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Le Hamas Appelle à Séparer Gaza de la Palestine
Hassan I'ssa affirme que les tunnels constituent un danger
pour l’Egypte et une affaire commerciale florissante pour les contrebandiers palestiniens du Hamas
Al
Ahram hebdo http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2010/1/6/leve3.htm
Interview de l’ambassadeur Hassa
I'ssa, ancien consul
à Tel-Aviv et ancien directeur de la section Israël au ministère des Affaires étrangères
Propos recueillis par Chaïmaa Abdel-Hamid en janvier 2010 et
reproduits le 15/10/10
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Al-Ahram Hebdo : Pouvez-vous nous expliquer la décision de l’Egypte de dresser un mur souterrain le long de sa frontière avec la bande de Gaza ?
Hassan Issa :
A mon avis, pour savoir pourquoi l’Egypte a tenu à
dresser des constructions sécuritaires souterraines sur ses frontières avec Gaza, il
faut faire un petit flash-back. Il faut se souvenir des explosions qui ont détruit un hôtel à Taba et les autres de Charm Al-Cheikh ou encore celles de Dahab. Toutes ces explosions ont été faites par les mains des faiseurs de troubles qui se sont faufilés par les tunnels souterrains et qui sont revenus dans leurs territoires par les mêmes tunnels. Les explosions d’Al-Azhar aussi, ils étaient quatre personnes, deux qui avaient sur eux des passeports étrangers et qui ont pénétré l’Egypte à travers les tunnels et les deux autres provenaient directement de Gaza et sont rentrés sur nos territoires de la même manière. Toutes ces informations proviennent des services de sécurité égyptiens. L’Egypte
ne peut plus se taire après toutes ces opérations. Elle doit à tout prix protéger 84 millions de citoyens.
— Mais ces tunnels sont-ils tellement dangereux ?
— Ces tunnels, et je les ai
vus de mes propres yeux, sont creusés à l’intérieur des maisons. Les propriétaires des maisons consacrent une des chambres de leurs maisons qui soit en face des frontières pour en faire un passage de
tunnel souterrain pour se diriger de l’autre côté et sortir dans une autre maison à Rafah dans laquelle une chambre est creusée de la même manière. Ces maisons sont habitées normalement par une famille qui consacre l’une de ses chambres pour l’entrée ou la sortie du tunnel. Une chambre sans sol. Ainsi la personne qui se glisse à travers le tunnel sort et rentre de la maison comme ses propriétaires et sans attirer l’attention.
— Et qu’en est-il des aides fournies à Gaza, ne seront-elles pas ainsi réduites ?
— On
dit partout que ces tunnels sont les artères qui assurent la vie des habitants de Gaza, ce qui n’est pas du tout vrai. Il ne sort de ce
passage égyptien que 5 % des aides pour Gaza. Donc, ce ne sont pas leur principale source de vie. D’autre part, il faut savoir que ces tunnels sont en fait des entreprises commerciales. C’est-à-dire que toute personne voulant creuser un tunnel se dirige à l’autorité du Hamas à Gaza et demande la permission de creuser un tunnel contre une somme qui va
de 10 000 à 30 000 dollars selon la grandeur du
tunnel. Et si le tunnel est bien grand et a besoin d’électricité, c’est aussi avec la permission de l’autorité du Hamas que l’entreprise de l’électricité fournit un courant électrique. Creuser un tunnel peut donc en tout coûter environ 500 000 dollars. Et comme j’ai été informé par les Palestiniens eux-mêmes, le propriétaire récolte plus que cette somme uniquement en deux mois. Les tunnels sont la source principale du trafic des cigarettes, des drogues et
des armes qui sont vendues à 4 fois plus de leurs prix.
— Le Hamas s’est fortement opposé à la décision égyptienne, quel est son intérêt ?
— La plupart de ces tunnels appartiennent à des membres du Hamas et c’est d’ailleurs pourquoi ils ont tenu à faire toute cette propagande contre l’Egypte. Il est aussi à noter que 70 % des chômeurs palestiniens travaillent dans ces tunnels. C’est-à-dire que ces tunnels ne
sont, dans le fond, qu’un projet économique qui peut engager un grand nombre de main-d’œuvre. Et c’est cela la nature des tunnels, mais ça n’a rien à voir avec des questions humanitaires ni vitales.
— Pourquoi, selon vous, l’Egypte
a-t-elle été si fortement critiquée, n’est-ce
pas de l’exagération ?
— Bien sûr qu’il y a eu
une grande exagération dans la réaction contre l’Egypte. Pourquoi nous critiquer
? Il faut savoir que le Hamas, sous le contrôle duquel se trouve Gaza, est sous la houlette de l’Iran qui lui fournit 120 millions de dollars d’aides qui ont été rabaissés dernièrement à 100 millions. Une situation qui fait de Gaza un foyer de menace iranienne. Actuellement, les factions qui en profitent, et à leur tête le Hamas, appellent à séparer Gaza de la Palestine et à
la déclarer capitale islamique dont l’autorité sera appliquée à tous les pays qui l’entourent. C’est leur rêve. Bien sûr cet émirat islamique doit avoir une issue sur le monde extérieur, car il
est encerclé par Israël et ne trouve donc plus de porte de sortie que sa frontière avec l’Egypte.
— Et qu’en est-il du point de passage de Rafah ?
— Le Hamas essaye de faire pression pour que l’Egypte le laisse ouvert. Ce que l’Egypte ne peut pas faire, car elle est soumise à un accord précis sur les points de passage signés avec l’Union Européenne (UE) et l’Autorité palestinienne. Depuis que le Hamas a mis la main sur Gaza, il a chassé le Fatah et l’UE a dû abandonner la surveillance. Il ne reste plus que l’Egypte que le Hamas veut pousser à ouvrir ses frontière, faisant table rase de l’accord qu’elle a signé. Ce
qui n’est pas logique, sauf si l’UE et le Fatah reprennent leur surveillance.
— Mais il y a quand même un aspect humanitaire qu’il ne faut pas négliger ?
— Il est très important de noter que tenant compte de la question humanitaire et sécuritaire, l’Egypte a ouvert 15 fois en 2009 ses frontières pour les Palestiniens. Des étudiants qui passent et reviennent pour leurs études, des malades et même les pèlerins passent par Rafah. Aujourd’hui et après tout ça,
certains se plaignent en disant que le passage est fermé. Ce n’est pas normal ni
logique que l’Egypte accepte tout cela.
Et je
veux ajouter que l’Egypte est un pays souverain ayant tout le droit de prendre toutes sortes de décisions qui soient dans son intérêt et dans l’intérêt de tous les Egyptiens .