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Qui a perdu l’Egypte ?
http://www.jpost.com/Opinion/Columnists/Article.aspx?id=281555
Adaptation française de Sentinelle
5772 ©
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Si les évènements régionaux n’évoluaient pas si rapidement, la question "Qui a perdu l’Egypte ?" aurait certainement eu son importance sous le projecteur de Washington.
En 1949, la prise de pouvoir des
Communistes en Chine remua la politique étrangère des USA jusqu’au cœur. La
chute de la Chine dans le camp communiste fut perçue comme une défaite
stratégique massive pour les USA. En triomphant, Mao Tse Tung plaça fermement
la Chine dans le camp soviétique et exécuta une politique étrangère contraire
aux intérêts des USA.
Pour l’Establishment du
Département d'Etat américain, la chute de la Chine l’obligea à reconsidérer les
dogmes de base de la politique étrangère des USA. Jusqu’à ce que la Chine vire
au Rouge, l’opinion dominante parmi les spécialistes de la politique étrangère
était que les USA pouvaient coexister pacifiquement et même être des alliés
stratégiques des Communistes.
Après l’adoption de Staline par
Mao, cette position fut discréditée. Après ces faits, les Américains ont
reconnu qu’il était impossible pour l’Amérique de parvenir à un arrangement
avec les Communistes. Et dans les années qui ont suivi, cette attitude devint l'architecture
intellectuelle des stratégies adoptées par les USA pour se battre pendant la
Guerre Froide….
Contrairement à l’acceptation par les USA de l’échec en Chine en 1949, et à
leur volonté de tirer les leçons de la perte de la Chine, il y a le déni par
les USA de leur échec et de la perte de l’Egypte aujourd’hui.
Dimanche, le nouveau président
Mohammed Morsi a achevé de transformer l’Egypte en un Etat islamiste. En
l’espace d’une semaine, Morsi a viré les commandants en chef de l’armée
égyptienne et les a remplacés par des loyalistes des Frères Musulmans ; et il a
viré tous les rédacteurs des media détenus par l’Etat et les a remplacés par
des loyalistes des Frères Musulmans.
Il a aussi mis en place une politique d’intimidation, de censure et de
fermeture des organisations médiatiques indépendantes, qui osaient publier une
critique sur lui.
Morsi a révoqué le rôle
constitutionnel de l’armée dans le règlement de la politique étrangère et
militaire de l’Egypte. Mais il a maintenu la décision de la junte soutenue par
la Cour de renvoyer le Parlement. Ce faisant, Morsi s’est ainsi conféré un contrôle total
sur la rédaction de la nouvelle constitution de l’Egypte.
Comme l’ancien ambassadeur en
Egypte Tsvi Mazel l’a écrit mardi dans le Jerusalem Post , les décisions
de Morsi signifient qu’il "détient
désormais des pouvoirs surpassant de loin ceux du précédent président Hosni
Moubarak". En d’autres termes, les
actes de Morsi ont transformé l’Egypte de dictature militaire en une dictature
islamiste.
L’impact de la prise de pouvoir de Morsi sur la politique étrangère de l’Egypte
devient très clair. Lundi, Al-Masri al-Youm a cité Mohamed Gadallah, le conseiller
juridique de Morsi, déclarant que celui-ci envisage de revoir l’accord de paix
avec Israël. Gadallah a expliqué que Morsi a l’intention "d’assurer la
pleine souveraineté et le contrôle de l’Egypte sur chaque pouce du Sinaï".
En d’autres termes, Morsi a l’intention de remilitariser le Sinaï et de faire
de l’armée égyptienne une menace claire et présente à l’égard de la sécurité
d’Israël. En effet, selon Haaretz, l’Egypte a déjà transgressé l’accord
de paix et déployé des forces et un arsenal lourd dans le Sinaï sans la
permission israélienne.
La vitesse des décisions de Morsi a surpris la plupart des observateurs. Mais
plus surprenante que ses décisions, il y a la réponse américaine à celles-ci.
Les officiels du gouvernement
Obama se sont comportés comme si rien ne s’était passé, ou même comme si les
décisions de Morsi étaient des développements positifs.
