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Le
Jour d’Avant
par Raphaël Jerusalmy
30/11/2025
Les Palestiniens désirent-ils véritablement la paix ? Et, au vu de leurs positions actuelles, sont-ils raisonnablement en droit d’obtenir un état ?
Avec la possible implémentation du plan Trump, on parle beaucoup, ces jours-ci, du fameux « jour d’après », c’est-à-dire de la vision d’un avenir meilleur pour la région en général et les Palestiniens en particulier. Or ce futur idyllique que l’on nous fait miroiter ressemble étrangement à un passé pas si lointain. Il ressemble à la situation dans les territoires telle qu’elle était il y a deux ans environ, soit le 6 octobre 2023. Ou encore à un état des lieux plus clément encore, celui d’avant la première intifada lorsque la coexistence pacifique entre les parties concernées l’emportait sur les tensions que les extrémistes s’efforçaient d’attiser. Malheureusement, là où les terroristes de l’OLP avaient plus ou moins échoué, les islamistes du Hamas et du Djihad islamique ont réussi, plongeant les territoires dans une spirale de violence et de haine, avec les conséquences tragiques que l’on sait. Ce basculement brutal lors du jour d’avant entraîne un questionnement quant au jour d’après. Les Palestiniens désirent-ils véritablement la paix ? Et, au vu de leurs positions actuelles, sont-ils raisonnablement en droit d’obtenir un état ?
Ne perdons pas notre temps à argumenter sur qui a tort ou raison, qui a droit ou non à la terre dite d’Israël, qui est un peuple et qui ne l’est pas. Et concentrons nous sur la réalité du terrain. Quelles que soient leurs dénominations, il y a en présence plusieurs groupes ethniques, soit quatorze millions de personnes de tous bords et croyances, sur un même territoire de taille si restreinte qu’il équivaut à celle de trois ou quatre départements français. Quelle que soit les prétentions de ces différents groupes sur ce territoire, justifiées ou non, il n’existe que quatre solutions possibles au conflit qui les oppose : une coexistence pacifique au sein d’un seul état souverain, la création de deux états distincts, un transfert de l’une des populations vers un pays tiers, une victoire décisive de l’une des parties par la guerre menée contre l’autre.
Deux des solutions sont néfastes à coup sûr. La solution par la guerre, et donc d’un vainqueur sur un vaincu, n’est bénéfique pour personne. Elle entraîne l’occupation que l’on connaît, avec tous les défis sécuritaires que cela représente et un enlisement à long terme dans une situation qui n’aurait due être que temporaire. La création d’un nouvel état ne prend pas en compte la réalité sur le terrain. Les Palestiniens ne sont pas mûrs pour gérer un état, ni n’en ont les moyens. Ce serait comme offrir un tracteur à quelqu’un sans lui apprendre à conduire. Ce serait le condamner à tomber aux mains de forces nuisibles, comme l’ont montré tant l’élection du Hamas à Gaza en 2007 que la dictature corrompue d’Abou Mazen depuis voilà bientôt 20 ans. Ou bien le mettre à la merci de puissances néfastes telles que le Qatar, l’Iran ou la Turquie. A ce stade et selon les données existant actuellement sur le terrain, la création de cet état plongera les Palestiniens dans la misère, le chaos et la guerre.
La solution du transfert a l’avantage de séparer les forces en présence. Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire qu’un déplacement de population assure l’arrêt d’un conflit. Dans le cas des Palestiniens, il y a un territoire tout trouvé qui n’est pas une vraie nation, mais un état créé de toutes pièces, et dont la majorité des citoyens sont palestiniens de toute manière : la Jordanie. A long terme, c’est là que devrait se situer une éventuelle entité nationale palestinienne. Et pas sur une terre fondamentalement juive, occupée successivement par grecs, romains, arabes, ottomans, britanniques, jordaniens, qui ont tous maltraité ses habitants de la plus ignoble manière. Jamais, au cours des siècles, ces habitants n’ont mieux vécu que sous l’occupation israélienne. Au point que leur niveau de vie soit de loin supérieur à celui de la plupart de leurs frères vivant dans les pays arabes. Chez les arabes israéliens, qui ont choisi de vivre au sein de l’État juif, ce niveau de vie est décuplé et inimaginable pour des millions de paysans et ouvriers du monde musulman.
Après des siècles de marasme, l’occupation israélienne est une aubaine. Grâce à elle, les territoires sont approvisionnés en eau, en électricité et jouissent d’une excellente infrastructure informatique et de communication. Le 6 octobre 2023, des dizaines de milliers de travailleurs, venus tant de Gaza que de Judée-Samarie, gagnaient leur vie grâce à leurs permis de travail en Israël. Ces permis réduisaient le taux de chômage et injectaient des fonds à l’économie palestinienne, autrement bancale. Des échanges commerciaux, une plus grande circulation autorisée des personnes et des marchandises, des apports financiers de la communauté internationale, ont fait du Palestinien un réfugié de luxe. Ce statut lui est si profitable qu’il ne voit pas la nécessité d’en changer. Ce serait se priver de tous ces dons charitables dont il bénéficie depuis des générations et dont il a employé la majeure partie à creuser des tunnels et fabriquer des roquettes.
La preuve irréfutable des bienfaits de l’occupation israélienne au profit de ces gens qui ont été traités en citoyens de seconde zone de tous temps, même et surtout lorsque sous la domination tant égyptienne que jordanienne (sans oublier Septembre Noir), se voit aujourd’hui en plein Gaza. D’un côté, les 47 % de ce territoire sous contrôle du Hamas, où règne la terreur et le racket. De l’autre, les 53 % contrôlés par Tsahal, où règne une sécurité et un mieux-vivre tels que la communauté internationale envisage désormais d’y envoyer s’y installer le reste des Gazaouis pour leur protection, du moins le temps de l’instauration d’un nouveau régime.
Le 7 octobre 2023, ce n’est pas qu’Israël qui a été dupé et
s’est réveillé face à la brutale réalité sur le terrain. C’est le monde entier.
Et surtout les pays européens qui croyaient financer des mesures menant à la paix.
Car il y a une autre réalité sur le terrain qui ne peut être ignorée et qui
représente le plus grand de tous les dangers : des décennies de bourrage du
crâne des enfants et des jeunes avec apologie du martyre, du djihad, et
d’éducation à la haine et à la violence. C’est ce danger qu’il faut éradiquer
avant d’envisager un jour d’après. Un vieillard de Jabaliya
avec qui nous discutions chez lui autour d’un thé et avions demandé s’il ne
préférerait pas retourner un jour à Safed, dans sa Galilée natale, pour offrir
un meilleur avenir à ses enfants et petits-enfants, nous avait tout simplement
répondu : « Oui, y revenir... mais pas tant qu’il s’y
trouvera aussi des Juifs. »
Tribunes de guerre, par Raphaël Jerusalmy, commentaires de Mohamed Sifaoui, éditions David Reinharc. Tribunes de guerre 2023-2025 - broché - Raphaël Jérusalmy -
https://www.fnac.com/a21765530/Raphael-Jerusalmy-Tribunes-de-guerre