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L’Egypte, pionnière
pour une paix régionale
Par Freddy Eytan
« L’Egypte, pionnière pour une paix régionale
», Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/egypte-pionniere-paix-regionale/
11/7/16
Les succès diplomatiques se succèdent l’un après l’autre. Après l’accord de réconciliation signé avec la Turquie, le voyage historique de
Nétanyahou en Afrique,
voilà que le ministre égyptien
des Affaires étrangères débarque
à Jérusalem pour une importante visite de travail ;
une première depuis 2007.
Depuis le
déclenchement du Printemps arabe et la chute du président Hosni Moubarak le 11 février 2011, l’Egypte a été bouleversée par une série incontrôlée
de turbulences, secouée par des révoltes
populaires et des affrontements
meurtriers avec les Islamistes.
Le régime de la confrérie des Frères musulmans a été balayé par la force et son président Mohamed Morsi fut condamné à mort. Jamais dans son Histoire contemporaine,
le pays des Pharaons n’a connu tant de désordre
et d’instabilité.
Il est d’autant plus regrettable que
les Etats-Unis et l’Europe ont laissé faire dans l’indifférence totale. Au moment voulu par Le Caire, ils refusèrent
d’apporter leur soutien à leur allié égyptien.
Plongés dans la misère, le désespoir et l’incertitude,
toute une population a souffert d’un abandon criant.
Dans le
combat des autorités égyptiennes
contre le terrorisme à l’intérieur du pays, et en particulier dans la péninsule du Sinaï, seul Israël
était au rendez-vous. Le gouvernement israélien a consolidé ses
contacts avec l’armée égyptienne,
a échangé des informations précieuses et lui a permis une importante
dérogation dans le déploiement de ses forces dans le Sinaï. Ainsi, le pragmatisme et les réalités sur le terrain l’ont emporté sur les différents politiques. C’est ainsi que chaque pays voisin devrait agir quand
les questions de sécurité et
de défense prévalent sur toute autre priorité.
Aujourd’hui,
l’Egypte marche
lentement, mais dans la bonne direction.
Ce grand
pays arabe est
notre proche voisin et nous sommes condamnés à vivre à ses côtés. Après plusieurs guerres et des milliers
de morts, Israël et l’Egypte ont signé
un Traité de paix avec des garanties solides. Certes, nous avons fondé de grands espoirs dans la paix et nous sommes
profondément déçus par les résultats bilatéraux, notamment sur le tourisme, mais le traité de paix avec l’Egypte est toujours valable
et n’a jamais été violé par aucune
partie depuis 1979, voilà
déjà 37 ans.
Nous préférons donc une paix froide
et glaciale à une nouvelle guerre meurtrière
qui plongerait toute la région dans le chaos et n’aboutirait à rien.
La visite de travail à Jérusalem du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chouckry, a surpris la presse et cela
prouve que, dans les
coulisses et loin des projecteurs, la diplomatie classique fonctionne à merveille.
Cette visite a eu plusieurs
buts et se situe dans un contexte diplomatique et stratégique
favorable à Israël.
Sur le plan
bilatéral, outre les
questions militaires et sécuritaires, Israël peut contribuer positivement au destin de l’Egypte dans le domaine de l’agriculture et de l’eau. Le gaz que nous avons découvert off-shore pourra aussi assurer à l’Egypte une stabilité
énergétique.
Sur le plan
régional, Israël et l’Egypte se trouvent
ensemble et dans le même
front contre les organisations
terroristes islamiques et contre les intentions hégémoniques
de l’Iran. La réconciliation
avec la Turquie pourra élargir le cercle des pays sunnites modérés face aux chiites, au Hezbollah et au Hamas.
Le dernier
voyage de Nétanyahou dans
les pays africains situés
au sud de l’Egypte renforce la stabilité économique et stratégique de l’Afrique de l’Est, ainsi que la libre circulation en mer Rouge et dans le canal de Suez. Elle pourra
notamment réconcilier Le Caire et Addis-Abeba
qui s’affrontent toujours
sur les sources des eaux du Nil.
Sur la
question palestinienne, l’Egypte
se trouve en position clé pour trouver une solution à ce
problème. Certes, son soutien
à l’initiative française est bien
connu mais, contrairement à la France, l’Egypte
se trouve sur le terrain et a toujours
une influence importante
sur l’Autorité palestinienne
et sur le destin de la bande
de Gaza dirigée par le Hamas. L’Arabie
saoudite, son principal bailleur
de fonds, encourage et soutien la position du Caire. L’initiative de paix lancée par Riyad pourrait servir de base à
condition que les Palestiniens renoncent
à « loi du Retour » des réfugiés
et à Jérusalem-Est comme capitale.
Dans ce contexte,
Israël préfèrera une étroite collaboration sincère avec le voisin égyptien. Pour pouvoir aboutir à une paix
viable, et notamment à un
accord pragmatique avec les Palestiniens,
nous devrions avant tout rétablir la confiance mutuelle. Nous préférerons toujours des négociations directes et une
paix globale et régionale, plutôt que de s’aventurer dans une Conférence internationale dictée par des puissances étrangères et les
caprices du maître-chanteur Mahmoud Abbas.
Enfin, la
bataille diplomatique s’annonce très rude, mais pour réaliser avec l’Egypte tous les projets en commun,
nous devrions être unis et faire confiance au gouvernement. Bien entendu, une rencontre au sommet entre Nétanyahou et Sissi
devient urgente et plus que
jamais nécessaire.