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UN BON DEBUT… POUR UNE MAUVAISE FIN
Par Sam Ser, journaliste au Jérusalem Post
Jerusalem Post du 28/12/08
Traduction par Albert Soued, pour www.nuitdorient.com
Cela fait
plus de 7 ans maintenant que le Hamas et ses milices associées lancent des
milliers de roquettes Kassam sur une partie non négligeable de la population
israélienne. Pour cette population, le récent assaut des forces aériennes de
Tsahal sur la bande de Gaza était à la fois une surprise, un soulagement, le
changement bienvenu d'une politique de retenue lâche et irresponsable, car elle
n'a fait qu'encourager les terroristes, abandonnant les civils israéliens à
leur sort. Mais
cet assaut n'était pas la solution.
Je dis
cela, pas parce que je crois dans l'ancien adage éculé qu'"il n'y a pas de
solution militaire à Gaza", mais parce que le 1er ministre et
son ministre de la défense ont répété eux-mêmes cette phrase à plusieurs
reprises.
En
définissant les objectifs de cette opération portant le nom ridicule de "Plomb
fondu ou durci", les 2 Ehoud ont déclaré qu'ils cherchaient à mettre fin
aux tirs de roquettes qui martèlent le sud du pays et à la contrebande d'armes
à travers les tunnels. Or ce sont deux choses que le Hamas ne peut céder, du
moins ouvertement, certainement pas en réponse à une pression militaire et pas
pour une longue période. Simplement parce que ce sont des actions qui sont la
raison d'être du Hamas, symboles de sa lutte contre Israël. C'est comme si on
demandait à une grenouille de cesser de sauter.
Bien que
Tsahal soit en train d'appeler des réservistes pour soutenir son effort, il n'y
a aucune raison de croire que cette opération sera autre que limitée dans son
étendue et sa durée. Tout indique qu'Israël souhaite que le Hamas soit blessé
mais pas mort, afin de pouvoir parvenir à un accord pour vivre ensemble. Ce que
tentent E Barak et E Olmert surtout, c'est de ménager le Hamas, pour établir
une sorte de consensus où les deux parties, bien que vouées à la destruction l'une
de l'autre, fassent le moins possible pour contrarier l'autre.
Si cette
politique semble familière, c'est parce qu'elle a été déjà appliquée à l'égard
du Hezbollah, il y a longtemps. Pendant plus de deux décennies et demi, Israël
et le Hezbollah ont observé une sorte de trêve de facto, dans laquelle aucune
des parties n'a dépassé un certain niveau d'agression, minimisant l'échelle et
l'arène de la confrontation. Or tout a changé en 2006. En contraste avec Ariel
Sharon qui a réagi à l'enlèvement de soldats israéliens, puis est revenu au
statu quo pour négocier leur restitution, Ehoud Olmert a répondu à un nouvel
enlèvement par une opération changeant une fois pour toutes les "règles du
jeu", cherchant à anéantir le Hezbollah dans la 2ème guerre du
Liban.
Avec les
maigres résultats obtenus, résultats qui imprègnent encore la conscience
publique, depuis samedi dernier tout le monde parle des leçons de la 2ème
guerre du Liban et si Olmert et l'appareil de la Défense les ont apprises. Tout
le monde semble croire qu'étant donné les objectifs limités de cette campagne,
ces leçons sont apprises. Mais elles ne le sont nullement, car cette campagne a des objectifs
erronés.
Le
Hezbollah était un formidable ennemi, bien entraîné, bien armé, une force de
guerrilla largement financée, force profondément retranchée dans un terrain
difficile d'accès, sur un vaste territoire, avec un énorme territoire de
retraite vers l'arrière. C'est un acteur faisant partie d'une structure plus
large qui, en dépit des divisons sérieuses et des difficultés, fait partie de
la communauté des nations. A sa frontière, le Hezbollah a un voisin coopératif
et influent qui lui transfère avec empressement toutes les armes, les fonds et
la crédibilité de la résistance islamique.
Dans ces
circonstances, détruire le Hezbollah – sans une guerre massive qui aurait
détruit le Liban comme état, et qui aurait débouché sur un conflit avec la
Syrie – était un objectif impossible. "Gérer" le conflit avec le
Hezbollah était la bonne approche et l'abandonner fut la 1ère des erreurs
les plus cruciales et les plus énormes qu'Olmert ait faites.
A Gaza,
Israël fait face à une situation toute différente. Bien que les effectifs du
Hamas aient gonflé de quelques centaines à 15 000 hommes armés aujourd'hui, ce
groupe se trouve à des années-lumière de la force armée du Hezbollah. Son
entraînement, ses armes et son financement est inférieur à ce qu'avait le
Hezbollah en 1996…De plus le Hamas se trouve sur une étroite bande de
territoire, plate et exposée, avec la mer comme retraite. Il est seul à
gouverner ce territoire, et son pouvoir n'est pas légitime ni reconnu par la
communauté des nations. Ses voisins sont hostiles ou non coopératifs. L'Egypte
cherche à se débarrasser de ce régime islamiste issu des Frères Musulmans,
groupe qui menace le pouvoir égyptien en place.
Dans ces
circonstances, détruire le Hamas devient un objectif faisable, quoique
difficile. Viser l'échelon supérieur des cadres politiques, comme Ismail
Haniyeh et Mahmoud Zahar et la moitié des cadres du Hamas peut paraître délicat,
mais c'est la seule stratégie correcte.
D'un autre côté, "gérer"
le conflit avec le Hamas est la mauvaise approche et son échec est inévitable.
Chercher à s'entendre avec le Hamas va pérenniser le problème au bénéfice d'une
courte période de calme, ce qui va permettre à l'organisation de croître et de
lancer encore plus de missiles. De plus, cela va paralyser Mahmoud Abbas qui a
des forces inférieures, ainsi que tout progrès vers une solution à 2 états.
Ce que
cherche à faire aujourd'hui Israël à Gaza, il aurait dû le faire il y a 2 ans
avant la 2ème guerre du Liban. Et ce qu'Israël a tenté de faire sans
succès contre le Hezbollah, il devrait le faire aujourd'hui contre le Hamas !
Jusqu'à ce que ce que cette approche entre dans les esprits à Jérusalem et à
Tel Aviv, les résultats de l'opération en cours ne seront qu'un bon début… pour
une fin regrettable que les habitants de Sdérot et d'Ashqelon voient venir de
quelques kilomètres plus loin.