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Dîtes Adieu à l’Égypte

 

Par David Archibald, visiteur associé de l'"Institute of World Politics" à Washington, D.C., auteur de "The Twilight of Abundance: Why Life in the 21st Century Will Be Nasty, Brutish, and Short" (Regnery, 2014).

Article paru dans AmericanThinker le 20/4/14

http://www.americanthinker.com/2014/04/say_goodbye_to_egypt.html

Adapté par www.nuitdorient.com - 

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En l’an 2011, l'intelligentsia religieuse égyptienne proposait de démolir les Pyramides du fait qu'elles évoquaient un passé préislamique idolâtre. En réalité, le vrai problème de l’Égypte est plus prosaïque, la disparité entre un système d'agriculture qui ne peut nourrir que 40 millions de personnes et une population de 84 millions.

Or l’Egypte a été une grande exportatrice de blé pendant quelques millénaires.

Sa population avait été estimée à 4 millions lors de la visite de Napoléon Bonaparte en 1798. En 1960, cette population a atteint 28 millions nécessitant l'importation d’un million de tonnes de blé par an.

L’importation du blé, de maïs et de grains atteint aujourd'hui 15 millions t/an.

Avec une croissance démographique estimée à 1,8% par an, quelques 1,5 million d’égyptiens naissent chaque année. En s’appuyant sur un régime entièrement végétarien de 350 kg de blé par an, la cohorte annuelle de nouveaux égyptiens nécessitera plus de ½ million de tonnes, rien que pour les adultes. Ainsi, le besoin en blé égyptien augmentera chaque année d'au moins ½ million de tonnes.

L’aptitude de l’Egypte à cultiver du blé plafonne, limitée par la quantité d’eau disponible du Nil. Le passage à une plus grande consommation d’eau pour la récolte du riz, du coton et du blé est déjà en place. En extrapolant la demande actuelle, il faudra importer 28 millions de tonnes de grains, en 2030.

La situation pourrait bien empirer. On a constaté une explosion de la population ces 3 dernières années, pendant le printemps arabe. Entre 2006 et 2012, le nombre de naissances a augmenté de 40% en Egypte, avec en 2012,  560,000 naissances de plus qu’en 2010.

Pour l’instant, ce qui maintient la cohérence de la société égyptienne, c’est la subvention du pain. Les 3/4 de la population possèdent des cartes de rationnement qui leur permettent d’obtenir du pain, du sucre, de l’huile de cuisson, du propane et de l’essence à bas prix. Ce système de subventions coûte chaque année 4.4 milliards $.

Le pays a atteint ses limites en termes de capacité à fournir le minimum de calories à une population affamée qui croît (cf l'adage économique, "quand la table du maître est vide, son lit est fécond"- www.nuitdorient.com )

Si les subventions ou l’importation de grains cessent, l’Egypte connaitra la disette.

 

Malgré ses erreurs, comme dirigeant honnête et juste, Hosni Moubarak, ancien président de l’Egypte, avait un souci continu de son pays. En 2010, les réserves monétaires du pays avaient atteint 35 milliards $. Suite à sa démission, ces réserves commencèrent à diminuer au taux de 2 milliards $/mois. Au début de 2013, elles avaient baissé à 13 milliards $.

Le président Morsi a été destitué par un coup d’état militaire, non pas tellement du fait de son islamisme, mais plutôt du fait des exigences de l’unique sauveur potentiel de l’Egypte, l’Arabie saoudite, qui refusa de contribuer financièrement, tant que la Confrérie des Frères musulmans était au pouvoir. Les Saoudites versèrent dûment 5 milliards $, 2 semaines après le renversement de Morsi.

Mais même le soleil s’est ligué contre l’Egypte. Les chercheurs de la Nasa ont découvert des liens évidents entre l’activité solaire et le niveau du Nil. Le niveau du Nil et les radiations solaires suivent des évolutions parallèles, l’une ayant un cycle de 88 ans connu comme le cycle de Gleissberg, et l'autre ayant un cycle de 2 siècles, appelé le cycle de Vries. L’activité solaire décline à présent vers des niveaux observés durant le 17ième siècle. Ce déclin se traduira par une sécheresse en Afrique de l'Est, aux sources du Nil.

 

De plus, la société égyptienne a un certain nombre de caractéristiques déplaisantes.

La mutilation génitale des femmes est à un niveau élevé de 90%. Le taux de mariage consanguin est aussi très élevé, 35%, provoquant une grande fréquence de malformations congénitales. Les Coptes chrétiens qui forment 10% de la population ont moins de naissances que les Musulmans. Comme fut le cas des Arméniens en Turquie, à la chute de l’empire ottoman, il y a un siècle environ, les Coptes seront probablement exterminés durant les premières années de l’écroulement de la société égyptienne qui, dans son malheur, renoncera à la sympathie de l’Occident.

 

Le coup de couteau d’Obama dans le dos du président Moubarak et le soutien au régime de la Confrérie des Frères Musulmans qui l'a remplacé, ont donné aux Etats-Unis la réputation de duplicité, et ont fait du peuple égyptien un ennemi, mais ils se sont produits à un "moment opportun". Si l’Egypte était restée dans le camp pro-occidental, l'Occident aurait été contraint de compenser "le trou noir" de l’Egypte, en pleine chute. L’effondrement du régime de Moubarak eut lieu en partie à cause du retrait du soutien de l’Administration d’Obama. C’est là un cas où le résultat s'est avéré un avantage pour l'Occident, pour de mauvaises raisons.

 

 

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