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Ils Trahissent de Nouveau d'Anciens Amis

 

Par Mohssen Arishie

The Egyptian Gazette – 5/6/11

Traduit par Albert Soued, écrivain, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.com

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Pour les Frères Musulmans (FM), la parole divine, je le crains, vient en second lieu après la recherche du pouvoir. Tout au long de son histoire qui dure depuis 83 ans, cette organisation fondamentaliste a toujours offert au pouvoir en place un compromis tentant, de manière à obtenir un morceau du "gâteau" gouvernant. Mue par l'axiome qui dit que la fin justifie les moyens, elle a soutenu d'une façon inébranlable les rois comme les dictateurs. Ses chefs ne se sont jamais inquiétés de savoir qui ils soutenaient.

 

Les FM ont aussi la réputation de renier leurs promesses. Au nom de Dieu, ils peuvent se rebeller contre les gouvernants qu'ils avaient soutenus auparavant, si jamais ceux-ci ne leur ont pas donné un morceau du "gâteau". Ainsi ils se sont retournés conte le roi Fouad et contre son fils Farouk. En 1952, ils ont coopéré avec les officiers de la révolution, menés par Gamal Abdel Nasser, lui-même FM; il leur avait promis un partage du pouvoir, au détriment des partis politiques de l'époque. Quand Nasser réalisa que les FM devenaient trop puissants, il les tint à distance. En représailles, les FM ont engagé un tueur pour l'éliminer à Alexandrie. Nasser s'en sortit miraculeusement et chercha à se venger. Il mit leurs chefs en prison et jeta les clés. Ils y restèrent jusqu'à sa mort.

Quand les communistes ont commencé à lever la tête, son successeur Anwar al Sadat rechercha l'aide des fondamentalistes, représentés par les FM. Mais les choses se gâtèrent quand les FM ont lancé une guerre sectaire contre les Coptes, leurs adversaires traditionnels. Cette guerre s'enflamma, mais il était déjà trop tard pour enfermer les FM et jeter les clés, comme avait fait Nasser. Les fondamentalistes se sont rebellés contre Sadat quand il signa la paix avec Israël, mobilisant un groupe satellite, "el Jamea'h al Islamiya". Bien que Sadat fût le chef musulman d'une nation musulmane, ceci n'a pas empêché les fondamentalistes de lui tirer dessus, lors d'une parade militaire en octobre 1981.

Aussitôt terminées les funérailles de Sadat, ayant appris la leçon de ses prédécesseurs, le président déchu Hosni Moubarak envoya de nombreux FM en prison. Accusé d'abus de pouvoir et de tuerie de manifestants lors de la récente révolution, Moubarak avait constitué un système de sécurité brutal pour éliminer l'Islam radical. Quand des jeunes ont manifesté en masse contre son régime à place al Tahrir, les FM sont restés dans l'ombre, au début. Ils n'étaient pas là le 25/01/11, mais 4 jours plus tard ils changèrent d'avis et donnèrent ordre à leurs adhérents au Caire et dans d'autres villes de se mêler aux jeunes manifestants.

Sans l'aide des FM, la révolution n'aurait jamais réussi à éliminer Moubarak. Ils se sont bravement battus lors de "la bataille au chameau", le 28/01/11, quand les manifestants ont été attaqués avec brutalité par des voyous sur chameau, armés de couteaux, de fusils et de cocktails Molotov. Des centaines de manifestants ont été tués, des milliers furent blessés, beaucoup aux yeux. Moubarak, ses associés et des hommes d'affaires ont été accusés d'avoir commandité ces tueries.

Apparemment satisfaits de leurs gains lors de cette révolution, les FM ont décidé de prendre leurs distances lors des manifestations qui se sont poursuivies. En effet de nombreux FM ont été libérés de prison, après des décennies d'enfermement pour certains d'entre eux. Ils furent à nouveau autorisés comme parti politique, ils furent invités dans les débats télévisés et dans les rallyes de masse pour dessiner les contours de "la Nouvelle Egypte".

Les FM ont refusé de participer aux manifestations du 27/05/11 appelées "2ème vendredi de colère", rompant leurs relations avec leurs anciens jeunes amis "du Printemps arabe", les traitant d'"ennemis de la nation" et les accusant de chercher à provoquer l'armée et à fomenter des troubles. Les ténors volubiles de l'organisation des FM et ses prêcheurs ont condamné ces jeunes protestataires comme des criminels qui luttent contre les intérêts suprêmes de la nation.

Cette attitude est en train de leur coûter cher en popularité acquise pendant la révolution. Cette perte d'audience aura un impact sur les chances des FM lors des prochaines élections parlementaires en septembre, bien qu'ils soient assez confiants de pouvoir gagner 40% des sièges.

 

 

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