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La Milice de la Fraternité en Égypte

 

Par Tariq Alhomayed , rédacteur en chef du journal Alsharq Al-Awsat

Adapté en français par Hanna Lévy

Middle East and Terrorism  - 9 décembre 2012

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Comme les nazis en Allemagne, le Hezbollah au Liban et le Khomeynisme en Iran, les Frères musulmans en Égypte ont utilisé leur milice en dépit du fait que le parti des Frères musulmans est, lui-même au pouvoir. Ce sont eux qui sont au pouvoir et qui se chargent de tous les services de sécurité, malgré cela, ils ont utilisé leur milice pour affronter l’opposition égyptienne dans la rue. Cela nous indique que la Fraternité ne veut pas seulement prendre tous les pouvoirs en Égypte, mais qu’elle veut également contrôler le pays dans son intégralité, à l’instar de la révolution khomeyniste en Iran.

 

La milice de la Fraternité n'est pas seulement militaire, cela inclut également les médias, les milieux d'affaires, et plus encore. Aujourd’hui, ils font tout ce qui est en leur pouvoir afin de permettre à la Fraternité de diriger l'Égypte, et c'est quelque chose qui ne se produit pas que seulement en Égypte, nous pouvons constater également leurs activités  de défense du coup d’État des Frères musulmans en Égypte, dans la région du Golfe. Nous n’avons jamais vu une telle défense comme celle de la Confrérie égyptienne – en ce qui concerne le Golfe, que ce soit contre Saddam Hussein ou même quand celui-ci avait occupé le Koweït et menacé l’Arabie Saoudite. J’écris cet article alors que les groupes islamistes, jouent clairement à se partager les rôles avec la Fraternité, et ont assiégé Médias City depuis le 6 octobre, en appelant à la purification des médias! Si la Fraternité veut purifier les médias, le système judiciaire et le secteur des affaires et même leurs adversaires politiques – chose auxquelles le Président lui-même, a fait allusion – alors que reste-t-il de l’image de la société civile en Égypte ?


Comme nous l'avons dit la semaine dernière, l'Égypte et les Égyptiens luttent pour tous les Arabes, et ceci est la bataille de l'État contre ceux qui veulent le détourner. Nous avons déjà mis en garde, tout comme les intellectuels, que lorsque chaque partie a sa propre milice, ses médias et même son propre drapeau, alors que reste-t-il pour l’État lui-même? C'est une question terrifiante qui menace de destruction tous les États arabes, l'un après l'autre, en les transformant en États en déroute, en raison de la perturbation de l'économie, l'effondrement de la sécurité et de la déstabilisation. Malheureusement, toute la rhétorique logique concernant le prestige de l'État, l'importance de la stabilité et  l'importance de ne pas enfreindre à la paix sociale – que les partisans des Frères musulmans ont balayés, et raillés auparavant – il s’agit en Égypte ou dans le Golfe, aujourd’hui de la répétition avec ces mêmes partisans des Frères musulmans, après avoir précédemment décrit cela comme la «logique» des «restes» [de l'ancien régime] et de ceux qui veulent défendre Moubarak !

 

La réalité de la situation est que le Président égyptien marche aujourd’hui dans les pas de Moubarak dans ses relations avec la nouvelle révolution égyptienne contre la Fraternité. Il n'est pas conscient de la gravité de ce qui se passe dans la rue égyptienne, tandis qu'il émet de longs discours qui arrivent également trop tard en réponse aux demandes de la population. Plus dangereux encore que tout cela est le fait que les Frères musulmans ont utilisé leur milice en dépit du fait que ce soit eux-mêmes qui sont au pouvoir et qui sont responsables de toutes les autorités de sécurité d'aujourd'hui, ce qui est le point crucial du problème. Cela signifie que la Fraternité ne croit pas vraiment à la rotation du pouvoir, à l'urne, à la recherche du consensus ou de l'équilibre [du pouvoir], qui sont les principes du processus politique. Toute partie qui utilise une milice pour réprimer l'opposition ne peut pas vraiment être convaincue du rôle de l'État ou du respect de ses institutions ou de vouloir préserver la paix sociale. La milice des Frères musulmans en Égypte est une leçon pour tous les pays arabes qui tiennent au concept de l'État et la préservation de ses institutions; lorsque il arrive le temps où chaque partie a son propre média, son drapeau et sa milice, nous devons prendre conscience que nous sommes face à un mal dont il faut se prémunir, et que le premier désastre sera la destruction de l’État. Il ne doit y avoir aucun Sultan au-dessus de l’État, quel que ce soit son nom. Celui qui ne voit pas le danger devrait examiner ce qui s’est passé au Liban, en Irak, à Gaza, au Soudan, en Iran, au Yémen, et maintenant, malheureusement, avec la milice des Frères musulmans en Égypte !