzim l’utopie socialiste réalisée, tout
en respectant la Démocratie, contrairement à l’aventure soviétique dont les crimes
staliniens, révélés par Khroutchev, commençait à
perdre du prestige. Enfin le petit Israël apparaissait comme le David qui avait
su résister à une coalition de six pays supérieurement équipés lors de sa
création. Israël, globalement, bénéficiait d’une image positive…. Dans ce
contexte, il semblait périlleux de refonder le panarabisme et le leadership du
tiers Monde à partir de l’antisionisme.
Alors Nasser sut se tourner vers des conseillers techniques spécialistes en matière de propagande : ex-nazis et soviétiques spécialistes de la subversion, les uns comme les autres. Les différents travaux avaient pour but premier de séparer Israël de ses soutiens naturels : la Gauche Sociale Démocrate et les Libéraux américains — nous excluons de la Gauche le PCF qui était et restera profondément stalinien. La Gauche était dans le combat de la décolonisation, l’émancipation des peuples, la lutte anti-impérialiste et néo-colonialiste.
C’est ainsi que Nasser va créer de toute pièce la
« Cause Palestinienne », mais une cause où, bien sûr, les
Palestiniens seront absents. Le 1er Congrès National Palestinien se
tient le 28 mai 1964, à Jérusalem. Ses membres sont soit des délégués de la
Ligue Arabe, soit des Palestiniens complètement inféodés à l’Égypte, à la
Syrie, à la Jordanie; n’y siègera aucun représentant des camps… Ce premier
congrès valide la proposition de création de l’OLP (Organisation de Libération
de la Palestine), proposée par l’Egypte lors du sommet de la Ligue Arabe qui
s’est tenu au Caire en janvier 1964.
Pendant les débats la « Cause Palestinienne » est présentée par deux
fidèles de Nasser : Yasser Arafat et Ahmad al Choukheiri
/ Shuqayri, deux Egyptiens, dits
« Palestiniens » bon teint, qui se garderont bien d’évoquer de
quelque manière que ce soit un état palestinien, le sort des réfugiés ou toute
référence quelconque qui ferait penser à une velléité de séparatisme.
La Charte Nationale de l’OLP est rédigée en juin 1964, elle sera reconnue, puis
officialisée lors de la conférence de la Ligue arabe d’Alexandrie en septembre
1964.