www.nuitdorient.com
accueil -- nous écrire -- liens -- s'inscrire -- site
Accepter Israël Comme L'État Juif?
par Daniel Pipes
Jerusalem Post- 29
novembre 2007
Adaptation
française: Alain Jean-Mairet
Voir aussi les 50 derniers articles
LA VALEUR DES PLANS DE PAIX? DU PAPIER
Étonnamment,
la combinaison entre les bases faussées de la rencontre d'Annapolis et la
mollesse du premier ministre israélien Ehud Olmert
(«la paix est affaire de concession») a généré quelque chose d'utile. En effet,
rompant avec ses prédécesseurs, Olmert a exigé avec
vigueur que ses partenaires de négociation palestiniens acceptent l'existence
permanente d'Israël en tant qu'État juif, suscitant ainsi une réaction révélatrice.
Olmert annonça le 11 novembre que si
les Palestiniens ne reconnaissaient pas Israël comme «un État juif», les
discussions d'Annapolis seraient stoppées. «Je n'ai pas l'intention de
transiger d'une quelconque manière sur la question de l'État juif. Cela
constituera une condition à notre reconnaissance d'un État palestinien.»
Il
confirma cette position le lendemain, qualifiant la «reconnaissance d'Israël
comme un État pour le peuple juif» de «point de départ à toutes les
négociations. Nous n'entamerons aucun débat avec qui que ce soit sur le fait
qu'Israël est un État pour le peuple juif.» Il releva aussi que les dirigeants
palestiniens doivent «avoir la volonté de faire la paix avec Israël en tant
qu'État Juif».
La mise
en exergue de ce point a l'avantage d'attirer l'attention sur la question
centrale du conflit israélo-arabe – le sionisme, le mouvement nationaliste
juif, un aspect généralement ignoré dans le brouhaha des négociations. De fait,
quasiment depuis la naissance
de l'État, les pourparlers se sont concentrés sur la complexité de
questions secondaires telles que les frontières, la disposition des troupes, le
contrôle de l'armement et des armes, les lieux sacrés, les ressources
naturelles, les droits d'établissement, la représentation diplomatique et les
relations étrangères.
Les
dirigeants palestiniens ont répliqué rapidement et sans équivoque à l'exigence
d'Olmert:
Le Higher Arab Monitoring Committee de Nazareth décida à l'unanimité d'appeler l'Autorité
palestinienne à ne pas reconnaître Israël comme un État juif.
Salam Fayad, le «premier ministre» de
l'Autorité palestinienne: «Israël peut se définir comme il lui plaît, mais les Palestiniens
ne le reconnaîtront pas comme État juif.»
Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du comité
exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine: «Cette question n'est pas sur la
table de négociation; elle est destinée à la consommation interne
[israélienne].»
Ahmad Qurei, chef des négociateurs
palestiniens: «Cette
[exigence] est rejetée catégoriquement.»
Saeb Erekat, responsable des négociations de l'OLP: «Les Palestiniens ne reconnaîtront jamais l'identité juive d'Israël. (…) Il n'existe aucun pays dans le monde où les identités religieuse et nationale sont liées de cette manière.»
La
généralisation d'Erekat est à la fois curieuse et
révélatrice. Non seulement 56 États et l'OLP appartiennent à l'Organisation de la conférence islamique,
mais la plupart d'entre eux, y compris l'OLP, font de la
charia (la loi islamique) leur principale ou unique source de législation. L'Arabie Saoudite
exige même que tous ses sujets soient musulmans.
En outre,
le lien entre la religion et la nation n'est de loin pas l'apanage des pays
musulmans. Comme le relève Jeff
Jacoby, du Boston Globe, la loi argentine
«charge le gouvernement de soutenir la foi catholique romaine. La reine
Elizabeth II est le Gouverneur
suprême de l'Église d'Angleterre. Dans le royaume himalayen du Bhoutan,
la constitution proclame que le Bouddhisme est l'‹héritage spirituel› de la
nation. La deuxième partie de la constitution grecque
déclare que ‹la religion dominante en Grèce est celle de l'Église orthodoxe
orientale du Christ›.»
Pourquoi,
donc, ce faux refus de principe de reconnaître Israël comme un État juif?
Peut-être parce que l'OLP nourrit toujours l'intention d'éliminer Israël en
tant qu'État juif, justement.
Je dis
bien «éliminer» et non détruire. Oui, jusqu'à présent, l'antisionisme a
essentiellement revêtu une forme militaire, du «jetez les Juifs à la mer» de Gamal Abdel Nasser
à l'«Israël doit être rayé de la carte» de Mahmoud Ahmadinejad. Mais la puissance des Forces de défense
israéliennes a poussé l'antisionisme vers une démarche plus subtile, qui
consiste à accepter un État israélien puis à en démanteler le caractère juif.
Les antisionistes envisagent plusieurs moyens d'y parvenir:
Démographie. Les Palestiniens pourraient
submerger la population juive d'Israël, un objectif signalé par leur exigence
d'un «droit au retour»
et par leur guerre
des ventres.
Politique. Les citoyens arabes d'Israël
rejettent toujours davantage la nature juive du pays et exigent qu'il devienne
un État binational.
Terreur. Les quelque 100 attentats
palestiniens hebdomadaires perpétrés entre septembre 2000 et septembre 2005
visaient à susciter le déclin économique, l'émigration et une politique
d'apaisement en Israël.
Isolement. Toutes ces résolutions des
Nations Unies, ces condamnations dans la presse et ces attaques sur les campus
sont destinées à miner l'esprit sioniste.
La
reconnaissance par les Arabes de la nature juive d'Israël doit revêtir une
priorité diplomatique maximale. Les négociations devraient être stoppées et
gelées jusqu'à que les Palestiniens acceptent formellement le sionisme puis
mettent un terme à toutes leurs stratégies visant à éliminer Israël.
D'ici-là, il n'y a rien à discuter.