Par exemple, dans un entretien avec
le The Wall Street Journal, un officiel du gouvernement a rejeté la vraie
signification de la purge par Morsi des chefs militaires, disant : "Ce
que je pense de cela, franchement, c’est que Morsi cherche un changement de
génération dans la direction militaire".
The Journal a rapporté que le nouveau ministre de la défense de
l’Egypte, le général Abdul-Fattah el-Sissi, est connu comme un sympathisant des
Frères Musulmans. Mais le gouvernement Obama a vite fait d’écarter les rapports
comme de simples rumeurs sans signification. Des sources du gouvernement ont
déclaré au Journal, "Sissi a dîné avec John Brennan, le
conseiller en chef du contre-terrorisme du président Barack Obama, pendant la
visite de celui-ci au Caire en octobre dernier. A côté de cela, les gens
déclarent tout le temps que les nominations de Morsi ont des liaisons avec les
Frères Musulmans …!".
Une évaluation légèrement moins
rose est venue de Steven Cook dans la revue Foreign Affairs. Selon Cook,
au pire, la décision de Morsi n’était probablement rien de plus qu’une remise
en vigueur actuelle par Abdul-Fattah el-Sissi de la décision prise par Gamal
Abel Nasser d’écarter l’Egypte de l’Occident pour aller vers le camp soviétique
en 1954. Plus probablement, Cook a mis en avant que Morsi faisait seulement ce
que Sadate fit quand, en 1971, il vira d’autres généraux avec lesquels il avait
été obligé de partager le pouvoir quand il succéda à Nasser en 1969.
Les analogies avec Nasser et Sadate sont sûrement pertinentes. Mais tout en les
citant convenablement, Cook n’a pas expliqué ce que ces analogies nous disent
de la signification des actes de Morsi. Il a tracé les points, mais il n'a pas
vu la forme qu’ils prenaient.
L’islamisme de Morsi, comme le
communisme le Mao, est profondément hostile aux USA, à ses alliés et à leurs
intérêts aux Moyen-Orient. Par conséquent, le repositionnement stratégique de
l’Egypte par Morsi comme pays islamiste signifie que l’Egypte – qui a servi
d’ancre du système d’alliance des USA dans le monde arabe depuis trente ans –
met de côté son alliance avec les USA et cherche à reprendre le rôle de meneur
régional.
L’Egypte est en voie rapide de
réinitialiser sa guerre contre Israël en menaçant le transport maritime
international dans le Canal de Suez. Et comme Etat islamiste, l’Egypte
cherchera sûrement à exporter sa révolution islamique dans d’autres pays. Sans
doute, la crainte de cette perspective est ce qui a conduit l’Arabie saoudite à
arroser l’Egypte de milliards de dollars d’aide.
Il faut rappeler que les
Saoudiens craignaient tellement l’ascension d’une Egypte dirigée par les Frères
Musulmans qu’en février 2011, -- quand le président des USA Barack Obama
ordonna publiquement au président d’alors Hosni Moubarak da quitter le pouvoir
immédiatement -- les dirigeants saoudiens l’ont supplié de défier Obama. Ils
promirent à Moubarak un soutien financier illimité à l’Egypte, s’il était
d’accord pour s’accrocher au pouvoir.
L’optimisme stupéfiant des USA eu regard à l’achèvement par Morsi de
l’islamisation de l’Egypte est une illustration de tout ce qui est mauvais et
dangereux dans la politique des USA au Moyen-Orient aujourd’hui.
Prenez la politique des USA à
l’égard de la Syrie.
La Syrie est en possession de l’un des plus grands arsenaux d’armes chimiques
et biologiques dans le monde. La barbarie avec laquelle le régime assassine ses
opposants est un rappel quotidien – en vérité un signe avertisseur au néon
éblouissant – que l’arsenal non conventionnel de la Syrie constitue un danger
clair et présent pour la sécurité internationale. Et pourtant, le gouvernement
Obama insiste pour considérer le comportement meurtrier du président syrien
Bashar Assad comme s’il était une variété exotique dans la crise des droits de
l’homme.
