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LA STRATEGIE DU HAMAS
LES
ROQUETTES OU LES MEDIAS
Par Barry
Rubin, Directeur du Centre de Recherche
Globale en Affaires Internationales ( GLORIA) – Centre
Universitaire interdisciplinaire. Son dernier livre, « la vérité sur la
Syrie » a été publié en 2007 par Palgrave-Macmillan .
Les articles du Prof. Rubin sont accessibles en ligne ici
- www.GloriaCenter.org
Jerusalem Post du 30 Décembre 2008
Traduit par Stéphane Teicher pour www.nuitdorient.com
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Rien n’est plus clair que la stratégie du Hamas. Elle donne à Israël le choix
entre les roquettes et les medias, et le Hamas considère que c’est une situation
telle que "Nous gagnons et vous
perdez."
Option A: Le cessez le feu
Le Hamas met fin à un cessez le
feu qui lui donnait la paix et la tranquillité nécessaires pour renforcer son
armée et consolider son emprise sur la bande de Gaza. Israël assurait l’approvisionnement
tant qu’il n’y avait pas d’attaques. D’un point de vue pragmatique dans le
style de l’Occident, c’était une excellente situation.
Mais le Hamas n’est pas une
organisation pragmatique de style Occidental. La paix et la tranquillité sont
ses ennemis, non seulement pour des raisons idéologiques – Dieu lui ordonne de
détruire Israël -- ou pour des raisons d’image – celle de martyrs héroïques --
mais aussi parce que la bataille est nécessaire pour pouvoir recruter les
masses, en vue d’une guerre permanente, et pour unifier la population autour de
cette guerre.
Le Hamas n’a pas pour programme
d’améliorer les conditions de vie du peuple, ou d’éduquer les enfants pour en
faire des médecins, des enseignants, ou des ingénieurs. Sa plateforme n’a qu’un
seul fondement, le guerre, la guerre, la guerre sans
fin, le sacrifice, l’héroïsme, et le martyre, jusqu’à la victoire totale. Et
donc, il met fin au cessez le feu.
Option B: Les Roquettes
Et donc, le Hamas met fin au
cessez le feu et lance une pluie de roquettes sur Israël, accompagnée de tirs
de mortier, et de tentatives occasionnelles d’attaques terrestres autour des
frontières. Israël ne réagit pas.
Le Hamas crie: vous êtes faibles,
vous êtes perdus, vous ne pouvez rien faire. Venez, peuple, redressez vous et
détruisez le tigre de papier ! Et ainsi, de nouveaux hommes sont recrutés,
les Palestiniens de Cisjordanie regardent avec admiration ceux qui combattent
l’ennemi, et le monde Arabe est impressionné.
"Rappelez-vous 2006",
disent-ils. "C’est comme avec le Hezbollah. Israël ne peut rien contre
les roquettes. Pourquoi nos gouvernements n’attaquent-ils pas Israël ?
Renversons-les et amenons des gouvernements Islamistes courageux et combattants
au pouvoir".
Option C: Les Medias
Mais voilà qu’Israël réagit. Ses
avions bombardent des objectifs militaires qui ont été délibérément placés au
milieu de civils. S’il y a un risque élevé de toucher des civils, Israël
n’attaque pas. Mais il y a une limite au dessous de laquelle le risque sera
pris, et correctement.
Les sourires suffisants
disparaissent des visages des leaders du Hamas. Mais ils ont encore une arme,
en réserve : ils en appellent aux
medias.
Ces vainqueurs arrogants,
héroïques et machos d’hier – et il s’agit vraiment d’hier car le processus ne
prend que quelques heures – sont transformés en victimes pitoyables. Le nombre
de victimes est annoncé par le Hamas, et accepté par des journalistes qui ne
sont pas sur place. Chaque victime est bien sûr civile. Il n’y a pas de soldats
ici.
Et le nombre de victimes est
disproportionné: le Hamas a fait le nécessaire pour cela. Si nécessaire, des
photographes sympathiques prennent des photos d’enfants prétendument blessés,
et une fois qu’elles sont publiées dans les journaux Occidentaux, ces
affirmations deviennent la réalité.
Il y a pourtant là un problème. Les
roquettes et les tirs de mortiers peuvent gagner des guerres; pas les articles
de presse. Bien sûr, des dégâts matériels sont aussi infligés, qui affectent le
développement en armes de Gaza.
Le Hamas ne s’en soucie pas, mais
en agissant d’une façon qui conduit à la destruction de ses ressources
matérielles, le Hamas s’affaiblit réellement. Et précisément, parce que les
attaques Israéliennes se concentrent sur les objectifs militaires, le Hamas est
affaibli.
Conclusion: Un problème sans solution
Bien sûr, Israël n’a pas une
victoire complète. Le Hamas ne s’écroule pas. Le problème reste entier. Parce
que pour le Hamas, la survie est une victoire. Le Hamas, comme l’OLP avant lui,
remporte une « victoire » après l’autre, et en ressort toujours pire.
Le conflit reviendra, mais cet
épisode prendra fin un jour ou l’autre. Le calme reviendra, l’approvisionnement
de Gaza reprendra. Et quelques mois plus tard, ce processus se répétera.
Il y a pourtant une différence
importante. Israël utilise son temps non seulement pour se préparer
militairement, mais pour éduquer ses enfants, développer ses infrastructures,
élever son niveau de vie. Pas le Hamas.
“Nous croyons en la mort,” dit le
Hamas, “Vous croyez en la vie”.
Méfiez vous de ce que vous souhaitez,
vous l’aurez.