Pendant sa visite avec le
ministre des affaires étrangères islamiste de Turquie Ahmet Davutoglu, samedi
dernier, la secrétaire d’Etat des USA Hillary Clinton n’a même pas mentionné la
question des armes chimiques et biologiques de la Syrie. Au lieu de cela, elle
a continué à soutenir le parrainage par la Turquie de l’opposition dominée par
les islamistes, et elle a déclaré que les USA travailleront avec la Turquie
pour mettre ensemble de nouveaux moyens pour aider l’opposition islamiste à
renverser le régime d’Assad. Entre autres, elle n’a pas exclu la mise en place
d’une zone d’interdiction aérienne de la Syrie. La partie qui sera le plus
probablement touchée par une telle décision serait Israël, qui perdrait sa
capacité de bombarder les sites des armes de destruction massive syriennes par
voie aérienne.
Ensuite bien sûr, il y a l’Iran et son programme d’armes nucléaires ouvertement
génocidaire. Cette semaine, The New York Times a rapporté une nouvelle
torsion dans la stratégie du gouvernement Obama pour traiter cette menace. Il
essaie de convaincre les Etats du Golfe Persique d’accepter des systèmes de
défense avancés de missiles, de la part des USA.
Cette nouvelle politique montre
clairement que le gouvernement Obama n’a pas l’intention d’empêcher l’Iran de
devenir une puissance nucléaire. Au lieu de cela, ses actes sur le terrain sont
tournés vers l’accomplissement d’un but : convaincre
les voisins arabes d’accepter l’Iran comme une puissance nucléaire et empêcher
Israël d’agir militairement pour s’opposer à cette évolution. Les boucliers anti-missiles sont des aspects d’une
politique de barrage (containment), pas de prévention. Et les tentatives des
USA de saboter la capacité de frappe par Israël des sites nucléaires de l’Iran par
des fuites et par la pression politique, et les efforts pour affaiblir le
gouvernement Netanyahou, montrent clairement qu’en ce qui concerne les USA,
l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran n’est pas le problème.
C’est la perspective d’Israël d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires
qui est le problème.
Plusieurs commentateurs
américains mettent en avant que la politique du gouvernement Obama est la
conséquence rationnelle de la divergence des évaluations des USA et d’Israël
sur les menaces posées par les développements régionaux. Par exemple, dans un
article de la revue online Tablet, Lee Smith argumente que les USA ne
considèrent pas les développements en Egypte, en Iran et en Syrie comme
menaçant les intérêts des USA. Du point de vue de Washington, la perspective
d’une attaque israélienne contre l’Iran est plus menaçante qu’un Iran doté de
l’arme nucléaire, parce qu’une frappe israélienne déstabiliserait immédiatement
la région.
Le problème de cette évaluation est son absurdité. Il est vrai qu’Israël est la
première cible sur la liste de l’Iran, et l’Egypte place Israël, pas les USA,
dans son viseur. De même, la Syrie et ses alliés voyous utiliseront leurs armes
chimiques contre Israël d’abord.
Mais cela ne signifie pas que
les USA seront en sécurité. Les bénéficiaires probables des armes chimiques de
la Syrie, les organisations terroristes sunnites et shiites – ont attaqué les
USA par le passé. L’Iran a toute une histoire passée d’attaques de bateaux des
USA voyageant sans parapluie nucléaire.
L’Iran serait sûrement plus
agressif dans le Golfe Persique et le Détroit d’Ormuz, après avoir défié
Washington en développant illégalement un arsenal nucléaire. Les USA sont
beaucoup plus vulnérables à une interruption des voies d’expédition dans le
Canal de Suez que ne l’est Israël.
La raison pour laquelle Israël et les USA sont alliés, c’est qu’Israël est la
première ligne de défense des USA dans la région.
Si des évènements régionaux
ne se produisaient pas aussi vite, la question "Qui a perdu l’Egypte ?"
aurait certainement eu son importance sous le projecteur de Washington.
Mais à partir du déni des USA de
la signification du rapide achèvement par Morsi de la transformation islamique
de l’Egypte ; de leur aveuglement aux dangers des armes chimiques et
biologiques syriennes ; et de leur complaisance envers le programme nucléaire
de l’Iran, au moment où l’Establishment de la politique étrangère des USA
réalise qu’il a perdu l’Egypte, il est clair que la question qui se posera ne
sera pas "Qui a perdu l’Egypte ?". Elle sera : "Qui a perdu le Moyen-Orient ?"
Who lost
08/16/2012 jpost
In 1949, the
Communist takeover of
For the American foreign policy establishment,
With Mao’s embrace of Stalin this position was discredited. The
Today the main aspect of
But while the “Red Scare” is what is most remembered about that period, the
most significant consequence of the rise of Communist China was the impact it
had on the
As Joyce Hoffmann exposed in her book Theodore White and Journalism as
Illusion, White acknowledged that his wartime report from Mao’s
headquarters in Yenan praising the Communists as willing allies of the US who
sought friendship, “not as a beggar seeks charity, but seeks aid in furthering
a joint cause,” was completely false.
As he wrote, the report was “winged with hope and passion that were entirely
unreal.”
What he had been shown in Yenan, Hoffmann quotes White as having written, was
“the showcase of democratic art pieces they (the Communists) staged for us
American correspondents [and] was literally, only showcase stuff.”
Contrast the
On Sunday, new president Mohamed Morsy completed
He also implemented a policy of intimidation, censorship and closure of
independently owned media organizations that dare to publish criticism of him.
Morsy revoked the military’s constitutional role in setting the foreign and
military policies of
As former ambassador to Egypt Zvi Mazel wrote Tuesday in The
Jerusalem Post, Morsy’s moves mean that he “now holds dictatorial powers
surpassing by far those of erstwhile president Hosni Mubarak.”
In other words, Morsy’s actions have transformed
The impact on
In other words, Morsy intends to remilitarize Sinai and so render the Egyptian
military a clear and present threat to
The rapidity of Morsy’s moves has surprised most observers. But more surprising
than his moves is the
Obama administrations officials have behaved as though nothing has happened, or
even as though Morsy’s moves are positive developments.
For instance, in an interview with The Wall Street Journal, one administration
official dismissed the significance of Morsy’s purge of the military brass,
saying, “What I think this is, frankly, is Morsy looking for a generational
change in military leadership.”
The Journal reported that
A slightly less rose-colored assessment came from Steven Cook in Foreign
Affairs. According to Cook, at worst, Morsy’s move was probably nothing
more than a present-day reenactment of Gamal Abel Nasser’s decision to move
Egypt away from the West and into the Soviet camp in 1954.
Most likely, Cook argued, Morsy was simply doing what Sadat did when in 1971 he
fired other generals with whom he had been forced to share power when he first
succeeded
Certainly the Nasser and Sadat analogies are pertinent. But while properly
citing them, Cook failed to explain what those analogies tell us about the
significance of Morsy’s actions. He drew the dots but failed to see the shape
they make.
Morsy’s Islamism, like Mao’s Communism, is inherently hostile to the
It should be recalled that the Saudis so feared the rise of a Muslim
Brotherhood-ruled Egypt that in February 2011, when US President Barack Obama
was publicly ordering then-president Hosni Mubarak to abdicate power
immediately, Saudi leaders were beseeching him to defy Obama. They promised
Mubarak unlimited financial support for
The
Take
During her visit with
Among other things, she did not rule out the imposition of a no-fly zone over
The party most likely to be harmed from such a move would be
Then of course, there is
This new policy makes clear that the Obama administration has no intention of
preventing
The prospect of
Several American commentators argue that the Obama administration’s policies
are the rational consequence of the divergence of US and Israeli assessments of
the threats posed by regional developments. For instance, writing in the Tablet
online magazine this week, Lee Smith argued that the
The problem with this assessment is that it is nonsense. It is true that
But that doesn’t mean the
Surely it would be more aggressive in the Persian Gulf and the Strait of Hormuz
after defying
The reason
If regional events weren’t moving so quickly, the question of who lost
But as is clear from the US’s denial of the significance of Morsy’s rapid
completion of Egypt’s Islamic transformation; its blindness to the dangers of
Syrian chemical and biological weapons; and its complacency toward Iran’s
nuclear weapons program, by the time the US foreign policy establishment
realizes it lost Egypt, the question it will be asking is not who lost Egypt.
It will be asking who lost the